Sur l'histoire du Premier Mai - France Catholique
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100 ans. Donner des racines au futur
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Sur l’histoire du Premier Mai

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Aujourd’hui Premier Mai, fête du travail. Il faudrait en reprendre tout l’historique qui se confond avec les luttes pour la reconnaissance syndicale, et plus particulièrement, à la fin du XIXe siècle, en faveur de l’obtention de la journée de huit heures. On peut, fort légitimement, établir des liens de continuité afin de développer un récit cohérent des luttes ouvrières jusqu’à aujourd’hui. Mais ce serait au détriment de la complexité d’un mouvement qui a connu de nombreuses luttes internes et des évolutions qui ont profondément affecté son identité. Entre l’anarcho-syndicalisme du début du XXe siècle et celui qui s’est de plus en plus organisé sous la coupe du Parti communiste, il y a des oppositions radicales. On est passé d’un monde à un autre, d’ailleurs aussi bien au plan idéologique que sur le terrain de la production industrielle. À une réelle aristocratie du travail a succédé la condition des ouvriers spécialisés dans le cadre du travail à la chaîne.

Dans les années 80, le syndicalisme a changé dans ses méthodes et ses modes de militance. Même la CGT, après la CFDT, est devenue réformiste. Et aujourd’hui, on en est à s’interroger sur les liens des ouvriers avec la gauche. Le Front national est devenu, électoralement, le premier parti ouvrier de France, et certains, au Parti socialiste, préconisent une rupture avec ce secteur sociologique, pour conquérir un autre électorat. C’est l’identité de la gauche qui est en cause, comme l’a montré le philosophe Jean-Claude Michéa.

Par ailleurs, a-t-on fait réellement le bilan sur la domination communiste dont le déclin s’achève avec la perte des dernières places fortes municipales ? Sûrement pas. Je lis dans Le Monde des livres qu’Antonio Gramsci, qui fut un phare intellectuel à l’encontre du dirigisme stalinien n’avait cessé d’être sous la surveillance de l’appareil, qui, non content de censurer ses écrits s’en appropriait l’héritage. C’est un aspect douloureux de cette histoire qui se poursuit toujours et notamment en ce Premier Mai.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 1er mai 2014.