A l’heure où un attentat à la bombe anti-ukrainien a provoqué la mort de quatre personnes à Kharkov, des voix s’élèvent en Russie même pour confirmer la logique intentionnelle de mainmise de Moscou sur l’Ukraine par la force armée. Le quotidien libéral indépendant « Novaïa Gazeta » affirme qu’un projet d’annexion de la Crimée et de l’Est de l’Ukraine a été présenté au Kremlin avant la chute du président ukrainien prorusse Viktor Ianoukovitch renversé il y a un an après des mois de manifestations populaires et la perte de sa majorité parlementaire.
D’après le journal russe, ce projet d’annexion forcée a été proposé à l’administration présidentielle de Vladimir Poutine entre les 4 et 12 février de l’an dernier, avant que les événements ne s’accélèrent à Kiev, aboutissant le 22 février à la fuite de Ianoukovitch et à sa destitution. La présidence russe a qualifié ces allégations d’« absurdes ».
Cependant, le président prorusse Ianoukovitch avait déclenché trois mois plus tôt le mouvement de contestation pro-européen fatal à son pouvoir en refusant du jour au lendemain de signer un accord de commerce et d’association avec l’Union européenne, remettant ainsi en cause des projets de développement pour de très nombreuses entreprises ukrainiennes, et causant un grave préjudice à son propre pays pour l’avenir.
A en croire la « Novaïa Gazeta », le document de travail remis au Kremlin anticipait la chute de Ianoukovitch et un risque de guerre civile. Estimant que l’Union européenne et les Etats-Unis ne s’opposeraient pas sérieusement à un démantèlement de l’Ukraine, il proposait de créer les conditions pour la tenue de référendums d’autodétermination soigneusement préparés en Crimée et dans la région du Donbass.
« Il s’agit des absurdités habituelles de ce journal », a réagi aujourd’hui le porte-parole du Kremlin. La popularité de Poutine en Russie s’est accrue du fait de l’annexion de la Crimée, mais l’Union européenne et les Etats-Unis ont jugé inacceptable cette modification de frontières et ont imposé des sanctions économiques à la Russie. La tension internationale n’a cessé de monter depuis lors, avec les graves affrontements intervenus récemment dans le Donbass, en Ukraine de l’Est, avec le soutien d’unités militaires russes.
