La dernière des réformes sociétales - France Catholique
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La dernière des réformes sociétales

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Pourquoi les réformes sociétales posent-elles au politique des questions sui generis, qui présentent un degré de gravité tout à fait exceptionnel ? Le fait n’est pas contestable en lui-même. Il suffit de considérer les passions qu’elles suscitent, les soins particuliers que supposent l’élaboration des lois à propos du mariage, de l’avortement, et, en ce moment, de la fin de vie, pour s’en persuader. Toutes font surgir des impératifs moraux et des risques de transgressions graves. Certes, l’action politique n’échappe jamais au contrôle de la conscience morale, mais l’affrontement avec les normes du bien et du mal y est souvent indirect. C’est la notion de prudence qui s’impose souvent et qui est caractéristique des cheminements complexes sur les sentiers de la vie sociale. Sur de tels chemins, le Bien se profile comme à l’issue, ou s’offre au détour de certaines alternatives. Avec les questions dites sociétales, le conflit est presque direct car ce qui est en cause c’est notre humanité même, dans sa dignité et dans ses fins.

La loi Leonetti sur la fin de vie, qui avait été votée avec beaucoup de précautions en 2005, voulait dégager un consensus national, supérieur aux divisions parlementaires classiques. Fallait-il revenir sur cette loi, au risque de rompre son équilibre interne et de susciter une grave crise nationale ? François Hollande a bien senti le danger, ne désirant pas que le pays connaisse à nouveau les affres d’un conflit aussi profond que celui provoqué par la loi Taubira. Force est cependant de constater que les compléments apportés à la loi Leonetti, sans répondre à toutes les attentes des partisans déclarés de l’euthanasie, contribuent à troubler les frontières de la transgression. Soulager les souffrances devrait être le but commun, avec le développement des soins palliatifs. Mais soulager n’est pas la même chose que donner volontairement la mort. Des objections déterminantes sont faites au nouveau projet de loi. Elles ne sauraient être écartées au prétexte qu’elles empêcheraient de nouveaux droits. La puissance politique n’a pas l’autorité de transgresser les lois non écrites.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 15 décembre 2014.