« Viri Galilei, quid admiramini, aspicientes in coelum ? » La mélodie grégorienne me revient régulièrement en tête, tellement son mouvement est expressif de l’événement de l’Ascension du Seigneur. « Hommes de Galilée, pourquoi vous étonnez-vous à regarder le ciel ? De la même façon que vous l’avez vu monter vers le ciel, ainsi il reviendra ! » C’est tout le paradoxe fécond de la venue du Christ parmi nous, qui quitte cette terre, tout en nous annonçant son retour. Il ne nous laisse pas orphelin, puisque l’Esprit paraclet sera accordé à son Église pour maintenir mystérieusement, sacramentellement sa présence ici-bas. D’où cette tension qui nous fait à la fois solidement habitants de cette terre et citoyens du Ciel. Le Royaume est en construction ici-bas et il s’instaure dans l’attente de la Parousie.
Comment ne pas y penser, en revivant le tout récent voyage du Saint-Père en Terre sainte ? François n’a rien ignoré de ses difficultés et de son intime déchirure. Il a voulu être au plus près de ce que vivent ses populations, et il aurait aimer s’attarder encore plus auprès des uns et des autres, si les exigences de la sécurité ne s’étaient interposées entre lui et la ville de Jérusalem, par exemple. S’il a proposé à Shimon Peres et à Mahmoud Abbas de venir prier avec lui à Rome, ce n’est pas parce qu’il prétendait faire mieux que les politiques et les diplomates sur leur terrain. C’est que vicaire du Christ, sa mission consistait à rappeler l’alliance de la terre et du ciel, et les correspondances de l’humanité avec Dieu.
Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de l’Œuvre d’Orient, a pu dire : « François a su être politique en étant religieux, exclusivement religieux. » D’où la perplexité compréhensible de ceux qui connaissent la difficulté d’une solution au conflit et savent aussi comment la rencontre des religions n’est pas si évidente. Mais n’est-ce pas une raison déterminante pour solliciter cette dimension religieuse apte à réunir et à guérir ?