En annonçant la création de son propre mouvement politique, dont le nom « En Marche » reprend les initiales de son nom, Emmanuel Macron, notre jeune et brillant ministre de l’Economie, a de nouveau suscité à la fois l’intérêt et la jalousie au sein du petit monde politique français en cette période. En déclarant vouloir attirer à la fois des gens venus de la droite et de la gauche, et en faisant montre d’une certaine indépendance d’esprit, le jeune loup du gouvernement s’est attiré les foudres de l’ambitieux et psychorigide Manuel Valls : le Premier ministre a cherché à lui faire la leçon d’un ton furieux et jaloux, en lui enjoignant de ne pas sortir des catégories prédéterminées, « la droite, la gauche, l’extrême-droite et les extrêmes-gauches » (sic), un point c’est tout… On est prié de ne pas sortir de cette logique binaire…
En n’excluant pas totalement l’hypothèse d’une campagne future pour les prochaines élections présidentielles dans le cas d’un retrait du président sortant, son jeune ministre, même pas quadragénaire, a provoqué l’irritation anxieuse d’un Alain Juppé presque septuagénaire, avec cette remarque sèche : « Il ferait mieux de travailler »… Sous-entendu : « Que vient faire ce rival potentiel dans mes jambes sur le terrain des discours de consensus ? »
Emmanuel Macron doit savoir que s’il s’aventure davantage sur le terrain politique, il sera reçu, plus mal encore qu’un chien dans un jeu de quilles, comme un jeune loup à l’originalité, à l’allure et au talent redoutés à l’avance dans un milieu devenu à la fois étroitement conformiste et férocement carriériste.
Denis LENSEL
