Inès Pélissié du Rausas, S’il te plaît, papa, c’est beau l’amour ? Que dire à mon fils préadolescent ? - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Inès Pélissié du Rausas, S’il te plaît, papa, c’est beau l’amour ? Que dire à mon fils préadolescent ?

Après S’il te plaît, Maman, parle-moi de l’amour, Que dire à ma fille préadolescente de 9 à 13 ans ? Inès Pélissié du Rausas récidive. Cette fois à destination des pères de préadolescents garçons. Elle propose un parcours pédagogique, truffé de témoignages. Sans vulgarité, toutes les questions sont abordées. Illustrations : Pascale Marquet. Éd. Saint-Paul. 92 pages - 12 e.
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Pourquoi revenir sur le rôle des pères à l’égard de leurs fils ?

Inès Pélissié du Rausas : Parce les fils ont besoin de leur père. Désespérément besoin. Un garçon ne peut pas s’identifier à une femme pour devenir un homme, même si elle est, selon le mot de Jacques Salomé, une « hyper-mère ». Il a besoin d’une figure masculine à imiter, à suivre. Et dans la famille, cette figure masculine est le père. C’est lui que le fils va pouvoir imiter. Si le père manque, l’enfant aura besoin d’une figure masculine de substitution — un grand-père, un oncle, son parrain, ou même un frère aîné.

Si le père montre à l’enfant comment s’identifier à son sexe, il joue aussi le rôle indispensable du « séparateur » : le monde, ce n’est pas seulement « Maman et moi ». Il lui révèle qu’il n’est pas tout-puissant, et il l’introduit dans le monde réel, dont il lui explique les règles de vie. La mère est habituellement plus protectrice, « maternante », et son amour permet à l’enfant d’avoir confiance en lui. Le père, lui, fait avancer l’enfant « au large », en l’accompagnant, et son amour permet à l’enfant d’acquérir une bonne estime de soi. L’enfant doit savoir que son père croit en lui, qu’il le sait « capable de » malgré ses limites et ses échecs. D’une certaine façon, le père est le « gardien » des capacités et des dons de son fils !

Il est nécessaire de revaloriser aujourd’hui le rôle des pères, parce que le modèle de compréhension, recherche du consensus… Mais l’enfant a besoin des deux manières d’aimer, la féminine, et la masculine, et les pères aujourd’hui cherchent à retrouver leur véritable rôle. Le féminisme nous l’avait fait perdre de vue.

Le père est-il le mieux placé pour parler de puberté ou de sexualité ?

Bien sûr mais cela ne lui est pas pour autant facile ! Souvent, son propre père ne lui a rien dit, et il garde de sa propre adolescence un souvenir mitigé. Il va lui falloir du temps, de la patience, de l’amour finalement pour « apprivoiser » son fils, pour créer avec lui une relation de confiance et d’intimité vraie. Sur ces sujets, il lui faudra sans doute aller au-devant des questions de son fils, ne pas les attendre si elles ne viennent pas. En trouvant une activité qui ménage leur pudeur à tous les deux, en s’appuyant sur un livre qui lui donne les bons outils pour parler. C’est plus simple qu’il ne le pense, et après ces conversations, parents et enfants sont en général très heureux.

Votre expérience d’écoute de jeunes et de parents en difficulté vous aide-t-elle à faire éviter les écueils de la pudibonderie et du « tout sexuel » ?

Donner des conférences et rencontrer beaucoup de parents, puisque c’est à eux que je m’adresse, m’a permis de toujours mieux cerner leurs difficultés et d’en saisir les évolutions. Quand j’ai commencé à donner ces conférences, la pudeur était assimilée à la pudibonderie. On était encore dans la mouvance libertaire de Mai 68, et beaucoup d’auteurs, chanteurs, journalistes, etc., faisaient l’apologie de la pédophilie, voire de l’inceste. Aujourd’hui, il y a la promotion du Gender à l’école, c’est-à-dire de la promotion auprès des enfants, de la possibilité du choix d’une orientation et de comportements sexuels déconnectés du sexe biologique. Cela provoque beaucoup de confusion.

Je rencontre des parents qui ont une grande soif de formation dans le domaine éducatif ; ils ont besoin qu’on les aide à se réapproprier l’éducation affective et sexuelle de leurs enfants, sans complexe ! Ils ont envie de dire à leurs enfants que l’amour, c’est beau. Il faut leur donner les mots, les aider à dire à leurs enfants que la sexualité, c’est ce qui nous permet d’aimer, de parler le langage du corps pour exprimer l’amour qui déborde du cœur. Et cela, d’autant plus que l’enfant a accès à des contenus pornographiques sans même les avoir cherchés, des contenus qui véhiculent des idées fausses, et qui dévaluent le corps et l’amour.

Pour cela, l’expérience, l’écoute, les rencontres ne suffisent pas.

Il n’y a pas de référence catholique. Par­tez-vous de la morale naturelle ?

Il n’y a pas de sexualité catholique ! Je parle de la sexualité humaine, des aspirations du cœur humain, du langage du corps humain. Et ce message peut aider tout parent avec son enfant… Il suffit d’être humain, très humain pour comprendre. Ceci dit, une expression comme celle du « langage du corps » est évidemment empruntée à la Théologie du corps. Mais elle… est universelle, assez poétique, et, d’expérience, bien reçue. Ce qui est vrai touche le cœur.

Vous remerciez Philippe Ariño pour son aide. Sur quels thèmes son approche peut-elle aider les pères ?

Ses livres L’homosexualité en vérité et L’homophobie en vérité sont très éclairant. Ils m’ont aidée à préciser certains points. Ils mettent en garde contre la tentation d’ « essayer pour voir » toutes sortes d’expériences sexuelles, dont l’expérience homosexuelle, en montrant que ce n’est jamais anodin. Que le corps, la mémoire, en gardent l’empreinte. Qu’il faut réfléchir avant d’agir, et ne pas céder à la pression bisexuelle. Son témoignage et sa réflexion peuvent beaucoup aider les pères à dire les choses à leur fils, clairement et simplement.

Car nos fils ont besoin d’être prévenus : ils peuvent être « dragués » dans un bus, dans un couloir d’école… Un homme averti en vaut deux !

Concrètement, que dire à un préadolescent sur l’amour ?

Beaucoup de choses que je viens de vous dire… Et, pèle mêle :

– Lui faire découvrir la beauté de son corps, sa finalité, son sens. La beauté du corps féminin aussi, sa perfection. L’admiration entraine la fierté et le respect de soi et de l’autre, et la responsabilité de son corps. Ton corps est fait pour aimer et donner la vie ! Aimer cela s’apprend, c’est une relation ; donner la vie, j’en suis responsable. L’enfant est apaisé et rassuré de connaître la valeur de sa masculinité.

– « Que mon corps, c’est moi, que ce qu’il vit je le vis aussi » : les expériences précoces abîment et font souffrir ; je me rappelle que le pilote dans l’avion, c’est moi : je réfléchis avant d’agir, je dis oui ou non, si je le veux à l’intérieur de moi. J’apprends à dire oui à l’amour, à rester sur la route de l’amour, et non à ce qui abîme, enferme, isole.

– Parfois je ressens beaucoup de choses en moi. Dans mon cœur, et dans mon corps. Mais je sais que sentir n’est pas consentir. C’est moi qui décide de ce que je vais faire de mes émotions, des avertissements de mon corps.

– Et si je suis « allé trop loin ? » Je ne m’inquiète pas, c’est humain d’avoir des fragilités. Mais je suis libre, je peux changer, choisir de me préparer à aimer pour de bon, et accepter que cela prenne du temps, de mûrir. Je cherche à me faire aider !

– Je développe des relations d’amitié vraie, car cela va m’ouvrir aux autres, m’apprendre à entrer en relation, et à aimer, et une activité sportive, car cela va me donner un corps vigoureux, me détendre et me mettre en forme.