Homme, souviens-toi que tu es poussière d’étoiles - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Homme, souviens-toi que tu es poussière d’étoiles

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Un homme peut être un chrétien jusqu’à la fin du monde, pour la simple raison qu’un homme aurait pu être un athée depuis le commencement du monde….Mais pour un esprit réfléchi, il est plutôt difficile de découvrir la raison pour laquelle notre destinée humaine est rendue plus désespérée parce que nous connaissons le nom des vers qui mangent (l’homme) ou le nom de toutes les parties de son corps qu’ils mangent. – G.K. Chesterton

Cosmos revient à la télévision, sous une nouvelle incarnation présentée par Neil DeGrasse Tyson , à la place de feu Carl Sagan (qui avait présenté les séries d’origine en 1980). On se souvient du Cosmos d’origine comme d’un classique mineur de la télévision, ouvrant la porte à une nouvelle ère de programmes scientifiques et rendant accessible au public les merveilles de la cosmologie d’une façon merveilleuse. Les espoirs envers la nouvelle émission Cosmos semblent aussi hauts : On a fait une grande publicité à son sujet, et elle sera programmée de nombreux soirs par semaine, sur de nombreux réseaux. Le premier épisode s’ouvre même sur un message enregistré du président Obama.

Pourtant, malgré tout ce qu’il promettait, le premier épisode de Cosmos qui a été diffusé dimanche dernier, est vite apparu décevant. Il présentait longuement et en détails les luttes de Giordano Bruno contre les autorités de l’Eglise et de l’Etat sous la renaissance, qui ont interdit la propagation de sa conception « moderne » d’un univers infini, empli de mondes innombrables – interdiction qui se termina par la condamnation de Bruno à être brûlé sur le bûcher comme hérétique.

Bruno est depuis longtemps un favori parmi les historiens antireligieux et on l’utilise souvent pour étayer des controverses. Mais les récits historiques montrent que, bien que Bruno ait pu avoir des idées qui plus tard se sont révélées scientifiquement visionnaires, il les justifiait par des raisons bizarres et occultes ; l’exécution de Bruno a finalement été le résultat de ses enseignements bizarres et obstinément sectaires, et non pour sa recherche scientifique en avance sur son temps.

Comme il se doit, les épisodes sur Bruno étaient des dessins animés, et reflétaient inconsciemment la version caricaturée de l’histoire présentée dans l’émission générale. Tyson y a ajouté un avertissement comme quoi les idées de Bruno n’étaient pas basées sur la science ou l’évidence, immense euphémisme. Même Galilée dont l’histoire aurait présenté un protagoniste beaucoup plus respectable pour le programme de Cosmos, trouvait que Bruno était un cinglé. Au mieux, on aurait pu présenter Bruno malgré sa folie, comme un martyr au nom de la liberté de parole ; en revanche, il n’est certainement pas un martyre au nom de la science.

En tous cas, le mythe de Bruno met en valeur le message de base de Cosmos : l’univers est un endroit splendide et fascinant, et la science est la meilleure entreprise humaine pour le révéler. C’est la science, et non d’autres institutions « dogmatiques » qui révèle à l’homme qui il est vraiment. En particulier, Sagan est réputé pour avoir rappelé aux auditeurs qu’  ils étaient « faits de matière d’étoiles », ou selon d’autres interprétations, de « poussières d’étoiles ». Il fait référence à la découverte remarquable de ce que les éléments lourds, dont le carbone, qui constituent une bonne partie de notre corps, proviennent du processus de fusion qui anime les étoiles et les supernovæ énergétiques. En fait, c’est un lien fascinant entre la matière qui nous constitue, et le processus qui a constitué le cosmos depuis l’éternité.

Pourtant, et c’est peut-être au regret de certains créationnistes et des antireligieux, la continuité avec le monde matériel s’est accentuée depuis la rédaction de la Genèse. Récemment, les catholiques ont souligné ce lien matériel par un signe sacramentel bien connu : l’imposition de cendres bénies sur le front, et les paroles qui rappellent celles de Sagan, mais qui les précèdent de milliers d’années : « homme, souviens-toi que tu es poussière. »

Mais lequel de ces rappels est le bon : Celui de Cosmos, qui présente la grandeur de l’origine matérielle de l’homme dans les étoiles, ou l’appel du mercredi des cendres à l’humilité, dans son rappel de l’origine et du destin naturel de l’homme comme poussière et cendres ? Les deux, chacun à sa manière, comme le notait Walker Percy dans son commentaire de la première version de Cosmos.
Sagan n’est pas offensant. Il y a en lui trop peu de malice et trop d’ignorance. Il suffit de prendre plaisir à son style agréable, son art de populariser la science, et ses magnifiques images de Saturne et de l’anneau Nébuleuse. En vérité, plus d’une fois je me suis trouvé de l’avis de Sagan, en particulier dans son admiration pour la science et pour la méthode scientifique, qui est bien ce qu’il dit : -une méthode noble, élégante et auto corrective, d’atteindre une sorte de vérité.

Comme le décrit Cosmos les étoiles, comme toute la création, sont rayonnantes de bonté et de beauté. Les scientifiques honnêtes le reconnaissent. Cependant la science seule est incapable de dépasser le fait de reconnaître le rayonnement jusqu’ à sa source. La création transmet la beauté, mais n’en est pas la source. La création désigne un Créateur, et l’homme est fait pour connaître non seulement la bonté de ce qui a été fait, mais de façon plus importante la bonté de Celui qui fait. Ce dernier ne peut être connu qu’à travers humilité et repentir.
Sagan et Tyson ont raison : la beauté du cosmos naturel est irréfutable, et la science est un moyen très spécial de découvrir une dimension majestueuse de cet ordre et de cette beauté. Il faut espérer que les futurs épisodes de Cosmos recevront le message. Mais si la science peut aider à découvrir un univers merveilleux, elle est incapable de rendre compte de la raison pour laquelle en définitive, une telle beauté et une telle merveille ont un sens.

Pour paraphraser Chesterton, connaître toutes les parties de l’homme qui retournent en poussière, et les noms de toutes les étoiles qui sont à l’origine de cette poussière dont il est formé, ne veut pas dire grand-chose si l’homme n’est rien de plus qu’un amas de matière. Qu’être fait de poussière d’étoiles ait une signification quelconque, comme le suggère Cosmos, dépend de notre capacité à reconnaître dans ces étoiles les échos de Celui qui les a faites et nous a faits.

Sources : Remember, man, you are stardust