Si vous ne le saviez pas, Donald J. Trump est l’un des candidats républicains pour les présidentielles. Et au cours des préparatifs des comités électoraux de l’Iowa qui ont lieu aujourd’hui (et pourraient bien donner un grand coup de pouce à sa candidature) il a obtenu le soutien officiel et officieux de deux chrétiens évangélistes bien connus, respectivement Jerry Falwell junior, et Robert Jeffress.
Un homme marié trois fois, un magnat des casinos et de l’immobilier, et une star de téléréalité qui bafoue les droits de la propriété privée, dont la troisième femme a posé nue, et qui, à une époque, plaisantait sur le fait qu’il flirtait avec sa propre fille, est la personne que Trump déclare être la mieux placée pour « redonner sa grandeur à l’Amérique ». Il porte même une casquette de base-ball avec ces mots imprimés dessus pour le prouver.
Falwell Junior est président de l’Université Liberty, fondée en 1971 par feu son père, l’évangéliste Jerry Falwell, senior. Après des années de difficultés financières, cette université a gagné le gros lot quand elle a commencé à proposer des cours et des diplômes en ligne. D’après un récit du Washington Post du 15 juillet 2015, « Il y a quinze ans, Liberty avait 5.939 étudiants de premier cycle, et 735 de deuxième cycle. L’automne dernier, l’université a inscrit 49.744 étudiants de premier cycle, et 31.715 de deuxième cycle. »
Presque tous ces étudiants (« trois quart des premiers cycles, et 97 pour cent des deuxièmes cycles » note le Post) prennent des cours à distance. Bien qu’étant un collège évangélique connu pour son conservatisme théologique et politique, « la croissance exponentielle de l’université Liberty a été alimentée par les milliards de l’aide fédérale à l’enseignement, accordés par le Président Obama et les démocrates du Congrès.
(Note de l’auteur : J’ai demandé à l’éditeur de supprimer un paragraphe à cet endroit de la version d’origine de cet article. J’avais fait une erreur dans ma description de la relation entre l’université Liberty, et le programme fédéral de prêts étudiants. Il n’était pas dans mon intention de dénigrer les nombreux et brillants membres du corps enseignant, dont font partie de nombreux amis à moi, qui enseignent à l’université Liberty).
Dans les années 1980, Falwell père intenta un procès au Hustler Magazine et à son fondateur et propriétaire, le pornographe Larry Flint, « pour réparation de dégâts de diffamation, atteinte à la vie privée, et infliction intentionnelle de détresse émotionnelle. » Ce qui a précipité le procès, fut une interview parodique de Falwell senior publié dans le Hustler, dans laquelle le faux Falwell raconte l’histoire de sa « première fois » : dans un appentis, avec sa propre mère, alors qu’ils étaient tous les deux en état d’ébriété. Bien que Falwell ait finalement perdu son procès en appel devant la Cour suprême américaine, Flynt et lui devinrent rapidement amis, ce qui témoigne de l’esprit généreux de feu Falwell, et de sa volonté de manifester de l’amour envers ceux dont le style de vie est contraire à la pratique chrétienne.
J’ai dans l’idée que Falwell Senior aurait quand même poursuivi Hustler en justice s’il avait publié une fausse interview dans laquelle l’ancien président de « Liberty » aurait été présenté portant une casquette de baseball ornée de la phrase « Redonnons sa grandeur à l’Amérique », tout en insinuant qu’il était marié trois fois, magnat des casinos et de l’immobilier, et une star de la téléréalité qui bafoue les droits de la propriété privée, dont la femme a posé nue, et qui a plaisanté sur le fait qu’il flirte avec sa propre fille.
Robert Jeffress est le pasteur de la première église baptiste de Dallas, une énorme église avec une communauté de 12.000 fidèles. Bien qu’il ait soutenu la candidature de l’ex gouverneur du Massachussets, Mitt Romney pour les présidentielles, après que celui-ci se soit assuré du vote des républicains en 2012 , en 2011, il avait soutenu la candidature de Rick Perry, gouverneur du Texas, avec ces paroles mémorables pour le faire valoir : « Est-ce que nous voulons comme candidat une personne qui soit bonne et ait le sens moral, – ou un adepte régénéré de Jésus christ ? » Pour ceux qui tenaient la marque, Romney était la personne bonne et ayant du sens moral, et Perry l’adepte régénéré. On se demande ce qui a traversé l’esprit de Perry quand il a entendu le pasteur Jeffress le décrire comme n’étant pas un homme bon et avec du sens moral.
Aux élections générales de 2012, s’étant décidé à soutenir un homme bon et moral, et ayant échoué, le Pasteur Jeffress semble avoir conclu qu’il pourrait trouver sa chance en politique avec un candidat qui non seulement ne prétend pas être un homme bon et moral, mais se montre pire que Triomphe, le chien injurieux de Bande dessinée, dans le volume de pures insultes personnelles, rédigé contre ceux qui le critiquent – ou même contre ceux qui ne font que le mettre en doute. Ceci devrait ne nous laisser aucun doute sur le fait que le Pasteur Jeffress doit être un homme d’une très grande foi, puisqu’il croit que ce candidat va « redonner sa grandeur à l’Amérique ».
Trump a profité d’une colère qui est très réelle en Amérique. Elle vient d’une frustration devant le fait que nos élus ont largement abandonné la classe ouvrière pour aduler le monde des affaires américain et la culture élitiste. Aussi n’est-il pas étonnant que sur son site web, Trump ne présente des propositions que sur cinq points : Réforme du commerce entre la chine et les US, réforme du ministère des anciens combattants, réforme des impôts, droits du deuxième amendement, et réforme de l’immigration. Si on veut lancer un filet aussi large que possible pour capturer les cœurs et les esprits de la classe ouvrière, la liste de Trump est un coup de génie du marketing.
Ceci explique le soutien de Falwell et de Jeffress, qui semblent tous les deux avoir mis de côté leur esprit critique en soutenant Trump ; Car ce sont des hommes qui – élevés au rythme des vieilles assemblées du renouveau de derrière les fagots – craquent pour les belles prédications qui peuvent faire bouger le pèlerin de sa position compatissante.
Et Trump est un sacrément bon prédicateur. Tellement que bien des évangélistes semblent ne pas s’apercevoir des insultes personnelles anti-chrétiennes, des injures, de l’arrogance , des menaces, et de l’incohérence qu’il profère. Ceci pour vous montrer que non seulement il nait un crédule toutes les minutes ; parfois même, il se régénère.