Retiendra-t-on l’image de François priant, la main posée contre le mur de séparation entre Israéliens et Palestiniens, comme on a retenu l’image de Jean-Paul II au mur des Lamentations à Jérusalem ? Le symbole est singulièrement fort. C’est comme si le pape avait voulu désigner le mur qui fait mal, sans intention polémique à l’intention de ceux qui l’ont construit. Ce mur qui signifie la séparation, et donc l’impossibilité actuelle de se retrouver, de s’ouvrir mutuellement les bras, est le signe sensible de la douleur de la Terre sainte. Pour porter remède à cette douleur, le pape a fait la seule proposition, qu’en tant que chef spirituel à l’école du Prince de la Paix, il pouvait présenter : inviter le chef de l’État israélien et le président de l’Autorité palestinienne à prier avec lui à Rome en faveur de cette paix qui se dérobe depuis si longtemps.
Du point de vue de la Realpolitik, on peut trouver cela illusoire, ou pour le moins problématique. Mais on ne peut éviter la question religieuse en Terre sainte, même si le conflit ne peut pas se définir en termes purement confessionnels. François s’est adressé à deux hommes, Shimon Peres et Mahmoud Abbas qui, l’un et l’autre, ont fait référence, dans leurs discours de bienvenue, à des notions spirituelles, et même bibliques pour le premier. La prière est un exercice bien singulier dans le cadre d’un conflit politique, surtout lorsqu’il concerne des hommes d’État. La culture anglo-saxonne s’y reconnaîtra sans doute plus aisément que notre culture républicaine laïque. Mais pourquoi ne pas laisser sa chance à cette médiation inédite ?
Ce qui se déroulait du côté de Bethléem et de Jérusalem n’était pas étranger à la conjoncture internationale de ce dimanche. Ce qui se passait en Europe et en Ukraine participait aussi de phénomènes de civilisation, où l’identité culturelle et religieuse est également sous-jacente. Et lorsque les malaises se traduisent par une tragédie comme à Bruxelles, on se dit que c’est le cœur humain blessé qui est en cause et qui est en quête d’une guérison intérieure.