Mgr Nicolas Brouwet, évêque de Tarbes et Lourdes, a appelé, dimanche, la France à « ouvrir plus grand ses portes » aux chrétiens irakiens ou syriens chassés par les djihadistes de l’État islamique. C’était à l’occasion d’un pèlerinage des chrétiens d’Orient, le premier du genre à se dérouler dans la ville mariale. Cité par notre confrère La Croix, Mgr Brouwet a insisté : « Quand je vois l’élan de générosité ici, la belle collaboration avec les municipalités et les services de l’État, je me dis que quand on veut, on peut ouvrir nos portes. Mais il faut en accueillir plus. » C’est vrai que les autorités de notre pays ont fait preuve, ces derniers temps, d’une grande timidité à ce propos, en dépit de l’engagement incontestable de notre diplomatie, notamment à l’ONU. Mais il est vrai que la question plus générale de l’immigration suscite une extrême prudence de la part des pouvoirs publics qui sentent l’opinion de plus en plus rétive à la perspective de déplacements massifs de populations vers l’Europe.
Nous avons nous-même exprimé plusieurs fois l’opinion qu’il n’était pas souhaitable de créer un appel d’air qui déclencherait une sorte de mouvement de panique, notamment du côté de l’Afrique. La solution des difficultés de ce continent ne réside pas dans le départ de ses ressortissants et notamment de ses élites, mais elle est conditionnée par un auto-développement qui devrait mobiliser toutes ses énergies. Il importe, cependant, de distinguer le cas du Moyen-Orient, où s’exerce une cruelle persécution de la part d’un système terroriste qui déclare hautement son intention d’éradiquer de la région toute présence chrétienne. Par ailleurs, entre la France et les communautés chrétiennes d’Irak et de Syrie, existent des liens étroits qui n’ont cessé de se renforcer au cours du temps. On connaît, par exemple, l’implantation d’une communauté chaldéenne importante dans le Val-d’Oise, avec un sanctuaire bien identifié à Sarcelles. M. Pupponi, maire de cette ville, a manifesté son désir d’accueillir à nouveau des personnes et des familles chassées de leur pays, qui rejoindraient leurs coreligionnaires. Qui pourrait s’opposer à un tel vœu, qui correspond à des données humaines de proximité spontanée ?
Cet été, nous avions évoqué, avec un religieux éminent, la même perspective dans le cadre d’une ruralité montagnarde, avec des villages qui pourraient se trouver ainsi repeuplés par une population qui s’intégrerait d’autant mieux, qu’elle y ferait renaître des traditions locales accordées à sa propre sensibilité. Sans doute s’agit-il d’un pari qui requiert une certaine audace. Mais, dans les conditions exceptionnelles du moment, on ne saurait pécher par pusillanimité, alors qu’il s’agit de tendre la main aux frères et aux sœurs en détresse.