Deux ou trois choses que je sais de Luc BARESTA - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Deux ou trois choses que je sais de Luc BARESTA

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Lundi soir 12 Octobre, Lucien BARDY, en sa 92 ème année, s’est éteint en son appartement parisien. C’est sous son nom de plume, Luc BARESTA, qu’il s’était illustré à la rédaction de La France Catholique comme il l’avait fait auparavant en participant à la création de L’Homme Nouveau.

Limousin attaché à son terroir, professeur de Lettres au début de sa carrière, mêlé à tous les combats qui ont secoué l’Eglise post-conciliaire, il s’était montré un défenseur zélé, érudit et pertinent de la Foi catholique et du Magistère. Mais moi, c’est sous un autre jour que je l’ai connu en 1973, alors qu’âgée de 23 ans j’étais étudiante à L’Institut d’Etudes Politiques de Paris. Et c’est cette personnalité attachante et lunaire qu’il était à mes yeux que je voudrais évoquer à l’heure du partir.

Marié jeune à Elisabeth de quelques années sa cadette, rencontrée auprès du Père Fillère, ce couple très soudé jusqu’à la fin, vivait sa foi comme un engagement militant dont la naissance de leurs quatre enfants n’avait pas fait tiédIr l’ardeur. Luc aimait passionnément la lecture et s’attelait à la rédaction de ses articles comme un moine du Moyen Age peaufine ses couleurs, penché sur l’enluminure des riches heures d’un psautier. Sa pensée, juste et nuancée, son expression ciselée n’ôtaient rien à l’envol hardi de ses convictions.

Cependant, dans l’ombre, c’était son épouse qui dactylographiait ses textes jusqu’à des heures tardives afin de tenir les délais du bouclage ! Car si Luc planait dans les hauteurs de la pensée, Elisabeth, son « aide en face », comme dit la Genèse, ne manquait jamais de le rappeler au poids des contingences qu’elle s’efforçait néanmoins de lui rendre aussi légères que possible. Sans elle, il était perdu au quotidien.

C’est d’abord Elisabeth que j’ai rencontrée en écoutant à Saint-Germain des Prés la première catéchèse du Chemin Néo-Catéchuménal portée par ses initiateurs, le peintre Kiko ARGUELLO, et Carmen HERNANDEZ. Luc avait trop à faire à cette époque pour l’accompagner. Mais peu à peu, intrigué par ce que vivait son épouse, il s’est approché de cette communauté née de la prédication. Aujourd’hui le Chemin est répandu dans le monde entier et compte des centaines de milliers de frères et plus de cent séminaires missionnaires diocésains Redemptoris Mater. Toutefois, il y a 42 ans, c’était juste un minuscule grain de sénevé semé en terre aride. Cependant Luc a pressenti qu’il s’agissait là d’un fruit éminent de l’Esprit Saint issu du Concile Vatican II. En effet, comment l’Eglise, « Lumen Gentium », Lumière des Nations, pouvait-elle se donner à voir, à toucher, à expérimenter, si les signes de l’Amour et de l’Unité dans la dimension de la croix n’émergeaient pas au sein de la petite communauté rassemblée par le Kérygme ? Longtemps celle-ci, grosse de quarante frères et composée aux deux tiers de jeunes gens – Luc et Elisabeth comptaient parmi nos aînés – est restée en observation, soumise au jugement de Gamaliel : ou bien ce charisme venait de Dieu et il se développerait malgré tout, ou bien s’il venait des hommes, le temps le dissiperait comme le vent chasse les nuées.

A cette époque, leur foyer était devenu le refuge du Père de MONICAULT que sa fidélité envers cette réalité nouvelle avait rendu suspect aux yeux de ses pairs. Pour leur part, Kiko et Carmen, quand ils venaient la visiter, trouvaient aussi chez eux chaleur de l’accueil et table ouverte, propices à de longs échanges sur les signes des temps. Tous les frères aimaient venir chez eux préparer la célébration hebdomadaire de la Parole ou de l’Eucharistie en communauté.

Après s’être ancrée à Saint-Honoré d’Eylau (dans le 16ème arrondissement de Paris), la 1ère communauté dans son entier a été envoyée en «  mission » par Mgr LUSTIGER à Notre-Dame de Bonne Nouvelle (2ème arrondissement de Paris) où le Père de MONICAULT avait été nommé curé. C’est à la faveur de cette mission d’évangélisation dans un quartier difficile, que, parvenus à la retraite, Luc et Elisabeth sont devenus responsables du catéchisme ! C’était touchant de voir ce vieil homme si savant*, auréolé de cheveux blancs, se faire « tout à tous » pour transmettre avec enthousiasme aux enfants le trésor de la Foi et des Ecritures.

Pour ma part, je ne puis oublier que c’est Luc BARESTA qui, en me proposant à sa propre succession au magazine Atlas dont il était alors le rédacteur en chef, m’a mis le pied à l’étrier de la Presse et de l’Edition.

Mais ce qui est le plus touchant, c’est la manière dont le Seigneur est venu le chercher ce lundi soir 12 Octobre vers 21H. Avec Elisabeth, un prêtre et deux autres couples de notre communauté, il faisait partie de l’équipe de catéchistes qui commençait à Bagneux, à l’église de la Pentecôte**, la même catéchèse que celle reçue il y a plus de quarante ans à Saint-Germain des Prés. Pour la première fois depuis plus de 20 ans, Luc était trop affaibli pour y participer. Il est donc resté à la maison, entouré par un couple de frères dont l’épouse, médecin, s’était proposée pour faire du « papy sitting » (!) afin de permettre à Elisabeth d’annoncer la Bonne Nouvelle d’une Vie plus forte que la mort. C’est le moment que le Seigneur a élu pour « passer », comme un voleur, cueillir sur les lèvres de Luc son souffle ultime, si ténu déjà comme l’est la mèche fumante dont Jésus a promis qu’il ne l’éteindrait pas.

Le 10 Août dernier, deux mois plus tôt, un lundi pareillement, le Père de MONICAULT l’avait précédé dans la Maison du Père. Nul doute qu’il l’attende sur le seuil pour reprendre avec lui un dialogue sans cesse renaissant…

Jocelyne TARNEAUD

* notamment Luc BARESTA a écrit un magnifique livre sur « JEAN XXIII, Approche d’une destinée », préfacé par le Père Bernard BRO (Editions TEQUI, septembre 2000 ), livre qu’il avait eu la gentillesse de nous dédicacer, à moi, mon mari et nos enfants, en écrivant ces quelques mots : .. « cette approche » « qui est aussi celle d’un prélude au don du Chemin et à notre communion fraternelle »

** Eglise de la Pentecôte, Paroisse de Bagneux, Rond-point du Dr Schweitzer 92220 BAGNEUX Les lundis et Jeudis à 20H30