Pratiques musulmanes d'extermination - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Pratiques musulmanes d’extermination

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Quelques recherches historiques permettent de retrouver dans le passé les pratiques d’extermination qui sont aujourd’hui celles de Daesh, de Boko Haram et des islamistes en Libye, Yemen et Somalie. En voici quatre extraits, à comparer aux déclarations politiques sur l’esclavage atlantique, lesquelles occultent la traite saharienne et la responsabilité des potentats africains et des islamistes.

1. LES INCURSIONS MUSULMANES DU 8ème AU 19ème SIÈCLE (M.Faivre, revue internationale d’histoire militaire n°90 – 2012)

La traite saharienne, du 7° au 19° siècle

La disparition d’otages pendant la guerre d’Algérie n’est pas une innovation des insurgés du FLN. Elle a été précédée d’une pratique séculaire des enlèvements et de l’esclavage, lequel est règlementé par le Coran. Cette tradition remonte au tribut imposé au roi de Nubie en 652 par le général Abdallah ben Saïd, d’avoir à livrer chaque année 360 esclaves originaires du Darfour. A côté de ce mode de « contrainte diplomatique », les autres moyens de recrutement sont la conquête, l’achat et la reproduction. Le transfert des esclaves se poursuit du 8ème au 18ème siècle par le Sahara ; il concerne des millions de Noirs considérés comme des sous-hommes, réduits au stade animal selon l’observation d’Ibn Khaldoun. Ils sont capturés en général avec la complicité des potentats africains du Mali et du Songhay, du Bénin, des Ashantis (Ghana), et des Etats Haoussa (Bornou, Kanem ).

A la fin du 10ème siècle, les Zirides de Tunisie, qui contrôlent le Fezzan, ont une garde noire de 20.000 hommes, le Ghana conquis en 1076 procure une ressource d’esclaves aux Almoravides, l’arabisation de la Mauritanie au 15ème siècle favorise la traite, le sultan du Maroc conquiert Tombouctou et Gao et dispose au 17ème siècle d’une armée de 150.000 mercenaires. Plus tard, l’émir Abd el Kader est protégé par une garde de cavaliers noirs.

L’Américain R.A. Austen a proposé en 1979 le bilan suivant de la traite saharienne :

Années

550-800 : 150.000

800-900 : 300.000

900-1100 : 1.740.000

1100-1400 : 1.650.000

1400-1500 : 430.000

1500-1600 : 550.000

1600-1700 : 710.000

Total : 5.530.000

Cette évaluation correspond à environ 40% de la traite musulmane (12 à 14 millions en dix siècles), mais ne fait pas le partage entre les régions destinataires. Il est probable qu’au moins les deux tiers passent par l’Egypte et la Libye, pays exportateurs. Au 18éme siècle, le Maroc reçoit 8.000 esclaves par an, et sans doute 4.000 au 19ème siècle ; Algérie et Tunisie sont alors un peu à l’écart du trafic, elles ne comptent respectivement que 18.000 et 30.000 esclaves noirs vers 1850.

En direction de l’Afrique du Nord, plusieurs routes sont établies à partir du Niger. La traversée du désert dure 2 à 3 mois, dans des conditions inhumaines ; la maladie ou la pénurie d’eau entraîne l’abandon des captifs. Des marchands ambulants appelés Djellabas, installés à Ghadamès ou dans le Touat disposent d’antennes à Gao ou à Kano, qui livrent aux dirigeants du Maroc, d’Alger et de Tunis des esclaves-soldats, des porteurs, des ouvriers agricoles ou miniers, des domestiques, des mulatresses et des eunuques pour les harems. On sait que la castration des eunuques, interdite par le Coran, était pratiquée dans les oasis du sud et se traduisait, selon certaines sources, par la mort de 80 % des enfants capturés. La vente des captifs est pratiquée ensuite sur les marchés de Marrakech, Médéa, Biskra, et Kairouan. Le tarif moyen est de 12 esclaves ou un eunuque pour un cheval.

A ce trafic méridional, il faut ajouter les luttes tribales qui en Algérie se traduisent par des enlèvements de femmes et d’enfants ; Bugeaud n’est pas en effet l’inventeur des razzias, mais il exige parfois la livraison d’otages pour garantir la soumission d’une tribu.

Incursions sarrasines, du 8° au 10° siècle

L’invasion berbero-musulmane de l’Espagne en 711 se poursuit par l’occupation du Languedoc en 720. Une fois installés, les conquérants maintiennent les lois existantes, mais imposent un tribut annuel, le Kharrad, équivalant au dizième ou au cinquième du revenu.

La riposte européenne est conduite dès 732 par Charles Martel, qui bat le gouverneur Abd er Rahman au pavé des martyrs en 732, reprend Avignon en 737, Narbonne en 759, et qui fait de la Franche-Comté une Marche contre les incursions sarrasines 1.

Le repli des armées musulmanes est suivi de raids de reconnaissance à cheval, de débarquements nocturnes et d’incursions dont le but est de faire du butin. Des opérations de va et vient rançonnent la Provence, s’installent dans le massif des Maures en 890, s’aventurent dans les Alpes et en Italie. Se déplaçant avec femmes et troupeaux, ils établissent leur camp à Calluire, et de là ravagent toutes les villes jusqu’à Auxerre ; ils sont alors repoussés par l’archevêque de Sens. Des détachements, de volume non précisé, seraient les maîtres de la Suisse et du Lyonnais pendant quelques années du 10ème siècle. Des combats violents les opposent aux Séquanes et aux Allobroges. Lors des opérations d’été (sa’ifa), ils razzient les campagnes, détruisent les églises et les abbayes, et font des captifs. Souvent les hommes sont tués (à Gènes et Syracuse), les femmes et les enfants emmenés en esclavage ; 2.000 femmes sont les hôtesses du harem de Cordoue, et des écoles de captives convertissent les jeunes filles à la nouvelle religion. Ces détachements de raid sont finalement repoussés en raison des dissensions entre Arabes et Berbères, et par manque de foi religieuse. Quelques familles se réfugient dans la forêt ou les marécages et font souche ; nombreuses sont les localités ou les fermes qui conservent le nom de Sarrasin. Parallèlement, des esclavons provenant de Russie sont émasculés à Verdun avant d’être livrés aux acheteurs de Cordoue. Selon Mantran, le trafic des esclaves contribue aux échanges commerciaux.

Le pape Jean VIII promet en 878 le versement de milliers de pièces d’or. L’abbé de Cluny (Mayeul), capturé à Orsières (sud Martigny) en 972, est délivré grâce au versement d’une lourde rançon. Les incursions musulmanes ont provoqué la panique sur les côtes méditerranéennes, et suscité la construction de tours de défense ; 4.000 familles corses sont invitées en 829 à se réfugier à Rome. Les chansons de geste de Guillaume d’Orange font état de cette grande peur.

La piraterie, du 16° au 19° siècle

La reconquête espagnole ne met pas fin à ces incursions, mais elle s’accompagne, (comme l’a montré le professeur Toth) de l’intervention des corsaires ottomans en Méditerranée vers 1480, suivis des pirates barbaresques conduits par les frères Barberousse et par les Hornacheros réfugiés à Tanger.

De Tripoli à Djerba et à Salé, les ports s’organisent pour la course. Kheir ed Dine bénéficie de la bienveillance de François 1er qui en 1543 accueille à Marseille et Toulon la flotte barbaresque ; des raids sont lancés sur Nice, Antibes (300 orphelins), la Corse et l’Italie. La piraterie se poursuit : les pirates de Salé saisissent 1.000 navires occidentaux au 16° siècle ; les équipages et les passagers remplissent les bagnes d’Alger, Tunis, Tripoli et Salé. On estime à 1,250 million le nombre des captifs détenus entre 1530 et 1780.

Relativement bien traités sont ceux qui ont des métiers d’artisans, de locataires des harems 2, des espoirs de rançon ou de conversion à l’islam, mais de nombreux galériens subissent les horreurs de la chiourme. Les esclaves chrétiens sont rachetés par les Trinitaires, les Mercédaires et les Lazaristes, tandis que les marines françaises, espagnoles et normandes lancent des bombardements de représailles contre les villes portuaires 3

Après avoir libéré les esclaves musulmans détenus à Malte, Bonaparte en 1802 renouvelle la menace d’invasion de l’Algérie, et la flotte américaine intervient à Derna en 1804.. La prise d’Alger met fin à la piraterie, et le président Théodore Roosevelt reconnaîtra le grand service rendu à l’humanité par la France en 1830. Il ne reste alors que 122 captifs dans le bagne d’Alger.
Le dey de Tunis sera le premier en 1846 à décider, sans succès, l’abolition de l’esclavage, suivi par l’Algérie en 1848 et le Maroc en 1922.

1 Pline l’Ancien situe les Sarrasins en Arabie du Nord ; ce sont des pasteurs, supposés descendre d’Ismaël, fils d’Abraham et de sa servante Agar ; ils désignent au Moyen Age les envahisseurs arabes. Le terme de Maure sera utilisé pour les Almoravides qui interviennent en Espagne, venant du Sud-Marocain, en 1086.

2. Sarrasins (dictionnaire historique de la Suisse – 2015)

Terme communément utilisé au Moyen Age pour désigner les musulmans. Les incursions des Sarrasins en Suisse eurent lieu au Xe s. et se limitèrent à la région alpine; elles étaient le fait de petits groupes de guerriers mobiles et habitués à la montagne, basés à la forteresse de Fraxinetum (La Garde-Freinet près de Saint-Tropez). Attestés dès 890 environ dans la partie orientale de la Provence, ainsi que dans les Alpes ligures et piémontaises, ils apparurent en Valais dans les années 920 et une décennie plus tard en Rhétie. Chroniques et annales rapportent que des pèlerins se rendant à Rome étaient régulièrement attaqués dans les cols alpins par moments contrôlés par les Sarrasins. Leurs raids atteignirent leur paroxysme en Suisse avec le pillage de l’abbaye de Saint-Maurice en 940 et l’attaque menée, peut-être la même année, contre le siège épiscopal à Coire. Les moines de Disentis, dont le couvent fut partiellement détruit, se réfugièrent à Zurich. Une inscription atteste la destruction de l’église de l’hospice du Grand-Saint-Bernard à Bourg-Saint-Pierre. Les dégâts provoqués dans le diocèse de Coire attirèrent encore l’attention de l’empereur Otton Ier en 972. Après 950, les mentions d’attaques deviennent plus rares; il semble que les Sarrasins recoururent dès lors à des formes plus subtiles d’extorsion de tribut et de rançonnement. Ils furent chassés de Fraxinetum (972/973) et de leurs refuges alpins après avoir capturé l’abbé de Cluny, Maïeul, près d’Orsières durant l’été 972; celui-ci dut payer 1000 livres d’argent pour recouvrer la liberté. Le récit de cette dernière agression datable, dû au chroniqueur Raoul Glaber, témoigne du respect des Sarrasins pour l’abbé et sa bible de voyage. Il constitue ainsi la première évocation des musulmans en Occident, qui n’est pas déformée par la polémique. A ce jour, les archéologues ne peuvent attester l’existence d’habitations ou de refuges sarrasins dans les Alpes suisses. Quant aux linguistes, ils ne peuvent accréditer l’étymologie arabe, régulièrement postulée, de quelques noms de lieux et de sommets valaisans.

Bibliographie

– R. Poupardin, Le Royaume de Bourgogne (888-1038), 1907, 86-112

– K. Versteegh, «The arab presence in France and Switzerland in the 10th century», in Arabica, 37, 1990, 359-388

– H. Steiner, « »… da sie behender als Gemsen über die Berge dahinliefen ». Sarazenen im schweizerischen Alpenraum», in BM, 2009, 471-498

Auteur(e): Hannes Steiner / UG

N.B. Cet historique n’évoque pas les tueries qui ont accompagné les incursions sarrasines. Les témoignages des religieux ne font état que des pillages..

3. Lettre à la Reine régente (Anne d’Autriche, reine de France de 1615 à 1643 et mère de Louis XIV) de P. Lucien Heraut qui rentre en France en 1643 avec 50 esclaves français rachetés et qui l’interpèle sur le sort de milliers d’esclaves toujours captifs

…ainsi qu’il arrive ordinairement aux vassaux de vostre Majesté, qui croupissent miserablement dans l’horrible esclavage des cruels ennemis du nom Chretien. Cette mesme necessité addresse aux pieds de sa clemence et Royalle bonté, les larmes et soupirs de plus de deux milles François de nation Esclaves en la seule ville d’Alger en Barbarie, ou ses montagnes voisines, à l’endroit desquels s’exerce les plus grandes cruautés que l’esprit humain puisse excogiter, et les seuls esprit infernaux inventer.

Ce n’est pas, Madame, une simple exaggeration, mais une verité trop conneue, non seulement de ceux qui ont traversé les mers, et mouillé l’ancre avec quelque bonheur dans cette terre barbare de nos cruels ennemis, mais encore beaucoup mieux de ceux, qui par malheur sont tombés dans les griffes de ces Monstres Affricains, et qui ont ressenty, comme nous, leur infernalle cruauté, pendant le long sejour d’une dure captivité, les rigueurs de laquelle nous experimentons de jour en jour par des nouveaux tourments: la faim, le soif, le froid, le fer, et les gibets, ont esté autrefois les instruments des plus cruels et dénaturés bourreaux du monde contre les premiers Chretiens, mais il est certain que les Turcs et Barbares encherissent aujourd’hui par-dessus tout cela, inventans journellement de nouveaux tourments, contre ceux qui persistent courageusement en la confession de nostre saincte Religion, ou qu’ils veulent miserablement prostituer, notamment à l’endroit de la jeunesse, captive de l’un et l’autre sexe, afin de la corrompre à porter à des pechés si horribles et infames, qu’ils n’ont point de nom, et qui ne se commettent que parmys ces monstres et furies infernales et ceux qui resistent à leurs brutales passions, sont écorchez et dechirez à coup de bastons, les pendants tous nuds à un plancher par les pieds, leur arrachant les ongles des doigts, brullant la plante des pieds avec des flambeaux ardents, en sorte que bien souvent ils meurent en ce tourment. Aux autres plus agés ils font porter des chaisne de plus de cent livres de poids, lesquelles ils traisnent miserablement partout où ils sont contrains d’aller, et ce pesant fardeau est d’ordinaire pour les riches de qui ils esperent une bonne rançon, et apres tout cela si l’on vient à manquer au moindre coup de siflet ou au moindre signal qu’ils font, pour executer leurs commandements, nous sommes pour l’ordinaire bastonnez sur la plante des pieds, qui est une peine intollerable, et si grande, qu’il y en a bien souvent qui en meurent, et lors qu’ils ont condamné une personne à six cent coups de bastons, s’il vient à mourir auparavant que ce nombre soit achevé, ils ne laissent pas de continuer ce qui reste sur le corps mort.

Les empalements son ordinaires, et le crucifiment se pratique encore parmy ces maudits barbares, en cette sorte ils attachent le pauvre patient sur une manière d’echelle, et lui clouent les deux pieds, et les deux mains à icelle, puis après ils dressent ladite Eschelle contre une muraille en quelque place publique, où aux portes et entrées des villes pour la plus grande confusion du nom Chretien, et demeurent aussi quelque fois trois ou quatre jours à languir sans qu’il soit permis à aucun de leur donner soulagement.

D’autres sont écorchez tous vifs, et quantitez de bruslez à petit feu, specialement ceux qui blasphement ou mesprisent leur faux Prophete Mahomet, et à la moindre accusation et sans autre forme de procez, sont trainez à ce rigoureux supplice, et là attachez tout nuds avec une chaine à un poteau, et un feu lent tout autour rangé en rond, de vingt cinq pieds ou environ de diametre, afin de faire rostir à loisir, et cependant leur servir de passe temps, d’autres sont accrochez aux tours ou portes des villes, à des pointes de fer, où bien souvent ils languissent fort long temps.

Nous voions souvent de nos compatriots mourir de faim entre quatre murailles, et dans des trous qu’ils font en terre, où ils les mettent tout vif, et perissent ainsi miserablement. Depuis peu s’est pratiqué un genre de tourment nouveau à l’endroit d’un jeune homme de l’Archevesché de Rouen pour le contraindre a quitter Dieu et nostre saincte Religion, pour laquelle il fut enchaisné avec un cheval dans la campagne, l’espace de vingt-cinq jours, à la merci du froid et du chaud et quantitez d’autres incommoditez, lesquelles ne pouvant plus supporter fit banqueroute à notre saincte loy.

Mille pareilles cruautez font apostasier bien souvent les plus courageux, et mesme les plus doctes et sçavants : ainsi qu’il arriva au commencement de cette presente année en la personne d’un Père Jacobin d’Espagne, lequel retenu Captif, et ne pouvant supporter tant de miseres, fit profession de la loy de Mahomet, en laquelle il demeura environ six mois, pendant lesquels il fut combattu d’une infinité de remors et regrets de cette infame apostasie, avec laquelle il avoit scandalisez plus de trente mille Chrestiens esclaves de toutes nations, et réjouy infiniment les Turcs et Mahometans, notamment les miserables renegats, qui sont en grand nombre en ce maudit enfer d’Alger, enfin apres tant de confusion qu’il recevoit de tous costez specialement de sa propre conscience, contre laquelle il avoit peché, et delaissé la vraie Religion, seulement pour se delivrer de tant de tourments, il se resolu à estre brullé tout vif, qui est le supplice ordinaire de ceux qui renoncent à Mahomet, et alla trouver le Mouffety, qui est le grand Prestre, et lui dit hardiment que sa Religion était fausse, et qu’il avoit mille regrets de l’avoir professée, au mespris de la Religion Chretienne, pour laquelle il estoit prest de mourir et d’exposer mille vies pour icelle, en apres il alla trouver le Bascha, et luy en dit autant, jetta par terre son Caffetan et son Turban, lui donnant un piastre pour acheter du bois à le brusler, en suite deqoy il fut jetté en une prison obscure et infame, où durant trois jours il ne fit que pleurer sa faute, demandant à Dieu la grace de pouvoir mourir en icelle.

Le Bascha voiant qu’il continuoit en sa resolution, le fit conduire au supplice, où il alloi joyeusement, portant une couronne d’étouppe en forme de Thiare sur la teste, et une Croix de bois au dessus, et ainsi chargé d’opprobres et injures, tant des Turcs que des Mores, et même des Renegats, qui le sollicitoient avec leur maudite Religion, il fut rosty à petit feu un peu hors de la ville près le Cimitiere des Chrestiens, lesquels peu apres allerent soigneusement rechercher les sainctes reliques et ossements, et trouverent la pluspart de son coprs entier que le feu avoit epargné, et le cacherent dans un tonneau et quelque temps apres l’apporterent dans la ville secrettement, où nous l’honnorons comme un vray Martyr. Et en effect, Madame, nous pouvons dire asseurément qu’il fait beaucoup de miracles, et que nous recevons une grande consolation de ses sainctes reliques.

Nous n’aurions jamais fait, et nous serions trop importuns envers votre Majesté, de raconter icy toute les miseres et calamitez que nous souffrons : il suffit de dire que nous sommes icy traittez comme de pauvres bestes, vendus et revendus aux places publiques à la volonté de ces inhumains, lesquels puis apres nous traittent comme des chiens, prodiguans nostre vie, et nous l’ostans, lors que bon leur semble, et en un mot ils croyent gaigner des indulgences et rendre de grands sacrifices à Mahomet, quand ils tourments et affligent quelques Chrestiens.

Tout cecy, Madame, est plus que suffisant pour émouvoir la tendresse de vos affections royales envers vos pauvres subjets captifs desquels les douleurs sont sans nombre, et la mort continuelle dans l’ennuy d’une si douleureuse vie. Et ce qui est pire, et au-delà de tout ce qui se peut dire et exprimer, est que nous sommes dans le danger éminent de défaillir de la Foy, et perdre l’ame apres le corps, le salut apres la liberté, sous l’impatience de la charge si pesante de tant d’oppressions, qui s’exercent journellement en nos personnes, sans aucune consideration de sexe ny de condition, de vieil ou du jeune, du fort ou du foible : au contraire celuy qui paroist delicat, est reputé pour riche, et par consequent plus mal traitté, afin de l’obliger à une rançon excessive, par lui ou par les siens, ou par ceux que le Ciel inspire aux actions de pieté et charité, esquelles vostre Majesté s’exerce journellement, ce qui nous fait esprerer, en bref la liberté si chere que nous implorons sans cesse, jettant continuellement des soupirs au Ciel afin d’impetrer les graces favorables pour la conservation de vostre Majesté, et de nostre Roy son cher fils, destiné de Dieu pour subjuguer cette nation autant perfide que cruelle, y faisant renaistre la vraye Religion au grand souhait de tous les Catholiques, notamment de ceux qui languissent dans ce miserable enfer d’Alger, une partie desquels ont signé cette requeste en qualité, Madame,de vos tres humbles, tres obeyssants, tres fidels serviteurs et vassaux les plus miserables de la terre, desquels les noms suivent selon les Dioceses et Provinces de votre Royaume.

« Les larmes et clameurs des Chrestiens françois de nation, captifs en la ville d’Alger en Barbarie, adressées à la reine régente, par le R. P. Lucien Heraut, Religieux de l’Ordre de la Trinité et Rédemption des Captifs, » 1643.

Source Alain Derville, documentaires sur l’histoire

4. Le génocide arménien

Le génocide arménien, rappelé par le Pape François le 2 avril 2015, est daté du 24 avril 1915. En fait, le processus d’extermination des chrétiens, assyro-chaldéens et grecs habitant sur le territoire de la Turquie avait été précédé de massacres perpétrés en 1890-95 sous le sultan Abdul-Hamid et en 1908-1909 par les Jeunes-Turcs. Les massacres de 1916 ont été suivis de la déportation des survivants.

Plusieurs diplomates occidentaux et nombre de religieux ont donné des témoignages sur les atrocités ayant accompagné les tueries. C’est le cas :

– du P. Ch. de Foucauld qui fut religieux dans la Trappe d’Akbès,

– du pasteur allemand Johannes Lepsius (1919), du Père Rhétoré des Dominicains de Mossoul, du Père Joseph supérieur des Carmes et du P. Benoit de la Mission française,

– l’ambassadeur et les consuls d’Allemagne, l’ambassadeur des Etats-Unis.

Vingt à trente ouvrages font mémoire des appels à la tuerie des chrétiens, qui ont conduit à l’élimination de la chrétienté de Turquie. Le nombre des victimes est estimé à 300.000 en 1894, 30.000 en 1909, 1,2 à 1,5 millions en 1916, 200.000 en 1920. Il reste alors 200.000 Arméniens en Turquie (sur 3 millions au 19° siècle).

Sources : JV Gureghian, Yves Ternon (le Monde), E. Mousson-Lestang (NRH).

  1. Pline l’Ancien situe les Sarrasins en Arabie du Nord ; ce sont des pasteurs, supposés descendre d’Ismaël, fils d’Abraham et de sa servante Agar ; ils désignent au Moyen Age les envahisseurs arabes. Le terme de Maure sera utilisé pour les Almoravides qui interviennent en Espagne, venant du Sud-Marocain, en 1086.
  2. Pour la petite histoire, il est plaisant d’évoquer les aventures de certaines captives qui eurent une destinée de sultane. C’est le cas de Marthe Franceschini, la sultane corse, enlevée en mer par des pirates marocains en 1792 et offerte au sultan Moulay Slimane qui en fit son épouse. A la même époque, la fille d’un gentilhomme, colon de Martinique, Aimée du Bac de Rivery, enlevée par des Algériens vers 1790, fut offerte par le dey Baba Mohammed au sultan de Constantinople Abd-ul-Hamid, dont elle devint la favorite et sultane Validée (c’est-à-dire douairière). Elle adopta un enfant qui en 1809 devint le sultan Mahamoud II.
  3. Pour le Roi de France, il s’agit de faire sentir la force de ses armes à un barbare, en l’attaquant dans son propre pays. C’est ce que Bossuet confirme, dans son oraison funèbre de la reine Marie-Thérèse : « Alger, riche des dépouilles de la Chrétienté…tu cèderas ou tu tomberas sous ce vainqueur…Tu rends déjà tes esclaves. Louis a brisé le fer dont tu accablais tes sujets… »..