Juppé s’excuse auprès des militaires - France Catholique
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La justice de Dieu
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Juppé s’excuse auprès des militaires

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Après sa sortie intempestive devant des étudiants de Sciences Po contre le Général Soubelet, patron de la gendarmerie renvoyé pour excès de franchise par François Hollande, – où il avait déclaré après coup qu’un militaire, « c’est comme un ministre, ça ferme sa gueule ou ça s’en va » – Alain Juppé a effectué un prudent rétropédalage, face à l’ampleur des réactions… Parmi d’autres, un des grands ténors de l’Armée, le Général Desportes, lui avait répondu dans une grande tribune intitulée en toute clarté « Vous avez tort, Monsieur Juppé », et publiée dans « Le Monde » : « Méprisants, vos propos montrent une profonde méconnaissance de la réalité stratégique », y écrivait-il, considérant que « les militaires n’ont pas à la fermer comme un ministre », et que si « la première loyauté d’un ministre au service d’une politique fluctuante, souvent politicienne, est envers son président », en revanche « la première loyauté d’un militaire au service permanent de la nation, de ses intérêts et de ses valeurs, est envers la France ». Cela au nom de « l’éthique de conviction ».

A l’adresse du candidat Juppé à la primaire de la « Droite », le Général Desportes faisait cette constatation amère : « Votre réponse à l’emporte-pièce contredit le discernement attendu de celui qui vise la plus haute magistrature. » Cette réplique vigoureuse et solidement étayée a été massivement relayée sur les réseaux sociaux par de très nombreux militaires, en particulier parmi les officiers supérieurs d’une armée où beaucoup sont excédés par la désinvolture avec laquelle la classe politique actuelle semble les considérer.

Quant au principal intéressé dans cette controverse, le Général Soubelet, il avait répondu à M. Juppé en évoquant le droit que ceux qui risquent leur vie peuvent avoir d’exprimer leur point de vue…

Face à cette levée de boucliers, pour se tirer de ce mauvais pas, le présidentiable Alain Juppé a changé de ton, disant sur les ondes de RTL « regretter » avoir employé une formule « excessive », qui « a pu blesser certains militaires ». Il a déclaré « avoir le plus grand respect » pour les militaires… Et il a admis l’existence d’un « droit d’expression dans les armées », estimant « normal que les chefs militaires disent leur vérité aux pouvoirs publics, au Parlement, au gouvernement, au président de la République », tout en contestant « l’utilisation médiatique, parce qu’il y a aussi un devoir de réserve »…

Depuis lors, Alain Juppé est passé à un autre chapitre de sa pré-campagne électorale, en diffusant les grandes lignes de son programme économique, et en désignant publiquement son ennemi, le chômage : sur ce point, il risque moins d’être contredit…

Denis LENSEL