Le juge Scalia : un homme pour notre temps - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Le juge Scalia : un homme pour notre temps

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Il n’est pas nécessaire que vous soyez catholique pour être pleinement sain d’esprit, mais cela aide grandement. C’est ce que je n’ai pas arrêté de penser depuis que j’ai entendu la nouvelle du décès d’Antonin Scalia. Je l’ai admiré longtemps avant de devenir moi-même catholique romain, et une bonne part de mon admiration tenait à sa formation religieuse. Il était ancré, enraciné, ferme, sûr de lui, mais d’une façon qui excluait l’arrogance. Il savait quel était le droit chemin. On ne pouvait pas l’intimider. Evidemment, on peut être ainsi sans être catholique. J’ai rencontré des personnalités de la Réforme néerlandaise et du presbytérianisme écossais « du même moule ». Et je les ai trouvés, ainsi que d’autres généralement généreux – exempts d’esprit de clan et tout au contraire ouverts à l’héritage entier du christianisme et à « tout ce qui est vrai », modestes, justes, saints, charmants et d’un commerce agréable. En qualité de journaliste amateur occasionnel, j’ai parfois eu l’honneur d’entretiens avec des chefs religieux, depuis le Grand Cheikh d’Al Azhar, au Caire, jusqu’au Patriarche suprême des Sanghas en Thaïlande – qui eux aussi m’ont frappé comme étant ancrés, enracinés, fermes, et persuadés d’un ordre moral émanant d’un Amour qui est tout le contraire d’une mièvrerie. Evidemment, j’ai aussi rencontré des catholiques qui étaient étroits d’esprit, maussades, incapables d’aimer, sans aucune mansuétude. La Parole ne devient plus que des mots quand on en évacue l’esprit ; et les mots peuvent produire des effets désastreux quand une foi enracinée cède la place à autre chose. Ici, je cours le risque de passer pour un libéral. Ce que je ne suis pas, Dieu merci. Je n’ai pas non plus l’intention de prendre des « vacances œcuméniques » en ce qui concerne l’appel divin à se tenir sur le champ de bataille pour défendre sa ligne de front dans le combat contre Satan. J’affirme seulement que les hommes sont formés, ou déformés, dans des traditions bonnes ou mauvaises et que aborder un homme bon nécessite de respecter ses bonnes traditions. Scalia pouvait comprendre cela. Il était conscient que l’Amérique était lors de sa fondation un domaine protestant ; que la Constitution Américaine qu’il défendait était par nature une belle et bonne chose, mais ayant ses limites, et qu’il ne siégeait pas à la Rote Romaine. Beaucoup de ses amis catholiques les plus érudits disputaient avec lui – toujours sur le ton de la plaisanterie autant que je le sache – sur la question de la « loi naturelle » sur laquelle cette constitution « positive » serait censée s’appuyer. Scalia ne voulait pas aller par là, d’aucune manière publique. Dans son esprit américain, il y avait une séparation très stricte entre l’Eglise et l’Etat, et il n’était ni homme politique ni philosophe. Tout le bien qu’il pouvait faire, c’était servir la Cour Suprême et appliquer la Loi telle qu’elle était écrite. Il n’a même jamais pensé que c’était une Cour Constitutionnelle (comme il en existe plusieurs en Europe). C’était simplement la cour de dernière instance aux Etats-Unis : le rempart contre les erreurs judiciaires pouvant être commises dans des cours de justice d’un niveau inférieur. Ce filet de sécurité ne pouvait pas avoir un « programme ». Par exemple, comme catholique, il était profondément opposé à l’avortement. Son excellente épouse, Maureen, mère de neuf enfants, jouait infatigablement un rôle actif dans le combat contre cette monstrueuse horreur, qui crie justice jusqu’aux Cieux. Scalia se vit plus d’une fois reprocher les activités que sa femme pratiquait en qualité de citoyenne privée, avec la suggestion qu’il devrait se récuser – et probablement tout catholique que se trouverait siéger à la Cour Suprême – lors de tout cas ayant des implications morales. C’était ridiculement déloyal. La position de Scalia était celle d’un juriste. Il n’y a manifestement pas de « droit de la femme à l’avortement » dans la Constitution des Etats-Unis. L’arrêt Roe contre Wade l’y a inscrit chimériquement et ce faisant, a attribué aux juges un indéniable pouvoir législatif. Scalia, comme juriste et juge, ne s’opposait pas sur des fondements purement moraux ; il ne faisait appel à rien au-delà de la loi telle qu’écrite. L’Amérique peut avoir l’avortement si elle le veut ; et le mariage homo, l’euthanasie et toutes les choses mauvaises qu’elle voudra, via des actes législatifs légaux au niveau approprié, local ou fédéral. Ces choses peuvent même entrer dans la Constitution par le biais d’un Amendement. Mais tant que ce n’est pas le cas, elles ne peuvent pas être légitimement imposées par des juristes. Les droits sont des droits de par la loi, et ils ne descendent pas de la Cour Suprême en faisant appel à des abstractions. Voici le paradoxe : Scalia comme juriste s’est abstenu méticuleusement de faire référence à quelque code religieux que ce soit, de faire aucune interprétation découlant d’une « loi naturelle » supérieure – bien qu’étant lui-même un catholique extrêmement fidèle. Alors que ses adversaires de gauche à la Cour étaient téméraires en déchiffrant de telles choses dans une Constitution qui ne les avait jamais mentionnées. Ce sont eux, et non lui, qui pourraient être considérés comme les tenants d’une certaine « loi naturelle » – si ce n’est que la leur est stupide et changeante, pour s’adapter à l’esprit du siècle. Comme Scalia l’a correctement décrit, une fois que vous vous autorisez cela, vous pouvez tout vous permettre. Une fois qu’il a été établi que les juristes supérieurs peuvent réécrire la loi sur une lubie – et c’est exactement ce qui s’est passé dans Roe contre Wade – il n’y a plus de limite. La Loi américaine a été atteinte par cette décision [de justice], l’équivalent de l’atteinte portée aux bébés américains. Saint Thomas More avait une position similaire à celle de Scalia : il respectait les lois d’Angleterre quand il était Chancelier. Les lecteurs d’un certain âge se rappellent peut-être sa position, paraphrasée dans le film A Man for all Seasons (Un homme pour l’éternité, film britannique de 1967), en réponse au « réformateur » Roper – l’idéaliste proposant de supprimer toutes les lois se mettant en travers de ce qu’il imaginait comme étant la justice parfaite : « Oh ? Et quand la dernière loi sera tombée, et que le Diable tournera autour de vous – où vous cacherez-vous, Roper, les lois étant rasées ? Ce pays, d’une extrémité à l’autre, est planté de lois profondément enracinées – des lois humaines, pas des lois divines – et si vous arrachez tout cela – et vous êtres vraiment homme à le faire – croyez-vous vraiment pouvoir tenir dans la tempête qui les aura jetées à terre ? Oui, j’ai laissé au Diable le bénéfice de la loi, pour mon propre salut. » Repose en paix, Nino Scalia. Il n’était pas indispensable qu’il soit catholique pour tenir si noblement sa position. Mais cela a aidé. David Warren est ancien rédacteur du magazine Idler et chroniqueur d’Ottawa Citizen. Il a une connaissance approfondie du Proche-Orient et de l’Extrême-Orient. Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/02/19/a-man-for-our-season/ Photo : Le sourire d’Antonin Scalia. Lire aussi : http://www.lorientlejour.com/article/970874/antonin-scalia-pilier-du-conservatisme-nest-plus.html