Au Soudan, la liberté religieuse bafouée - France Catholique
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Au Soudan, la liberté religieuse bafouée

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C’est avec une douloureuse surprise que nous avions appris la condamnation à mort, au Soudan, d’une chrétienne pour apostasie. Née d’un père musulman, Meriam Yahia Ibrahim Ishag, âgée de 27 ans, avait été jugée, le 15 mai dernier, par une cour criminelle, en vertu de la loi islamique en vigueur dans le pays. L’information avait provoqué de nombreuses réactions dans le monde, d’autant que la jeune femme allait accoucher d’une petite fille en prison. Les diplomates mettaient en avant les lois internationales mais aussi les droits constitutionnels soudanais qui reconnaissent la liberté religieuse. Mais il semble bien que c’est l’esprit et la lettre de la charia qui se soient imposés dans le cas de cette chrétienne, qui, par ailleurs, ne reconnaît aucune apostasie, n’ayant jamais été de confession musulmane.

Devant l’indignation générale, on apprenait que la jeune femme pourrait être bientôt libérée. Mais le gouvernement démentait aussitôt la nouvelle, renvoyant à la poursuite de la procédure, c’est-à-dire à la décision de la cour d’appel saisie par les avocats de la condamnée. On ne peut qu’espérer le dénouement de cette malheureuse affaire en tablant sur la poursuite de la pression de l’opinion internationale. Mais comment ne pas déplorer la tendance d’un certain nombre de pays musulmans à rompre avec les principes de la liberté de conscience et de la liberté religieuse, pour s’enfermer dans les prescriptions inhumaines de la charia, qu’aucun motif proprement religieux ne saurait justifier ?

La déclaration sur la liberté religieuse de Vatican II n’était nullement un document contingent de caractère opportuniste. Il s’inspirait d’une doctrine sérieuse sur les conditions mêmes de l’adhésion à la foi qui, en aucun cas, ne saurait relever d’une contrainte extérieure. Cette argumentation de nature théologique rejoint la philosophie naturelle la mieux partagée. Il devrait y avoir un consensus général sur ce qui relève de la décision la plus intime des personnes. Pourtant, le cas de Meriam n’est malheureusement pas isolé, et il y a d’autres pays, tel le Pakistan, où ces droits fondamentaux sont constamment violés. Nous ne pouvons que protester avec la plus grande énergie contre ce déni de dignité, qui atteint certes les chrétiens de façon directe mais concerne tous les hommes et toutes les femmes, dans la mesure où la liberté religieuse est au fondement même de toute charte des droits de l’humanité.