Premier Avril, poisson d’avril : « Car ce qui est folie de Dieu ….» (1 Co, 1 : 25) – Ohé! les gars, camarades ! Vous, nul d’entre vous ne vient de la poussière des étoiles. Vous êtes en fait des Terriens. Vous avez été « modelés » à partir de « boue ». Et vous redeviendrez « poussière ». Et ce n’est pas tout. Vous vous situez entre néant et divinité, entre cosmos et éternité. Vous êtes. La lueur de vos yeux provient de la Lumière Perpétuelle qui brille sur vous. Ex nihilo, nihil fit.
La parole se répand. Les membres de votre espèce affirment maintenant : « J’ai le droit de faire de moi-même ce que je veux. » Sans blague ? Essayez, pour voir. N’y a-t-il pas de miroirs sur votre planète ? Vous avez été créés libres d’avoir des idées farfelues. Pas par erreur. Voyez si vous pouvez faire de vous un meilleur « moi-même ». Et digne d’être regardé ? Jetez donc encore un coup d’œil dans le mirroir.
Vous pouvez être aussi libre que vous le désirez, dites-vous ? Ciel et terre ne montrent-ils pas que vous n’êtes pas destiné à être ce que vous êtes ? En êtes-vous certain? Si vous avez décidé de faire ce que vous voulez, vous êtes un peu sot. Les vers de terre, les putois, et les gentils animaux de compagnie font ce qu’ils ont à faire. Pas vous. Vous blaguez, ne dites pas le contraire.
À propos, les cieux, la terre, et toutes les créatures qui nagent, volent, rampent alentour sont une espèce particulière d’objets. Bien à leur place. Selon les lois régissant le monde, vous êtes capable de comprendre ce qui se passe. Sans votre cerveau et vos mains, vous ne pourriez pas. Si ça ne marche pas avec du fer, on peut essayer avec de l’or. Pourquoi en est-il ainsi? Si çà ne marche pas, essayez autre chose. Comment se fait-il que vous puissiez essayer encore ? Et pourquoi est-ce que çà marche ?
Camarades ! Compagnons ! Copains insensés ! Regardez ! Mettez-vous dans la tête que vous n’êtes pas un autre ! Aristote vous a déjà dit que si vous pouviez être heureux de devenir un autre, vous ne le feriez pas. Il a raison ; même si c’est une idée idiote — et dangereuse — de souhaiter devenir un autre, en devenant un autre, comment le sauriez-vous ?
Les gens parlent encore du Christ, qui était, lui, un autre. Il est « devenu » homme, mais n’a pas changé Sa nature. Il est bon de Le regarder à nouveau. L’homme ne peut s’expliquer sa propre nature sans le soupçon étrange qu’il manque quelque chose. L’avez-vous jamais ressenti ? Selon certains on ne peut s’expliquer à soi-même sans ce Christ. Drôle d’idée, direz-vous ?
Braves gens! Grecs! Romains! Indiens! Réfléchissez! Cette affaire « il a souffert sous Ponce-Pilate.» ? Était-ce bien cet homme politique romain qui, dit-on, proféra : « Qu’est-ce que la vérité?» (Jn, 18:38). L’homme. Le Christ fut flagellé, frappé, couronné d’épines, et présenté à la foule. Et Pilate dit: « Ecce Homo.» N’est-ce pas étrange de sa part d’avoir dit : « Voici l’Homme.» ? C’était l’avis de Nietzsche.
Ceci me rappelle ce que je commençais à vous dire. Vous avez été créés pour la vie éternelle, au cas où on ne vous l’aurait pas déjà dit. Croyez-vous que je plaisante? Parlons ensuite du jugement des vivants et des morts. Soyez prêts.
Incongruité religieuse, dites-vous? Platon a émis la même « incongruité », l’aviez-vous oublié ? Ou peut-être n’avez-vous pas lu Platon ? Dommage, ça vaut le coup.
« Assis à la droite du Père », n’est-ce pas une métaphore trop appuyée? Bien sûr, mais c’est trop évident. Ce Fils de Dieu, ce Logos, ce Verbe, c’est la Vérité mise en question par Pilate. Le pauvre gars ne cherchait pas à savoir à votre manière à vous, épris de liberté vous transformant à seule fin d’améliorer ce « vous », ce « moi », que vous cherchez.
Les gars, amis, écoutez. Cette vie éternelle dont on vous parle, c’est une bonne affaire. Un vague espoir, direz-vous ? C’est parce que le cerveau dont vous êtes munis est un peu faible à la compréhension. Essayez de vous confrontez à Satan un de ces jours. Ça vous est déjà arrivé, mais vous ne le saviez pas. Agissez-vous vraiment toujours comme il faudrait ? Pourquoi non ? Mais vous recevez des grâces. Et ne le croyez pas.
Credo in unum Deum... Qu’est-ce donc que ce racontar de Trinité ? Sûrement pas trois dieux ? Vrai, un seul. Ce Dieu a sa propre vie. Ce qui signifie qu’il n’a pas besoin de nous. Et pourtant votre destin est d’être ce que vous êtes. Votre origine première est en ce Dieu, cette vie de la Trinité. Vous persistez dans l’erreur en cherchant à vous expliquer vous-meme. La liberté qui vous fut accordée en entrant dans cette vie intérieure peut être exercée pour la rejeter. C’est votre choix. Hors de portée ? Pourquoi se passer d’indices dans un monde débordant de merveilles ?
Vous savez quoi ? À vous de choisir d’être ignare. Le premier Avril, quelle autre folie pourrait vous aider à créer votre propre univers ?
Tableau : La sainte Trinité, par Le Gréco.
Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/credo.html