La beauté au service de la vérité : Les Musées du Vatican - France Catholique
Edit Template
La justice de Dieu
Edit Template

La beauté au service de la vérité : Les Musées du Vatican

Copier le lien

Nous, les chrétiens, croyons en une longue liste de « vérités » qui semblent improbables, mais pas impossibles. Nous pensons que la race humaine n’est pas qu’un produit dérivé accidentel d’une sélection aléatoire. Que l’esprit humain n’est pas que l’effet secondaire de réactions électrochimiques à l’intérieur de nos fragiles cerveaux organiques. Que les actions que nous accomplissons en quatre-vingts ans de vie ou même moins sur cette planète présentent une importance qui survivra à toutes les galaxies. Que la personne humaine est, du fait même de sa création, une fenêtre sacrée ouverte sur l’éternité. Que toutes ces vérités sont garanties par le fait que le Créateur dont l’essence et l’existence se confondent a parlé à l’homme et rétabli une relation qui avait été rompue par nos premiers parents. Qu’Il a parlé d’une voix humaine et qu’Il a livré sa vie d’homme pour en faire un pont qui nous relie à nouveau à Dieu.

Aucune de ces croyances ne semble extrêmement probable. Mais il en va de même d’une longue liste d’autres sujets, comme la cohérence de l’univers matériel, l’apparition de la vie, ou le développement de la conscience humaine dans le cerveau d’un singe bipède.

Il est aussi fortement improbable qu’un très beau documentaire sur un ensemble de poussiéreux musées italiens puisse servir à faire progresser la foi en un ascétique rabbin itinérant nommé Jésus-Christ. Pour les cyniques à courte vue, le message du film The Vatican Museums qui va bientôt sortir risque de se résumer à cette idée simpliste : les papes règnent sur la cité du Vatican à Rome où de nombreuses œuvres d’art classiques ont survécu à l’effondrement de la civilisation antique provoqué par les invasions barbares et le boycott paralysant du commerce avec l’Europe chrétienne imposé par les musulmans.

Ces œuvres d’art, comme il s’avère, furent revendiquées par les papes pour réclamer avec plus de légitimité l’héritage politique du prestigieux empire romain. Les papes rassemblèrent et conservèrent donc ces trésors de la même manière que les rois de France ou les tsars de Russie collectionnèrent les œuvres d’art : pour renforcer la gloire de leurs empires et pour impressionner et mieux soumettre leurs sujets.

Tout ceci est vrai, comme il est vrai que, quand notre cerveau est atteint, nous perdons conscience, et que la vie humaine peut sembler n’avoir guère de valeur quand elle est traitée de cette façon. Mais une autre vérité se cache sous la surface. Les papes qui recueillirent avec soin les œuvres d’art du monde antique et s’en firent les conservateurs pour devenir ensuite les mécènes de l’art de la Renaissance avaient des raisons inconscientes plus profondes qui les motivaient même quand leurs motivations conscientes relevaient surtout de l’ambition séculière.

Les papes qui empêchèrent les Romains soucieux d’économie de casser des statues antiques pour en faire des matériaux de construction, qui placèrent dans des églises chrétiennes des œuvres d’art glorifiant des dieux païens, étaient inspirés par un autre mobile : une vision de la personne humaine et de son importance que le christianisme fut le premier à révéler à l’Occident. La conviction que la vie est un don qui implique un Donateur poussa les chrétiens persécutés à sauver les nourrissons abandonnés sous les murs de Rome ; à recopier inlassablement les précieux manuscrits de l’Antiquité classique ; à ouvrir des écoles et des hôpitaux pour les pauvres pendant l’Âge des ténèbres quand l’effondrement des systèmes politiques et les invasions étrangères mirent presque fin à la culture européenne ; à créer une nouvelle civilisation chrétienne qui donna naissance à des cathédrales et à des universités ; à adopter et vénérer les grandes œuvres du passé de l’Europe, et à faire s’épanouir à la Renaissance un art sublime qui révélait la bonté de Dieu dans la grandeur et la misère de l’homme.

La Renaissance, il est vrai, comporta sa part d’erreurs. Ses humanistes cultivèrent un snobisme béotien à l’égard de leurs récents ancêtres, en méprisant l’esthétique « barbare » de Chartres, et les poèmes très religieux de Dante. Mais dans les cas les plus marquants, les penseurs, artistes et théologiens de la Renaissance agissaient dans l’esprit que le pape Benoît XVI a invoqué dans son grand discours de Regensburg, c’est-à-dire en recueillant les meilleurs instruments mis au point en Grèce et à Rome et en les utilisant pour explorer et développer la Révélation de Dieu à l’homme qui nous a été transmise par les Juifs.

Dans ses profondes réflexions sur l’humanisme chrétien, saint Jean-Paul II a qualifié la venue du Christ de révélation de l’homme à lui-même par la kénose. Ce faisant, il reprenait la pensée des théologiens de la Renaissance qui voyaient la pierre angulaire du salut humain plus dans l’Incarnation que dans la Passion. C’est à la Renaissance que les prêtres et les fidèles commencèrent à s’agenouiller durant le Credo au passage « et incarnatus est » pour honorer le moment où Dieu l’Eternel prend chair dans le sein d’une femme.

Tandis que nous nous efforçons de rétablir dans notre culture un amour actif et passionné de la personne humaine créée à l’image de Dieu, il n’y a pas de vision plus sublimée que l’art de la Renaissance chrétienne qui a répété que la gloire de l’homme était l’ombre et le reflet de celle de Dieu, comme nous le voyons et le sentons dans la fresque de la Création de Michel-Ange.

Je recommande vivement le film The Vatican Museums aux étudiants, enseignants, catéchistes et amateurs d’art. Très bien filmé, accompagné d’un commentaire érudit du conservateur en chef des musées du Vatican et présenté en version 3-D haute définition, The Vatican Museums est bien plus qu’un film pédagogique. C’est un catalyseur qui nous rappelle que la vie humaine est bonne, que le marbre informe et bosselé du quotidien est transformé, peu à peu, par la main d’un artiste parfait, en formes magnifiques qui prendront vie lors de la Résurrection de la chair, quand nos corps seront devenus parfaits et que nous marcherons aux côtés de l’Homme parfait sur une Terre rétablie dans une gloire que le péché ne pourra pas détruire.

Pour voir The Vatican Museums qui sera bientôt projeté dans les meilleures salles, consulter le site Movietomovement.com.

Lundi 24 novembre 2014

http://www.thecatholicthing.org/2014/11/24/beauty-serving-truth-the-vatican-museums/

Photographie THE VATICAN MUSEUMS 3 D. Visitez la plus grande collection d’œuvres d’art de toute l’histoire

Sur le même sujet, lire aussi : http://www.france-catholique.fr/Merveilles-des-Musees-du-Vatican.html