Une ouverture de Synode excellente pour le catholicisme - France Catholique
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La justice de Dieu
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Une ouverture de Synode excellente pour le catholicisme

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Lors de la première conférence de presse du Synode de la Famille ce lundi au Vatican, le cardinal-archevêque de Paris, Mgr André Armand Vingt-Trois a déclaré – plutôt énergiquement – que quiconque était venu à Rome en espérant « des changements spectaculaires » dans la doctrine chrétienne allait être « profondément désappointé ». Absolument vrai, a répliqué l’archevêque Bruno Forte – auteur des passages troublants sur la Communion pour les divorcés remariés et sur les homosexuels dans les documents synodaux de l’an passé – mais en même temps « nous n’allons pas nous contenter de ne rien faire. Nous allons chercher de nouvelles approches pastorales. » Alors vous pourriez être tenté de penser : ça recommence. Oui, les deux options sont de nouveau en présence ; mais non, pas exactement dans les mêmes proportions. Certaines choses semblent avoir définitivement changé.

Pour commencer, le pape François a proposé une homélie stimulante et encourageante le dimanche, lors de la messe d’ouverture du Synode. Après une année d’inquiétude et d’angoisse à se demander à quel niveau les choses étaient prises en main, c’était réconfortant d’avoir ses bonnes paroles tout au début, des paroles qui désignent avec fermeté ce qu’est la fidélité complète à la tradition dans le domaine du mariage.

D’une certaine façon, c’était un moment providentiel. L’évangile du jour était précisément ce passage (Marc 10) où le Christ prend le contre-pied de Moïse sur le divorce et proclame l’indissolubilité du mariage. Ce qui, comme nous le savons, a scandalisé jusqu’aux Apôtres, et plus généralement les Juifs de son époque, une des preuves que c’est un enseignement spécifique à Jésus Lui-même, on ne peut pas l’ignorer ou l’édulcorer.

Mais François est allé plus loin. Lisez donc l’ensemble de son homélie pour apprécier sa pensée. Ce qui est peut-être le plus important pour ceux qui s’inquiètent d’une dérive de l’enseignement constant sur le mariage est ceci : « Jésus répond d’une façon directe et inattendue. Il ramène tout au commencement de la Création, pour nous enseigner que Dieu bénit l’amour humain, que c’est Lui qui unit les cœurs de deux personnes qui s’aiment, qui les unit de façon unique et indissoluble. Cela nous montre que le but de la vie conjugale n’est pas seulement de vivre ensemble pour la vie mais de s’aimer l’un l’autre pour la vie ! C’est de cette manière que Jésus rétablit l’ordre qui était présent au commencement. »

Il cite à la fois Jean-Paul II et Benoît XVI, un signe clair qu’il s’aligne avec ces hommes saints et exceptionnels qui l’ont précédé comme successeurs de Pierre. Et il dit plus particulièrement ceci sur le devoir de l’Église « de mener à bien sa mission dans la vérité, qui ne change pas selon les caprices des opinions populaires. La vérité qui protège les individus et l’humanité dans son ensemble de la tentation du repli sur soi et de transformer l’amour fécond en égoïsme stérile, une union fidèle en un lien provisoire. ‘Sans la vérité, la charité dégénère en sentimentalité. L’amour devient une coquille vide, qu’on peut remplir de manière arbitraire. Dans une culture sans vérité, c’est le risque fatal que rencontre l’amour.’ » (Benoît XVI, Caritas in Veritate, 3).

Il y a également quelques phrases sur l’ouverture et la main tendue aux personnes en situations difficiles, mais de toute façon relativement peu selon moi, et noyées dans l’affirmation de ces vérités catholiques, affirmation dont ce pontificat manquait selon de nombreuses personnes.

Le discours d’ouverture de François lundi était également encourageant :

Le Synode n’est pas un Parlement au sein duquel on doit atteindre un consensus ou un accord, où on a recours à la négociation, aux transactions, aux compromis : en vérité, la seule méthode du Synode est de s’ouvrir au Saint-Esprit avec courage apostolique, humilité et confiance évangéliques, priant avec assurance qu’Il nous guide, nous éclaire et qu’il garde présents à notre esprit, au delà de nos opinions personnelles, la foi en Dieu, la fidélité au Magistère, le souci du bien de l’Église et du salut des âmes.

Quand on se concentre sur la fidélité et le salut – pas sur quelque but terrestre ou accommodement politique – quoi qu’il se passe d’autre, nous regardons dans la bonne direction, la seule nécessaire.

Le cardinal Peter Erdö, de Budapest, le « rapporteur » officiel du Synode a fait des commentaires sans équivoque dans ses remarques préliminaires sur les deux problèmes dont tout le monde a discuté mais qui ne sont pas nécessairement les points les plus importants de l’agenda des évêques : la communion des divorcés remariés et la façon de traiter les gens attirés par les personnes du même sexe. Dans un langage assez remarquable par son franc-parler, et que d’aucuns pensent qu’il n’aurait pas usé sans le soutien préalable de François, il a dit (c’est ma traduction puisque la traduction officielle en anglais n’est pas encore disponible) :

En ce qui concerne les divorcés civilement remariés, il doit y avoir un accompagnement pastoral miséricordieux mais qui ne laisse aucun doute sur la véracité de l’indissolubilité du mariage enseignée par Jésus-Christ Lui-même. La clémence de Dieu offre le pardon aux pécheurs mais exige la conversion.

Bien sûr, ce mot final est ce que beaucoup de gens percevaient comme manquant dans les discours parlant d’ouverture et de main tendue aux gens dans des situations reconnues difficiles.

Et si cela ne vous surprend pas, que penser de ceci ? Après quelques phrases sur l’approche pastorale des personnes attirées par les personnes de même sexe, le bon cardinal déclare : « quoi qu’il arrive, l’Église enseigne que ‘il n’existe aucune base, pas une, même lointaine, permettant d’établir une assimilation ou une analogie entre les unions homosexuelles et le plan de Dieu pour le mariage et la famille.’ ». Cela émanant du rapporteur désigné des actes du Synode.

Au même moment, il a été rapporté par des personnes dignes de confiance mais dont le nom ne peut pas être cité, que le cardinal Reinhard Marx – le président de la conférence des évêques allemands, qui avait publiquement annoncé avant le Synode que l’Allemagne n’était pas une succursale de Rome et pouvait agir à son gré – avait été entendu grommeler en privé contre les remarques du cardinal Erdö.

Il y a trois longues semaines à passer et beaucoup de choses peuvent arriver d’ici la clôture du Synode. Mais vu comme vont actuellement les choses, c’était une journée d’ouverture excellente pour le catholicisme.


Illustration : François ouvre le Synode 2015

Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/10/05/a-good-opening-day-for-catholicism/