Fin des ABCD de l’égalité à l’école ? Oui, c’est une certitude. Nous saurons aujourd’hui par quoi ils seront remplacés. À ceux qui parlent de lâchage, MmeValaud-Belkacem rétorque qu’il n’est nullement question d’abandonner le grand objectif d’égalité des sexes. Bien au contraire, dit-elle : « Nous allons passer à une étape où toutes les écoles, tous les enseignants, tous les élèves sont concernés ». Et d’en rajouter en parlant de dispositif « très ambitieux ». On jugera sur pièce. Mais en analysant un peu froidement le problème, j’ai le sentiment que le gouvernement change de pied, comme on dit. Car le projet de Vincent Peillon était bien de généraliser l’expérience réduite des ABCD.
Je doute qu’on fasse un peu la même chose sous un autre nom. Tout d’abord, les ABCD étaient l’affaire d’une petite équipe, très motivée idéologiquement et qui n’avait pas les moyens de passer à une vitesse supérieure, faute de faire entrer l’ensemble des enseignants dans ses modèles théoriques et ses convictions militantes. Il est probable qu’on donnera, pour la prochaine rentrée, des consignes d’ordre très général, qui pourraient beaucoup moins prêter à controverse. Benoît Hamon ne peut s’offrir le risque d’une contestation de grande ampleur qui pourrait remobiliser les foules dans la rue. François Hollande et Manuel Valls veulent l’apaisement, et on a bien vu, à propos de la loi sur la famille, qu’ils n’étaient pas disposés à faire des réformes trop clivantes.
Il n’empêche que le débat reste ouvert. Il y a bel et bien tentation à gauche d’intervenir de façon très intrusive, dans le cadre de l’école, pour imposer un certain état d’esprit aux enfants. Par ailleurs, on peut penser qu’il y a beaucoup à faire en faveur de la promotion professionnelle des femmes, sans être obligé d’adopter une philosophie élaborée dans des cercles militants très typés. Il y a encore du pain sur la planche et il n’est pas question de se démobiliser !