J’ai récemment prêché une mission paroissiale pour un prêtre de mes amis dans le Sud du pays. J’avais décidé de baser mes exposés sur le livre du Cardinal Robert Sarah : Dieu ou Rien. Le fait de parcourir ce livre pour la seconde fois a augmenté mon appréciation de la profondeur spirituelle de ses réflexions sur la vie de l’Eglise, et, en particulier, sur la nécessité pour les croyants d’embrasser une vie consacrée totalement à Dieu. Le Cardinal Sarah parle avec une candeur affectueuse de ce qu’il a reçu des missionnaires français qui ont évangélisé sa Guinée natale. Ils étaient des héros qui faisaient leur devoir, jour après jour, dans un pays éloigné, avec la ferveur et l’endurance des apôtres.
J’avais été frappé par quelque chose qu’il a dit à propos de ses années au séminaire :
Lorsque je repense à mes années de séminaire, je me rappelle d’un grand nombre de règles qui nous aidaient à contrôler nos instincts. Par exemple, il était tout à fait interdit de prendre même le plus petit en-cas en dehors des repas. De l’avis des Supérieurs, quelqu’un qui ne pouvait pas observer cette stricte règle diététique n’avait pas la vocation; en fait, il n’était pas capable de contrôler un de ses besoins naturels. Cette discipline corporelle était essentielle dans le discernement des futurs prêtres. Je n’ai pas oublié qu’il était absolument interdit de se rendre dans le dortoir en dehors des heures prescrites par la règle. Notre journée complète était considérée en terme de discipline de l’esprit et du corps. Cet ascétisme était compris comme un chemin de sanctification et une imitation de Jésus Christ.
Les règles gouvernant le comportement des séminaristes étaient très strictes dans les années 50. Après le Concile Vatican II, la plus part des séminaires ont abandonné ces contraintes au nom d’un traitement humain plus mature et plus adulte. (Je laisse le lecteur décider si cela a bien fonctionné ou pas). Mon expérience est, qu’à mon époque dans les années 1980, y avait au séminaire très peu de règles telles que celles que le Cardinal Sarah décrit. En lisant les mémoires du Cardinal je vois la grande valeur de ce qu’il décrit. La discipline, la mortification et le contrôle de soi étaient injectés par les règles concernant la nourriture et le sommeil. Le message communiqué était que des hommes formés pour la prêtrise ne pouvaient pas être « d’autres Christ » pour le troupeau s’ils n’avaient pas la maîtrise de leur propre vie. Les séminaristes n’étaient pas seulement appelés à obéir à des règles, mais à comprendre et à embrasser la raison de ces règlements. Le chemin de la sainteté est mené pas à pas par ceux qui savent qu’ils ne sont pas parfaits et ont besoin de restrictions pour être libres des simples caprices et des instincts.
En se rappelant son enfance, le Cardinal Sarah décrit sa réaction en observant la prière quotidienne des missionnaires français qui convertirent sa famille et son village à la foi chrétienne:
Chaque jour, les Pères du Saint Esprit vivaient au rythme de l’Office Divin, messe, travail, et Rosaire, et jamais ils ne négligeaient leurs devoirs en vrais hommes de Dieu. Petit enfant, je me disais que si les Pères venaient si régulièrement à l’église, ce devrait être parce qu’ils étaient certains d’y rencontrer quelqu’un et de lui parler avec une totale confiance. Quand je suis entré au séminaire, j’étais capable d’accepter les difficultés en raison de ma certitude qu’un jour je rencontrerai Jésus dans mes prières prières, juste comme les missionnaires.
Combien de fois pensons nous que les difficultés de la vie sont un moyen de rencontrer le Christ? Combien, aujourd’hui pourraient comprendre que les règles arbitraires, et même cruelles, qui régissaient la vie des séminaristes dans les années 1950, n’étaient ni arbitraires ni particulièrement cruelles; elles étaient exigeantes , et même agaçantes , et de façon intentionnelles. La prêtrise est un grand don de la part du Seigneur, mais son exercice convenable est entravé par une approche indisciplinée de la vie de tous les jours qui fait que la prière et les travaux deviennent secondaires à ce qui a aura été décidé de faire ce jour là. Le rejet des règles est seulement une simili libération quand son résultat est que le prêtre ne prie pas suffisamment et qu’il ne fait pas des sacrifices pour être plus semblable au Christ dans ses relations avec les hommes. Bien entendu cela est valable pour les fidèles en général. Nous sommes tous appelés à la sainteté dans le Christ.
Le Vendredi Saint, les prêtres sont invités à renouveler leurs voeux sacerdotaux au cours de la messe chrismale. L’évêque leur demande: « Etes vous résolus à être plus unis avec le Seigneur Jésus et à être plus conformes à Lui, vous oubliant vous-mêmes, et à confirmer ces promesses relatives aux devoirs sacrés envers l’Eglise du Christ que, animés par votre amour pour Lui, avez volontairement promis le jour de votre ordination sacerdotale ?» On rappelle au prêtre que d’être uni et conforme au Christ est sa vie même, et que ses devoirs sacrés exigent le refus de soi-même provoqué par l’amour du Christ. La réalité est que rien de ceci ne portera ses fruits à moins que le prêtre ne soit proprement formé et ne lutte constamment pour répondre à ce appel élevé avec tout ce qu’il a. La bonne nouvelle est qu’il n’est jamais trop tard pour recommencer.
Cela me ramène au sujet de la nourriture et du sommeil et de tous les autres comportements humains instinctifs. Le renouvellement du sacerdoce, de chaque prêtre en particulier, ne commence pas sans une claire conscience de l’effort ardu à produire pour le Christ, et que vivre avec lui est tout à fait blessant et souvent ennuyeux. C’est certainement pourquoi le séminaire où le Cardinal Sarah a été instruit, enseigna aux jeunes gens qu’un prêtre de valeur est formé en apprenant calmement à s’habituer aux humiliations et aux ennuis qui progressivement le transformeront en un serviteur généreux qui s’oublie lui-même plus facilement pour servir Dieu et son troupeau.
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Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/03/24/priestly-renewal-and-holy-thursday/
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Le révérend père Gerald E. Murray, J.C.D., est curé de la Holy Family Church, New York, N.Y. et avocat canonique
Photo : Le renouvellement des promesses sacerdotales