Depuis des décennies, les laïcs catholiques doivent se débrouiller avec le problème de la contraception. Les couples qui se forment ont rarement entendu parler du Planning Familial Naturel au cours de leur parcours prénuptial. Ceux qui en ont entendu parler malgré tout – je parle d’expérience – et qui l’ont mis en pratique ont pensé qu’ils étaient introduits dans un merveilleux secret.
Puisque nous vivons dans une société de plus en plus obsédée par les additifs chimiques, l’Église devrait peut-être communiquer davantage sur le Planning Familial Naturel. Il y aurait des oreilles pour l’écouter. Et les laïcs devraient être au premier rang pour répandre la nouvelle.
Comment faire ? Comment un catholique millésimé explique-t-il l’enseignement de l’Église à un ami ou un collègue ? Disons que deux épouses catholiques bavardent autour d’une tasse de café. Il y a un blanc dans la conversation. Ensuite l’une d’elles fait une confidence en forme de question.
« Au fait, les relations sexuelles avec ton mari – est-ce que ce n’est pas toujours le même après dix ans ?
Vraiment pas.
Comment fais-tu ?
Ca a peut-être à voir avec le Planning Familial Naturel.
Tu fais ça ? C’est la méthode Ogino, non ?
Non. La méthode du calendrier est passée par la fenêtre depuis des décennies.
Et elle commence à expliquer que le Planning Familial Naturel est efficace à 99%, qu’il est gratuit, entièrement naturel et sans effets secondaires. Mais certaines questions suivent.
Puisque la contraception artificielle et le Planning Familial Naturel poursuivent le même but – différer l’arrivée d’un enfant – je ne vois pas la différence morale entre les deux.
En ce qui concerne l’espacement des naissances, il y a toute la différence entre la sexualité non-procréative, parce qu’elle prend place durant la partie infertile du cycle féminin, et le sexe anti-procréatif.
Dans le premier cas, le couple accepte la fertilité de l’épouse pour ce qu’elle est – un grand bien, mais dont ils ne vont pas faire usage pour le moment. Dans le second cas, le couple traite la fertilité de l’épouse comme si c’était quelque chose de mauvais. Une pilule, c’est ce que vous prenez quand vous ne vous portez pas bien.
Mais l’intention est la même dans les deux cas : pas de bébé. Je ne vois pas la différence.
La contraception est un acte qui a pour objectif de contrarier artificiellement la fertilité – de tirer plaisir d’une activité tout en s’affranchissant de ses conséquences naturelles, ce n’est pas différent de certains désordres alimentaires. Les couples utilisant le Planning Familial Naturel font l’amour, tout simplement. Il n’y a rien de mauvais à avoir des relations sexuelles durant la période d’infertilité de l’épouse. C’est la nature qui a créé cette période d’infertilité.
Mais la pilule n’est-elle pas une grande bénédiction pour la société ?
Quand la pilule a été introduite en 1962, le taux de divorce était de 25%. Il a rapidement doublé. Bien plus, une contraception largement disponible était censée diminuer le nombre d’avortements et de naissances illégitimes. Plus personne n’évoque cet argument.
J’ai entendu parler du faible taux de divorce parmi les couples utilisant le Planning Familial Naturel. Mais ne serait-ce pas parce que ces couples ont de fortes convictions religieuses qu’ils utilisent cette méthode et qu’ils sont également moins portés à divorcer ?
Très juste. Mais la sexualité est quelque chose de très profond. Un couple qui contrecarre la finalité procréative de la sexualité va également être porté à contrecarrer sa dimension unitive. C’est le grand secret de l’Église. Des témoignages montrent que les couples utilisant le Planning Familial Naturel ont une vie sexuelle plus épanouie.
Pourquoi un couple utilisant le Planning Familial Naturel aurait-il une meilleure sexualité ?
Les femmes sous pilule se plaignent souvent de leur sexualité : elles ont le sentiment d’être utilisées comme objet. Les maris désirant utiliser le Planning Familial Naturel finissent souvent par être plus ouverts à la sexualité. Même Sigmund Freud disait que pour qu’un plaisir soit vraiment un plaisir, il faut une forme d’ascétisme. Le Planning Familial Naturel, c’est comme avoir deux lunes de miel chaque mois. Les catholiques ne sont pas les seuls à le savoir. Un rabbi a déclaré au New York Magazine que les couples juifs orthodoxes, qui s’abstiennent de relations sexuelles durant les douze jours suivant le début des règles de l’épouse disent que cette abstinence périodique est une bénédiction pour leur vie sexuelle.
Je suis quelque peu féministe et je considère la pilule comme un élément de la libération de la femme.
Germaine Greer – qui a eu son heure de gloire dans les années 70 et est toujours parmi nous – soutient que la pilule est une mauvaise écologie féministe. Les femmes ne devraient pas avoir à se tourner vers des assortiments chimiques pour le plus grand bien du sexe à la demande. Bien plus, la contraception rend les hommes plus susceptibles de traiter les femmes comme des objets et de fuir leurs responsabilités.
Tu n’as pas présenté d’arguments théologiques ni cité la Bible. Et j’apprécie parce que le mot Dieu me rends nerveuse. Maintenant je suis curieuse. Qu’en est-il exactement ?
Saint Jean-Paul II l’a exprimé ainsi : quand vous utilisez la pilule ou le diaphragme, vous dites en réalité à votre époux : « dans cet acte le plus intime de notre mariage, je vais me donner à toi, mais seulement jusqu’à un certain point. » C’est une sérieuse limitation du don de soi, qui devrait être au cœur de l’acte marital. Un couple marié est supposé être « une seule chair ». La contraception est un obstacle.
Tu n’as toujours pas mentionné Dieu.
Dieu nous a donné l’incroyable privilège d’être co-créateurs de nouvelles vies humaines. Quand nous intercalons un obstacle chimique, nous disons en réalité à Dieu que nous ne voulons pas de Lui dans ce domaine. On pourrait dire que l’époque de fertilité de l’épouse est un territoire sacré. Pour le dire autrement : les autres animaux se reproduisent, les humains procréent.
Que dit la Bible ?
Saint Paul établit une liste des « péchés de la chair » dans le chapitre 5 de l’épître aux Galates. Parmi ceux-ci, « pharmakeia ». Ce mot est habituellement traduit par « sorcellerie », mais fait probablement allusion aux potions contraceptives et abortives utilisées à l’époque.
J’ai ma dose de caféine et il faut que je rentre chez moi prendre un peu de vitamine C. Il me semble que je suis d’accord avec ce que tu as dit. Pourquoi n’entendons-nous jamais parler du Planning Familial Naturel ?
Malheureusement, sur ce sujet, une génération de prêtres et d’éducateurs catholiques s’est confortablement enlisée dans la culture séculière. Mais pourquoi attendre l’Église institutionnelle ? Une jeune femme de ma connaissance a rassemblé des amies dans son salon et leur a parlé des bébés et du Planning Familial Naturel. Elles ont discuté avec animation, et l’une des amies a dit qu’elle était reconnaissante que quelqu’un lui ait enfin expliqué la doctrine de l’Église sur ce sujet. Donc : œuvrez à la racine. Et téléchargez une application telle que Natural Cycles (Cycles naturels) sur votre smartphone.
George Sim Johnston est l’auteur de « Darwin avait-il raison ? Les catholiques et la théorie de l’évolution »
Illustration : l’affiche déclare : sans hormones artificielles, sans compagnies pharmaceutiques, sans suppression des règles, sans effets secondaires, les femmes sont tout autant elles-mêmes au Planning Familial (Naturel)
source : http://www.thecatholicthing.org/2015/06/06/why-not-natural-sex/