A Bayonne, une maison pas comme les autres - France Catholique
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La justice de Dieu
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A Bayonne, une maison pas comme les autres

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De vraies amitiés, un ancrage dans le réel, l’accomplissement de son devoir d’état et, par-dessus tout, une foi vécue au quotidien : voilà ce que propose la Maison Samuel à des adolescents, à Bayonne.

« Un chrétien isolé est un chrétien en danger ». L’adage n’est-il pas encore plus vrai pour les adolescents ? Tentée par les fausses promesses du monde, la jeunesse a en effet besoin d’une solide formation humaine et spirituelle. Soucieux de cette réalité, Monseigneur Aillet a ouvert à Bayonne la Maison Samuel, un internat de garçons. Scolarisés pendant la journée dans différents collèges et lycées de la ville, les adolescents y reviennent le soir, dès la sortie des cours. Une formule originale qui a attiré cette année neuf jeunes âgés de 12 à 18 ans. D’autres y viennent aussi ponctuellement pour des temps d’études, de sport ou pour réviser leurs examens.

« L’objectif est de leur faire rencontrer le Christ dans chacun des moments de leur vie », explique Benoît Sinnig, le directeur et éducateur de la Maison, « et de leur faire prendre conscience qu’Il est présent partout. En premier lieu dans un cœur à cœur quotidien avec Dieu. Ensuite dans leur prochain et dans la création. Enfin, dans leur devoir d’état, en donnant le meilleur d’eux-mêmes dans leur scolarité. Et lorsqu’ils ont expérimenté cela, on voit les jeunes se transformer et rayonner ».

Une journée autour du Christ

7h00 : Arnaud et Jon font oraison à la chapelle avant d’avaler leur petit-déjeuner et de prendre le bus qui les conduira au lycée. Ce sont les premiers à partir, les autres suivront de près. Chaque matin, à la chapelle, les jeunes commencent par ces quinze minutes près de Jésus. 17h00 : les pensionnaires se retrouvent, après leur journée de classe. Ils partagent des fruits et des gâteaux préparés par la maman de Pierre-Marie. Une note excellente, les choux de Bruxelles de la cantine du lycée, les frites de l’autre établissement, la pluie drue pour les pauvres cyclistes qu’ils sont… chacun raconte sa petite histoire de la journée.

Puis il est temps de se mettre au travail. Baudouin demande l’ordinateur pour faire des recherches pour son TPE (Travail personnel encadré) sur l’héroïsme, tandis que Gautier demande de l’aide à Benoît, le directeur, pour faire ses devoirs.

Chaque soir, les jeunes vivent un temps spirituel en commun : la messe les lundi et mercredi, le chapelet le mardi, l’adoration le jeudi avec confession pour ceux qui veulent. Le Père Jean Eguiazabal, aumônier de la maison, habite sur place. Son bureau est toujours ouvert pour un conseil, un temps de direction spirituelle ou pour une discussion accompagnée d’un chocolat.
Des dîners hauts en couleur

À 19h30, le dîner commence par l’Angélus puis se poursuit par dix minutes de lecture. L’année dernière, les jeunes se sont passionnés pour le livre de Géréon Goldmann, Un franciscain chez les SS. Depuis peu, des repas linguistiques ont lieu une fois par semaine : à la table du Père Jean on parle espagnol, tandis qu’à celle de Benoît, l’anglais est de mise. Malgré leur vocabulaire limité, les garçons se prêtent à l’exercice et, certains, pour la première fois, osent s’exprimer dans la langue de Shakespeare ! Agnès, l’épouse de Benoît, qui habite avec sa famille un étage plus bas, passe dire bonsoir. Elle est accompagnée par ses trois enfants. Corentin, 5 ans, et Gabriel, 3 ans, se précipitent sur Gautier tandis qu’Hugues et Pierre-Marin se disputent Jacinthe qui n’a que quelques mois.

Ce soir-là, Benoît, 14 ans, parle avec force des charmes de sa Charente natale, tandis que Jon ne jure que par le Pays Basque. En effet, chacun a pu faire valoir la gastronomie de sa région lors du week-end qu’ils ont passé ensemble. Raphaël a apporté du magret de canard séché pour une belle salade du Gers tandis que Baudouin a épaté tout le monde avec ses « courges-spaghetti à la sauce bolognaise » !

Week-ends fraternels

Cinq fois dans l’année, les jeunes partagent deux jours intenses à la Maison Samuel. Des week-ends fraternels pendant lesquels ils relèvent ensemble des petits et grands défis : un pèlerinage Bayonne/Lourdes à pied, du jardinage, la construction d’une cabane à poules. Ils ont aussi appris la seconde voix du Je vous salue Marie. Un dimanche matin, ils sont partis sac au dos à 6h30 pour entreprendre l’ascension de l’Artzamendi, un mont du Pays Basque, et y admirer le lever de soleil depuis le sommet, à 926 mètres de haut. Là, dans le silence de la nature, ils ont assisté à son réveil lorsque les premiers rayons sont sortis derrière les montagnes enneigées des Pyrénées. Puis, une fois le petit-déjeuner avalé, ils sont redescendus au pas de course pour arriver à l’heure à la messe paroissiale.

Futurs adultes

Dans cette petite communauté de vie, rien n’est laissé au hasard. Le potager, réalisé par les jeunes, n’est pas là pour donner une ambiance champêtre à l’internat, ni uniquement pour « manger bio », mais bien pour approcher Dieu à travers la sagesse de sa création, en goûtant à l’effort et en éprouvant sa patience. Quelle joie de récolter les fruits de son travail !

À table, les discussions vont bon train et complètent les temps de formation. Les internes apprennent à jongler avec les références bibliques, relisent et analysent l’actualité grâce au Père Jean et à Benoît qui veillent tous deux à éviter les jugements faciles et réducteurs. Un environnement bienveillant qui permet aux jeunes de développer pleinement leur personnalité. « Ma vie ici me fait grandir et m’ouvre à des réalités nouvelles : les activités sportives, les discussions et débats, etc. Maintenant, j’ai une vie spirituelle plus intense. J’ai découvert en profondeur l’adoration, l’oraison », confie l’un d’entre eux.

Une confiance réciproque

Une croissance que les familles suivent de près car leurs liens avec la Maison Samuel sont étroits. Chaque semaine, les parents reçoivent en effet un bilan personnalisé qui leur permet d’être totalement impliqués dans ce que vivent leurs enfants. La confiance réciproque qui existe entre parents et éducateurs permet vraiment aux jeunes de grandir, entourés d’adultes qui ont le même discours. « Depuis qu’il est à la Maison Samuel, mon fils s’est ouvert », se réjouit une maman. « Lorsqu’il revient en famille, il est souriant et il parle. Ses frères et sœurs et ses grands-parents ont tous constaté qu’il s’épanouissait et devenait plus mûr. » Un jeune témoigne : « cette année, j’ai rencontré une personne, Jésus, et même si c’est difficile de choisir son orientation, je sais qu’il sera toujours avec moi. J’ai confiance. »

Ainsi, comme l’appelait de ses voeux Monseigneur Aillet dans sa lettre pastorale de novembre 2010, la Maison Samuel est bien « un lieu pour se mettre tout simplement à l’écoute de la Parole de Dieu, à l’instar du petit Samuel, invité par le vieux prêtre Eli à répondre : ‘’Parle Seigneur, ton serviteur écoute’’ ! »

Pour en savoir plus : http://www.maisonsamuel.fr