Courteline a dû se retourner dans sa tombe : il a raté un grand moment d’hilarité grinçante mais surréaliste. Une petite juge de Rodez vient de lui souffler la vedette du moment le plus grotesque de l’histoire de l’administration française pourtant fertile en épisodes cocasses.
Cette jeune magistrate assesseur d’un très sérieux tribunal chargé d’affaires au pénal est sortie des coulisses de l’exploit pour prendre en covoiturage et convoyer deux accusés de droit commun d’un procès dont elle était chargée… Et pour quel procès ce conciliabule s’est-il déroulé dans la voiture de cette juge soit insouciante, soit irréfléchie, acceptant de prendre des clients du site si joliment appelé « Blablacar » ? Oh ! Rien que celui du massacre de Millau où 18 individus ont été accusés d’avoir assassiné sauvagement un jeune Antillais de 20 ans lors d’une expédition punitive… Une broutille sans importance dans la « France Orange mécanique » si bien décrite il y a peu !
Et voici que notre juge, digne représentante des dignes fonctionnaires de la magistrature française de 2014, engage dignement la conversation avec ses deux passagers du moment, un certain Vincent et un certain Joshua, ceci… après avoir tranquillement indiqué ses dignes fonctions sur le bien nommé site internet de covoiturage « Blablacar ». Et en voiture Simone ! Les deux lascars ont non moins tranquillement devisé du déroulement du procès avec les deux accusés, sur le trajet menant de Montpellier à Rodez, dans une atmosphère de saine convivialité routière, nul n’en doutera.
Et voici comment la Justice française roule désormais, à moins qu’elle ne se laisse rouler. Les magistrats seront-ils désormais fréquemment appelés au téléphone par des prévenus, prévenus à tous les sens du terme, pour les transporter d’aise comme des chauffeurs de taxi devenus copains, mais surtout pour leur commenter d’avance en roulant leur sentiment sur… le déroulement des affaires en cours ?
Décidément, à l’heure de Mme Taubira, les relations entre la Justice de la République socialiste et la Cour des Miracles de la Délinquance vraie ou supposée connaissent des courants favorables et chaleureux. Il ne manque plus que les félicitations des jurys d’assises…