La réflexion de quelques ‘marcheurs’ angevins de la Manif pour tous qu’ils voteraient à gauche parce que le pape François recommande « l’accueil de l’étranger » et parce qu’également il leur semble que la droite le ferait avec parcimonie, m’a mis la « puce à l’oreille » : il me semble bien que l’immigration excessive que connaît la France a été favorisée à égalité par les gens de l’un comme de l’autre bord…
L’actuelle exaspération des musulmans concernant les voltiges sociétales de la Hollandie devrait leur faire comprendre qu’il faut réfléchir à deux fois avant de redonner le pouvoir à ceux qui en ont fait un si calamiteux usage depuis mai 2012 : et surtout être logique avec soi-même : désapprouver les réformes sociétales d’un côté mais finalement les agréer par le vote me paraît irrationnel.
J’en viens à l’accueil de l’étranger : nul doute qu’il faut suivre la recommandation ferme de Jésus qui affirme nécessaire cet accueil, même s’il nécessite une réflexion globale, ne serait-ce que pour en définir les modalités : ainsi serait pesé le possible et l’impossible, établi ce qui correspond à la justice tout autant qu’à l’amour.
Dans le monde tel qu’il se présente aujourd’hui, les statisticiens calculent qu’il y a plus de 600 millions de candidats au « grand dérangement » 1, c’est-à-dire à l’exil. Je ne m’étendrai pas ici sur ce que représente en termes de souffrances un tel exil, seulement sur ce nombre et sur les destinations possibles.
L’Europe des 28 abrite quasiment 500 millions d’habitants, qui ne sont pas tous de richissimes financiers … Pourquoi est-elle la principale – pour ne pas dire l’unique – destination visée par les pauvres du Tiers-monde ? Pourquoi les musulmans ne se rendent-ils pas majoritairement dans les pays de même foi qu’eux ? Pourquoi cherchent-ils essentiellement à se rendre en France, en Allemagne, en Angleterre, en Italie et en Espagne ? Parce que ces pays sont quasi les seuls à vraiment ouvrir leurs frontières ?
En ce qui concerne la France, les statistiques officielles évoquent un nombre d’immigrés d’au plus quatre millions de personnes ; les statistiques réelles indiquent qu’il est très difficile d’en connaître le nombre exact parce que justement les autorités publiques ne veulent pas que ce nombre soit connu, craignant les réactions populaires : on peut seulement parler d’au moins sept à huit millions — certains parlent de dix ! —, soit nettement plus de 10% de la population totale de notre pays.
Quelles sont les possibilités de la France ? Ses finances ont atteint un état de catastrophe : la dette publique atteint les 2.000 milliards d’euros, soit plus de 30 milles euros de dette par personne, enfants compris. Il ploie sous la surcharge des fonctionnaires, nettement plus nombreux qu’en Allemagne pour une population inférieure d’environ 12 millions de personnes. Il fait face à un nombre intolérable de chômeurs.
Les impôts payés par les Français solvables sont de plus en plus lourds et par là-même de moins en moins supportables. Le gouvernement se révèle incapable d’alléger ses charges et donc de faire de réelles économies, pourtant absolument nécessaires.
Que la France peine de plus en plus à contrôler comme à intégrer ce flux incessant de nouveaux arrivants, qui le nierait ?
Il va de soit que chaque immigré n’a pas en tête d’envahir la France : il n’empêche que, devant cette cohue franchissant nos frontières, le plus souvent clandestinement, les Français dans leur ensemble commencent à éprouver le syndrome de l’envahi, d’autant que chacun sait quelles conditions matérielles sont actuellement faites à ces « malvenus ».
Ils sont « malvenus » parce que notre pays n’a pas les moyens de les loger en des appartements convenables, de les instruire correctement en notre langue, hors de laquelle ils ne font que survivre sans moyens aucun de s’intégrer, de leur donner une formation professionnelle correspondant à leurs capacités comme à nos besoins, enfin de leur trouver un travail alors que déjà plus de 5 millions de chômeurs de toutes catégories désespèrent d’avoir à rester indéfiniment sur les bancs de Pôle Emploi !
Alors je m’interroge sur le « bien fondé » de la recommandation faite par notre Saint Père François d’« accueillir l’étranger » : non que je doute un seul instant qu’il faille accomplir ce devoir, mais je doute que la situation des étrangers en Israël au temps du Christ soit celle qui prévaut aujourd’hui en France, en Espagne ou en Italie ! Je doute également que l’on puisse, sans prévoir de limites, accomplir ce devoir. Sans oublier que les étrangers qui franchissent en raz-de-marée nos frontières sont amenés chez nous par des passeurs qui s’enrichissent phénoménalement en réclamant à chacun de ces exilés des sommes considérables, qui appauvrissent un peu plus ceux qui déjà n’ont rien : sommes payées le plus souvent par une sorte de chantage auprès des familles demeurant sur place, pratique courante et justifiée par des promesses de renvoi la plupart du temps impossibles à honorer. D’où la misère ici, la misère accentuée là-bas.
Il me semble — ce n’est que mon invalide conviction — que notre Pape aurait dû accompagner sa ‘recommandation’ de réflexions prudentes, notamment en initiant une approche réaliste sur ce que cet ‘accueil’ peut signifier dans notre actualité.
Le citoyen de base doit participer à l’accueil, principe absolu : oublierait-on qu’il le fait déjà en payant ses impôts, directs et indirects ? Il contribue ainsi, le voulant comme ne le voulant pas, à cet accueil : mais je parle ici non de l’accueil public mais de celui qui concerne les Français face à des Étrangers. Un accueil de ‘personne’ à ‘personne’. Les chrétiens peuvent et doivent ‘rencontrer’ ce ‘prochain’ venu de loin : rares ceux qui s’y risquent, il faut hélas le reconnaître. Des solutions existent : à nos paroisses, notamment, de les mettre en pratique, mais non seules.
C’est au monde politique de chercher enfin comment assumer la charge la plus lourde sans pour autant qu’elle aboutisse à la submersion de la société telle qu’elle est constituée, submersion pourtant programmée : les arrivants mettent au monde bien plus d’enfants que les « Français de longue date », le prouvent des statistiques récentes, issues de techniques d’analyse passant outre aux interdits énoncés par l’administration de ne jamais inscrire les origines des nouveaux venus. (Il paraît qu’on ne doit plus utiliser l’expression, pourtant naturelle, de « Français de souche »…)
Je n’ose évoquer le devoir de prudence et de justice, dont les premiers bénéficiaires devraient être, naturellement, les Français de souche et les Français naturalisés.
Plusieurs fois j’ai abordé ce thème, qui intègre, dans la réflexion désirée, la question d’une politique de coopération dynamique avec les pays de départ qui devraient comprendre que la lâcheté actuelle des deux parties ne peut durer plus longtemps : servir l’étranger dans un accueil efficace ne passe pas obligatoirement par son installation sur notre sol. La France et les pays d’émigration seraient tous deux bénéficiaires.
Cher Saint-Père, nous vous aimons et nous vous approuvons sur beaucoup de points : ici, nous demandons que la seule invitation à « accueillir l’étranger », si justifiée soit-elle par sa référence à la Parole du Christ, s’accompagne d’urgence d’une réflexion poussée qui permettrait notamment de voir comment les nations devraient agir de telle façon que l’étranger, au lieu de s’exiler, souffrance immense, puisse vivre dans son propre pays grâce à une aide judicieuse (comme sans intentions malignes) venue des pays de l’Europe entière et donc de la France.
N’oublions pas qu’un euro dépensé en Afrique vaut trois à quatre euros dépensés chez nous !