"Sensus Fidelium" et piété populaire. - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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« Sensus Fidelium » et piété populaire.

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Tout récemment j’ai suggéré qu’il ne faut pas confondre « Sensus Fidelium » et sondage d’opinion auprès de ceux qui cochent « catholique » sur les questionnaires. Selon la Commission Internationale de Théologie « « Sensus Fidelium » ne reflète pas l’opinion majoritaire d’une époque ou d’une culture. Le « Sensus Fidelium » [sens des fidèles] est le « sensus fidei » [sens de la foi] du peuple de Dieu, ensemble de ceux qui se soumettent à la parole de Dieu…

Ainsi donc le « Sensus Fidelium » est le sens de la foi profondémpent ancrée chez le peuple de Dieu qui reçoit, comprend et vit la Parole de Dieu en l’Église.»
« Ceci est actuellement d’une grande importance, — ajoutait S.S. Benoît XVI — pour distinguer l’authentique « Sensus Fidelium » de ses contrefaçons. En fait ce n’est pas une sorte d’opinion publique au sein de l’Église, et il est impensable de le citer à l’encontre des enseignements du Magistère. Le « sensus fidei » ne peut s’épanouir vraiment chez le croyant que s’il (ou elle) participe à la vie de l’Église, ce qui implique une pleine adhésion à son Magistère. »

Ce sont des avertissements importants, mais qui ne suffisent pas. Pour faire la distinction entre le « Sensus Fidelium » et ses contrefaçons, il est aussi crucial d’insister sur ses expressions authentiques. Si le « Sensus Fidelium » n’est pas « l’opinion publique » de l’Église, alors, de quoi s’agit-il ?

S.S. François exprime des idées intéressantes en ce domaine dans sa récente exhortation apostolique « Evangeli Gaudium » (la joie de l’Évangile), où il parle davantage du « sensus fidei » en termes d’obligation de prêcher et vivre selon la Parole de Dieu dans notre vie et notre environnement culturel plutôt que (comme on en a souvent tendance) selon ce que l’on a le droit de faire. Le Pape déclare : « En raison de leur baptême, tous les fidèles, quelle que soit leur formation religieuse, ont vocation à être agents d’évangélisation. Il ne suffirait pas — insiste le Saint Père — de prévoir un programme d’évangélisation par des professionnels alors que le reste des fidèles ne consisterait qu’en auditeurs passifs.» Alors, quand on pose la question du « Sensus Fidelium », il faudrait demander: « Où et comment trouver des gens vivant vraiment les rudes exigences de l’Évangile? »

Dans un autre paragraphe, S.S. François parle de l’importance de la culture (un sujet favori pour Jean-Paul II) et de la vie selon l’Évangile en harmonie avec la culture, véritable levain de la société. Et c’est en ce contexte que le pape insiste sur l’importance de la piété populaire. « La piété populaire — déclare le pape — nous permet de mesurer comment la foi reçue imprégne une culture, et se répand constamment. La piété populaire — ajoute-t-il — révèle une soif de Dieu que seuls les pauvres et les humbles peuvent éprouver. Elle donne aux gens générosité et esprit de sacrifice, jusqu’à l’héroïsme, lorsqu’il est question de témoigner de ses croyances.» Cet héroïsme discret ne retentit pas comme une réponse à un sondage.

Des manifestations de ce « sensus fidei » exprimant une « soif de Dieu », que seules les âmes simples des pauvres peuvent connaître? S.S. François cite: rouler ensemble pour aller à l’église, emmener des enfants de voisins, inviter d’autres enfants. Il cite également la foi solide de ces mères qui soignent leurs enfants malades et qui, peu familières avec les articles du credo s’accrochent à leur chapelet, allument un cierge en humble prière à la Vierge Marie, jettent un tendre regard chargé d’amour vers le Crucifix. Ce sont, insiste le pape, des manifestations d’une vie théologique authentique nourrie par l’œuvre de l’Esprit Saint agissant en nos cœurs. Ces exemples apportent-ils un peu de lumière sur la signification profonde du « sensus fidei » du peuple de Dieu ?

Oserons-nous ajouter les efforts de milliers de volontaires manifestant devant les cliniques d’avortement, tentant d’aider à résoudre les problèmes des femmes enceintes et de leurs enfants à naître? Ensemble avec le mouvement pro-vie se développe une popularité d’adoration eucharistique et de dévotion envers Notre-Dame de Guadalupe.

Si nous cherchons des exemples dans un récent passé, ou dans l’héritage des traditions culturelles léguées par nos prédécesseurs, nous pouvons nous tourner vers l’ensemble remarquable à travers le pays des écoles et hopitaux catholiques, tout comme vers la grande renaissance intellectuelle au vingtième siècle de la pensée Thomiste catalysée par le pape Léon XIII, ou encore le renouveau de la pensée actuelle sur l’éthique et la Loi naturelle. Ce sont, selon moi, avec les efforts innombrables de nos concitoyens pour donner vie au message de l’Évangile au sein de notre culture et de notre société, d’authentiques expressions du « Sensus Fidelium ».

Y aura-t-il à l’occasion de telles démarches des acteurs allant trop loin dans telle direction, et devant se faire remettre sur les rails par la sagesse du Magistère? Oui, l’Histoire nous montre de tels cas. Mais les autorités ecclésiastiques s’en mêlent rarement, et les rappels ne sont pas rares en provenance de divers bureaucrates religieux.

Les sondages par questionnaire écrit n’ont guère plus de portée que les réponses verbales spontanées. Pour aller au fond du « Sensus Fidelium » il faut creuser davantage. Il faut trouver ce que les gens mettent dans leurs prières, en particulier lors de crises ou de souffrances profondes. Il faut découvrir se que les gens désirent devenir, et quels projets les animent quand enfin ils ont décidé de prendre leur croix et de la porter.

Dans un sondage, on récolte des opinions, dans la prière, les gens mettent leur foi. Immense et unique différence permettant de porter un jugement sur l’authenticité du « Sensus Fidelium ».

The “Sensus Fidelium” and Popular Piety