Le 12 février prochain, le Pape François doit rencontrer le Patriarche de l’Eglise orthodoxe russe Cyrille Ier… sur l’île de Cuba. Suffisamment loin de Rome, pour que le peuple de Moscou ne juge pas que son chef ecclésial se rend dans un haut lieu d’un catholicisme encore diversement jugé à la « base »… Toutefois, pour la première fois de l’histoire, le monde devrait assister à une rencontre au sommet entre l’Eglise catholique et l’Eglise orthodoxe russe. Une telle rencontre avait été souhaitée par les Papes du Concile œcuménique Vatican II, Jean XXIII, qui fit venir des observateurs orthodoxes russes à ce concile dès 1962, et Paul VI, qui multiplia les gestes de bonne volonté en direction de l’ensemble du monde orthodoxe, et rencontra en 1964 à Jérusalem le Patriarche orthodoxe de Constantinople Athénagoras pour un premier baiser de paix historique. Cette rencontre avait déjà été préparée et prévue entre Jean-Paul II et le Patriarche orthodoxe russe Alexis II, mais annulée au dernier moment par le Patriarcat de Moscou à deux reprises, en 1997 en Hongrie puis en 1998 en Autriche. Après la mort du « Pape polonais », les relations se réchaufferont entre Rome et Moscou, avec l’arrivée du Pape Benoît XVI et du Patriarche Cyrille Ier, au point qu’une rencontre aurait été envisagée à nouveau très sérieusement, dit-on, entre les deux hommes. Mais finalement, c’est notre Pape Jésuite venu d’Amérique latine, François, loin des vieux clivages européens hérités de l’histoire tragique du XXème siècle, qui semble l’emporter dans cette sorte de course de relais sur la route de la jonction historique entre les héritiers de Rome et ceux de Byzance qui se sont regroupés sous la bannière de l’orthodoxie russe.
En cette période où la guerre rôde à nouveau par le monde sous le signe néfaste du Djihad islamiste, si cette rencontre en signe de réconciliation entre chefs des Eglises chrétiennes peut apporter un souffle de paix, depuis cette île de Cuba post-communiste – où jadis un conflit mondial fut évité de peu avec l’aide du bon Pape Jean XXIII – aujourd’hui à nouveau, devant le Pape François et le Patriarche Cyrille, le monde des hommes de bonne volonté voudra se réjouir dans l’Espérance.
Denis LENSEL
