Le piège de la cohabitation - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Le piège de la cohabitation

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Une ancienne camarade de Fac me disait récemment que son fils, agé de 25 ans, a une petite amie mais est incapable de prendre une décision. Le couple s’est formé voici deux ans. Il est épris de cette fille, pense qu’elle ferait une bonne épouse, mais confie à sa mère qu’il ne se sent pas mûr pour franchir le pas. Devrait-il faire sa demande ? Ou attendre encore avant d’y aller ? Peut-être fréquenter d’autres filles pour prendre du recul ? Ce garçon est désemparé.

Mon amie a du bon sens, et elle a donné à son fils ce qu’elle croit être un bon conseil : pourquoi ne pas se mettre ensemble et voir comment ça se passe ? Autrement dit, un mariage à l’essai. Si partager le lit et le logement se passe bien, alors, nouez votre union. Sinon, vous pourrez partir chacun de son côté sans séparation, sans l’issue que nul ne souhaite : un mariage brisé.

Hélas, cette amie dirigeait son fils vers ce qu’on pourrait appeler « le piège de la cohabitation ». Il se trouve — contrairement à une croyance répandue — que le taux de divorces parmi les couples qui vivent ensemble avant le mariage est sensiblement plus élevé qu’autrement — jusqu’à 40% selon certaines sources.
On trouve des variantes dans ces statistiques inquiétantes. Les couples fiancés avant de se mettre en ménage s’en sortent mieux que les autres. Si pour la femme c’est une première et unique expérience, le taux de divorce est moins élevé. Une brève cohabitation avant le mariage aboutira probablement à un mariage plus stable que si la cohabitation dure longtemps. Quelles que soient les nuances, tous ces cas de figure ont des taux de divorce plus élevés que le cas des couples qui ne vivent pas ensemble avant le mariage.

Pourquoi en est-ce ainsi ? C’est, semble-t-il, l’inverse de ce qu’on imaginerait. Une jeune femme pourrait bien dire à ses amies : « je ne pourrais songer à épouser un garçon avant d’avoir vécu avec lui pendant deux ans.» Et ses amies opineraient doctement. C’est une sorte de bon sens, comme essayer une voiture avant de l’acheter.

Mais ça ne marche pas toujours ainsi dans la vie. Un jour, un de mes amis s’est installé avec son amie. Ils partageaient un loft à Soho et semblaient profiter d’une période merveilleuse pour un jeune couple vivant à Manhattan. Au bout de deux ans, ils se marièrent. Un an plus tard le mariage craquait dans l’amertume. Un jour, je lui demandai : « Que s’est-il passé ? Vous sembliez si bien tous les deux.» Il répondit : « C’est comme si d’un coup tous les mauvais programmes s’étaient mis en marche.»

En fait, un mariage d’essai ne vaut rien. Barbara Dafoe Whitehead le dit justement : « La cohabitation n’a rien à voir avec le mariage, ce n’est pas comparable à l’entraînement printanier avant la saison de base-ball.»
Voici quelques-uns des problèmes posés par la cohabitation.

– Quand un couple s’installe ensemble, ils se posent rarement le genre de questions qu’il faudrait à propos du partenaire avec qui on va passer sa vie. Partageons-nous les mêmes valeurs ? Ai-je envie que mes enfants adoptent ses propres valeurs ? Le pire programme consiste à commencer par la cohabitation puis glisser vers le mariage. Décider, ce n’est pas se laisser entraîner, comme dit le proverbe.

– On sait bien que, dans un bon ménage, quand le mari ou la femme emploie le pronom « Je » celà siginfie pour chacun : « Nous ». Mais en cas de cohabitation, « Je » signifie généralement « Je ». Le couple ne porte pas le même nom, chacun a son propre compte bancaire ; et un accord implicite permet à chacun de se retirer. Bref, il s’agit de la répétition d’un engagement « basse tension ». Alors que le mariage implique un engagement de haut niveau.

– Le sexe peut entrer en ligne de compte dans le jugement qu’on devrait porter à propos de la personne qu’on va épouser. Sexe et jugeotte ne vont pas toujours de pair, c’est le moins qu’on puisse dire. Le sexe secrète des hormones comme l’oxytocine qui, entre autres agents, joue un rôle de lien, même si le couple n’est pas vraiment assorti. Il est bien plus difficile de rompre quand le sexe est impliqué. D’autre part, les couples qui s’abstiennent ont tendance à se voir mutuellement avec plus d’objectivité. Leur relation émotionnelle grandit alors sans être court-circuitée par un acte qui implique un engagement plus grand.

– Hommes et femmes s’engagent dans la cohabitation avec des idées et des attentes fort différentes. Une femme aura tendance à considérer la cohabitation comme une répétition « Costumes » du mariage, alors que son partenaire a des idées bien moins arrétées sur l’affaire. Elle prendra nettement moins de temps que lui à prendre la décision du mariage. En fait, il se satisfait de retarder la décision autant que possible. Ce qui peut causer des scènes. Elle n’a même pas besoin de prononcer le mot « mariage » pour le braquer sur la défensive. Il suffit qu’elle dise quelque chose comme : « je ne vois pas où nous allons.» pour déclencher la réplique : « Pas de chantage !» ou « Tout va bien comme ça. » ou encore : « je ne veux pas qu’on me pousse à quoi que ce soit !» etc.

« Nous avons raison — déclare James O. Wilson dans The marriage problem (Le problème du mariage) — de penser que mariage et cohabitation sont bien différents. La cohabitation concerne deux personnes qui sont d’accord pour vivre ensemble, partageant le logement, les repas, et le sexe. Le mariage consiste pour deux personnes à promettre de vivre ensemble jusqu’à la mort, partageant l’habitation, les repas le sexe, et un engagement permanent de prendre soin l’un de l’autre. La promesse se trouve au cœur de la question.»

S’abstenir du sexe avant le mariage n’est guère facile. En particulier quand on est déjà fiancés. Mais attendre le mariage, c’est en affirmer la signification, et donc en consolider le lien. Le sexe est la consommation d’une promesse solennelle : ça ne marche pas aussi bien autrement.

De plus, aucun couple heureux en ménage ne s’est jamais regardé l’un l’autre, tapé sur la tête, et déclaré : « Si seulement nous avions fait ça six mois avant de nous marier !» Au lieu de quoi ils conservent le souvenir ému d’avoir attendu le top de départ.

1er août 2015.

Source : The Co-Habitation Trap

http://www.thecatholicthing.org/2015/08/01/the-co-habitation-trap/