Sur cette page mardi, Hadley Arkes a présenté une préoccupation très importante sur la manière dont les convictions des plaignants dans le cas Hobby Lobby, la famille Green, ont été décrites par le Tribunal.
Dans le style d’autrefois, « la religion » était réduite simplement aux déclarations de « croyance » tenue « sincèrement ». Les Green déclaraient « croire » que la vie humaine commençait à la conception. C’est une proposition ancrée dans les manuels d’embryologie, mais elle a été réduite ici à une simple « croyance – comme en fait la religion elle-même a été réduite à une simple « croyance » sans une base de raison.
L’observation d’Hadley est évidemment correcte. Mais elle n’est pas unique à cette opinion. C’est en grande partie la manière dont les juristes et les élites universitaires caractérisent souvent les croyances religieuses qui semblent constituer une menace pour le compte libéral et dominant de la bonne vie. Plutôt que de décrire la conviction religieuse comme une rivale intellectuellement sérieuse pour le compte libéral du sujet contesté, la conviction religieuse est présentée comme un sujet tout à fait différent.
La raison en est, il me semble, que ces critiques de religion pensent à tort que toutes les croyances religieuses sont simplement l’expression de ce qu’on a appelé historiquement révélation spéciale et à laquelle le croyant a accès par l’Ecriture Sainte (par exemple la Bible, le Coran) et/ou l’autorité ecclésiastique.
Donc, pour l’universitaire laïc typique, la conviction d’un catholique qu’un embryon est une vraie personne (ce que croit la famille protestante Green) n’est pas différente de sa croyance dans la doctrine de transsubstantiation.
Ainsi, pour le laïc, tout comme la croyance catholique de la consécration du pain et du vin ajoute une dimension religieuse que l’on ne trouve pas dans l’examen purement scientifique du pain et du vin, la vue catholique de l’embryon ajoute une dimension religieuse au récit purement laïque de la vie qui commence.
En employant ce tour de main, le laïc est capable de résoudre la question pour le cas disputé en faisant comme si c’était vraiment une question de deux sujets prétendument incommensurables – la foi et la raison – plutôt qu’un sujet avec deux réponses contraires à la même question : l’embryon est-il l’un de nous ?
Comme Hadley le fait justement remarquer, les enseignements de l’embryologie sont immensément utiles ici. Mais pour le laïc plus sophistiqué – celui qui nie que l’embryon est une personne mais accepte qu’il est humain – le défenseur de la vie doit utiliser les ressources de la philosophie puisque ce sont ces ressources que le laïc sophistiqué utilise aussi pour plaider son cas.
Le critique laïque avance que ce qui fait d’un être un sujet moral c’est sa capacité actuelle d’accomplir certains actes que nous attribuons typiquement à des personnes, par exemple la capacité de communiquer, d’avoir un concept de soi-même, etc. Ainsi donc, pour le critique laïc, un embryon n’est pas un sujet moral, c’est-à-dire. une personne.
Bien que le défenseur de la vie ne conteste pas que les personnes puissent faire ces choses, il n’est pas d’accord que de les faire fait qu’un être humain est une personne. Plutôt, les actes personnels sont des perfections du genre de chose qu’un embryon est, un être ayant un caractère personnel. C’est pourquoi un homme aveugle, inconscient, ou handicapé dans son développement est toujours un homme. Notre jugement quant à ce qui lui manque implique que nous savons ce qu’il est. Ainsi, pour le défenseur de la vie, l’embryon est l’un de nous à cause de ce qu’il est et non de ce qu’il fait.
Donc, la conviction de la famille Green n’est « religieuse » ni plus ni moins que celle du laïc. Car chacune offre une réponse à la même question, bien que dans les limites des traditions contraires de réflexion philosophique.
Mais cela signifie que la position de la famille Green — que l’embryon humain est vraiment l’un de nous depuis son tout commencement — n’est pas une réponse qui résulte seulement d’un décret ecclésiastique ou de l’exégèse scripturale, bien que ce soit une réponse étroitement liée à ces autres ressources. C’est plutôt le résultat du même genre de raisonnement que celui tenu par le critique laïc de la religion : l’analyse philosophique d’une réalité empirique.
Dans ce cas, certains critiques de l’opinion de la Cour sur Hobby Lobby — ceux qui la décrivent comme une victoire de la foi sur la raison — soit ignorent la nature du débat soit savent s’ils sont honnêtes au sujet de sa nature, que cela n’avancera pas leur ordre du jour politique.
Si c’est le premier cas, alors il y a l’espoir d’une entente mutuelle et d’une discussion publique sérieuse mais respectueuse. Si c’est le dernier(et je crains que ne soit le cas), alors nous avons affaire à des adversaires qui non seulement rejettent la foi, mais tout aussi bien la raison. Adiuva nos Domine Deus.
Illustration : Analyse philosophique d’une réalité pratique.
Vendredi 4 juillet 2014 : http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/sola-scriptura-secularism-and-hobby-lobby.html