La vieille accusation refait surface : les catholiques sont de mauvais Américains - France Catholique
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La vieille accusation refait surface : les catholiques sont de mauvais Américains

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Les politiciens libéraux (c’est-à-dire le type de personnes qui fournissent les effectifs du mouvement pro-choix, du planning familial, de l’association pour le mariage pour tous et autres) n’ont pas d’objection à ce qu’il y ait des candidats catholiques pour les hautes fonctions – à condition que les catholiques en question ne fassent pas partie de ce qu’on pourrait appeler « l’aile catholique de la religion catholique ».

En d’autres mots, les politiciens progressistes n’ont pas d’objection contre les politiciens catholiques du moment que les politiciens en question se détournent de la foi catholique dans une direction libérale. Leur appartenance à l’Eglise Catholique peut être négligée tant que ces politiciens catholiques soutiennent ces magnifiques causes progressistes que sont les droits à l’avortement, au mariage homosexuel et aux sanitaires pour personnes de genre neutre. Par conséquent, Nancy Pelosi, l’ancienne porte-parole de la Maison Blanche, est acceptable, tout comme le vice-président Joe Biden.

Ils sont même plus qu’acceptables. Ils sont positivement désirables, d’un point de vue libéral. Car en approuvant Pelosi, Biden et leurs pareils, les libéraux peuvent nier être anti-catholiques. Ils sont tolérants. Et pluralistes. Et ouverts d’esprit.

Mais qu’un véritable catholique pointe son nez (Rick Santorum est un parfait exemple tout récent), et les libéraux montrent leur vrai visage. Ce qu’ils honnissent le plus chez ces politiciens, c’est qu’ils croient vraiment aux doctrines de l’Eglise Catholique, et tout particulièrement à la doctrine morale. Ils croient que l’avortement est un homicide, que les comportements homosexuels sont contre nature, que le mariage homosexuel est une absurdité et que la sexualité hors mariage est une mauvaise chose.

Il en résulte qu’ils ne sont pas simplement dans l’erreur, du point de vue des libéraux progressistes, ils sont odieux, car ces croyances catholiques contredisent les articles fondamentaux de la religion libérale. Mais ce que honnissent les libéraux progressistes, ce n’est pas tant les politiciens pris individuellement que la religion qu’ils représentent. En définitive, ils honnissent cette chose ignoble, le catholicisme.

Selon la définition libérale de l’américanisme, les catholiques – j’entends par là ceux qui croient vraiment à leur religion – ne sont pas et ne peuvent pas être de bons Américains. C’est une accusation qui se faisait ouvertement d’habitude, mais qui se fait maintenant de façon plus indirecte. Car pour être un bon Américain, selon l’ordonnance libérale actuelle, vous devez croire au relativisme moral et à la liberté sexuelle.

L’accusation selon laquelle les catholiques ne peuvent pas être de bons Américains est très ancienne bien sûr. Elle prend sa source dans l’accusation plus ancienne encore qui a pris naissance dans l’Angleterre du 16e siècle, au temps de la reine Elizabeth (cette « bonne reine Bess », selon le vocable – inapproprié – sous lequel nous la connaissons), à savoir qu’un catholique ne peut pas être un bon Anglais. Car les catholiques anglais étaient fidèles au pape à une époque où le Parlement et le monarque avaient aboli l’autorité papale en Angleterre.

Pis encore, beaucoup de catholiques anglais pensaient que la revendication au trône d’Elizabeth était mensongère et que la véritable reine était Marie Stuart, reine d’Ecosse. (Ultérieurement, Elizabeth a réfuté la revendication de Marie en lui coupant la tête. C’est une vérité universellement reconnue des hommes de loi que vous ne pouvez pas être reine légitime d’Angleterre si votre tête est séparée de votre corps.)

Plus tard, au 17e siècle, le célèbre libéral John Locke a écrit une « lettre sur la tolérance » dans laquelle il plaidait pour la liberté religieuse en faveur de tous les chrétiens – catholiques exceptés. Il faisait cette exception parce que les catholiques étaient loyaux envers « un prince étranger » (le pape) et qu’ils ne pouvaient par conséquent être des Anglais loyaux.

Quand les Anglais se sont installés en Amérique, il y ont tout naturellement apporté leurs préjugés anti-catholiques. Ils ont continué, par exemple, à célébrer le jour férié de Guy Fawkes (5 novembre) jusqu’à ce que, durant la Guerre d’Indépendance, le général Washington en interdise la célébration de crainte d’offenser notre allié, le catholique roi de France.

Ce n’est pas avant le milieu du 20e siècle que les Américains non-catholiques ont enfin décidé qu’il était possible, et même probable, que les catholiques américains soient de bons Américains. C’est seulement alors qu’un catholique a pu être élu président. Quand John Kennedy est entré à la Maison Blanche, nous catholiques avons cru que le vieux préjugé anti-catholique avait disparu pour toujours. Nous nous trompions. Il est maintenant de retour – mais avec une différence essentielle. Le vieux préjugé était protestant, le nouveau est anti-religieux.

Depuis plusieurs décennies, les laïcistes sont sur le pied de guerre pour redéfinir l’Amérique et l’américanisme, et leur projet a rencontré un certain succès. Leur intention a été de définir les Etats-Unis comme une société fondamentalement sans Dieu. D’où leur très ferme objection à porter les idées ou valeurs religieuses dans la sphère publique. Si cela vous plaît d’être religieux en privé, dans votre propre maison ou votre propre église, pas de problème. Il est parfait que la religion soit du domaine privé, comme la collection de timbre ou la masturbation. Mais par pitié, pas en public. Dans la sphère publique, il n’y a place que pour les croyances et valeurs de l’humanisme séculier. Les croyances et valeurs religieuses sont tabou.

Le vieux consensus protestant s’en est allé, et avec lui le vieux réflexe anti-catholique. Mais de nouveau, après un délai de moins d’un siècle, et maintenant pour des motifs en perpétuelle mutation, le catholicisme est accusé d’être une religion anti-américaine.

David Carlin est professeur de sociologie et de philosophie au Community College de Rhode Island. Il est l’auteur de « Le déclin et la chute de l’Eglise Catholique en Amérique ».


Illustration : dessin humoristique de Thomas Nast, vers 1900
assimilation à des reptiles : celui de gauche représente l’Eglise Catholique, celui de droite l’Eglise Mormone – la légende dit : « la liberté religieuse est garantie, mais peut-on tolérer que des reptiles étrangers grouillent partout aux Etats-Unis ? »

source : https://www.thecatholicthing.org/2016/06/03/the-old-charge-resurfaces-catholics-are-un-american/