Que la tension médiatique se soit portée sur un lycée catholique de Paris n’est pas chose innocente. J’ai déjà formulé mon avis là-dessus en mettant en évidence une guérilla idéologique qui fait feu de tout bois, pour alimenter ses offensives. Je reconnais aussi qu’il y a une réelle difficulté, lorsqu’il y a ce type d’affrontements : c’est l’impossibilité de se trouver dans une situation de neutralité. Avouons très volontiers que nous sommes partie prenante dans le conflit. Même si nous essayons d’être équitable sur les faits, les intentions, ne serait-ce que pour être en règle avec notre conscience, nous défendons des positions à l’encontre d’adversaires dont il faut souhaiter qu’ils ne deviennent pas carrément des ennemis. Mais il vaut mieux être clair là-dessus. Nous ne sommes pas dans une joute académique et nos points de vue ne sont pas exprimés depuis Sirius. Nous sommes bel et bien engagés jusqu’au cou à nos risques et périls.
Ce qui ne rend pas l’affaire plus facile, c’est le statut de l’école catholique, qui, depuis la loi Debré, nous introduit dans des contradictions presque impossibles à arbitrer. Si d’un côté, la loi reconnaît le caractère propre de l’école, c’est-à-dire sa spécificité religieuse, elle impose, par ailleurs, un accueil indifférencié à l’ensemble du public scolaire. Comment trouver la bonne ligne, celle qui concilie affirmation d’une identité et respect d’élèves dont les convictions sont contrastées ? C’est vrai qu’il y a parfois d’heureuses surprises. On s’aperçoit que les enfants de familles musulmanes respirent plus librement dans des institutions où Dieu est reconnu et honoré. Parfois, c’est carrément le conflit comme dans le cas de notre lycée parisien. Nous n’avons pas fini de suer sang et eau sur la proposition de l’Évangile à l’école, un Évangile non édulcoré, dans le respect des non-chrétiens. Mais ne soyons pas naïfs non plus. Les exigences qu’on nous impose, où sont-elles suivies sérieusement ? Le discernement dont nous parlons devrait concerner l’ensemble du système éducatif et ne pas épargner les experts de la guérilla idéologique en cours.