Bienheureux les artisans de Paix - France Catholique
Edit Template
La justice de Dieu
Edit Template

Bienheureux les artisans de Paix

Copier le lien

Quand j’étais petit garçon à l’école primaire, nous n’avions pas de planches d’hommes, de femmes et d’enfants nus se pavanant ou s’étalant dans les pages de livres « de santé ». Nous n’avions pas d’entrées sournoisement suggestives dans le monde du porno et du sexe trivial. Nous n’étions pas encouragés à nous maltraiter nous-mêmes, ni renseignés sur les différentes manières d’y parvenir ou avec qui. Nous ne savions pas que nos corps n’étaient que des outils pour nous emparer l’un de l’autre et nous consommer mutuellement dans un acte sans signification.

Nous n’étions pas, pour le dire autrement, victimes de mauvais traitements sur enfant massifs, parrainés par les pouvoirs publics, égoïstes et détruisant l’âme.

C’est vraiment la conclusion que j’ai tirée du livre brillant et remarquablement profond de Dawn Eden : My Peace I Give You : Healing Sexual Wounds with the Help of the Saints (Je vous donne ma Paix : guérir des blessures sexuelles avec l’aide des saints). Je ne souhaite pas donner l’impression que le livre de Dawn est principalement un réquisitoire. Il ne l’est pas, absolument pas. Elle comprend ce que c’est que d’avoir son enfance ravagée à cause de l’égoïsme, de l’insouciance ou de l’absolue cuauté d’adultes. Mais elle ne s’appesantit pas sur les vieux crimes. Elle ne gratte pas la croûte pour la rouvrir et la faire saigner de nouveau. Elle ne se délecte pas à exposer le mal.

A la place, elle montre, dans des méditations biographiques sur la vie de différents saints, comment des gens qui on été blessés par ceux-là même qui auraient dû les aimer peuvent trouver la paix en trouvant refuge dans les blessures du Christ souffrant.

Nous avons l’histoire de Soeur Joséphine Bakhita, arrachée à son foyer et tellement traumatisée qu’elle avait oublié son propre nom.

Nous avons l’histoire de la petite Margaret de Castello, que ses parents avaient reniée en raison de son nanisme et de ses difformités, la tenant murée dans une petite cellule durant de nombreuses années avant de l’abandonner dans une crypte parmi des malades et des morts.

Nous avons la petite Laura Vicuna, 10 ans, que sa propre mère a tenté de persuader de céder aux avances de leur logeur vicieux.

Mais nous avons aussi l’histoire de Thérèse, la petite fleur, dont les parents eux-mêmes seront peut-être canonisés quelque jour et dont la voie d’enfance spirituelle est un modèle pour tout chrétien.

Et nous avons, au début de chaque chapitre, une strophe sur la pureté et la bonté de l’enfance de ce sage et sain annonciateur d’un jour meilleur, Hans Christian Andersen.

L’enfant, nous dit Eden, est sans défense face aux desseins des adultes. Quand ceux-ci brisent l’innocence des enfants, en les introduisant dans leur propre vie sexuelle, en s’exhibant nu devant un enfant du sexe opposé assez âgé pour le remarquer, en leur montrant des photos cochonnes, en les invitant à jouer les explorateurs, en leur « enseignant » ce qu’ils ne sont pas prêts à connaître, ils réduisent les enfants à des objets, à des jetons dans un jeu.

Eden insinue que nous avons perdu le sentiment que l’innocence des enfants doit être préservée et protégée, un sentiment que même les païens avaient. A cet égard, elle cite longuement une lettre rigoureuse écrite par le pape Jean-Paul II aux parents, enseignants et employés des médias :  » c’est précisément sur une intuition concernant l’extrême délicatesse de cette période de la vie que la sagesse païenne a énoncé la maxime pédagogique bien connue qui ordonne que maxima debetur puero reverentia – nous devons à l’enfant la plus grande révérence.

C’est bien plus que le respect ou la déférence. Le poète Juvénal, l’auteur de cette phrase, savait ce qu’il disait : révérence, proche d’une crainte sacrée, car en présence du jeune enfant nous approchons une beauté et une simplicité de coeur que les adultes devraient chérir et non pas rejeter, mépriser, corrompre ou détruire.

Il est surprenant d’entendre cette déclaration de la bouche de ce vieil et acerbe écrivain satirique, mais pas moins surprenant d’entendre à nouveau ces paroles de Jésus, citées par le pape : « quiconque entraîne à pécher l’un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui avoir une meule accrochée autour du cou et être jeté dans les profondeurs de la mer. » (Mt. 18:6)

C’est pour cela je crois que Eden attire notre attention, gentiment mais avec constance, sur Andersen et ses contes pour enfants. Après tout, ils ne sont pas uniquement pour les enfants, ils sont pour tous les hommes et femmes qui ont besoin de redevenir comme de petits enfants s’ils veulent entrer dans le Royaume des Cieux.

Mettez deux livres côte à côte. Ici le conte d’Andersen : « La Reine des Neiges ». La petite Gerda a effectué un long pélerinage vers les pays du grand nord pour sauver son ami, le petit Kay, de la Reine des Neiges. Cette femme est sans conteste une éducatrice. Elle sourit quand Kay, qui a reçu un éclat de glace dans le coeur, est capable « de calculer mentalement, même avec des fractions, et connais la surface et le nombre d’habitants du pays ».

Kay a appris à mépriser les simples et belles roses de son enfance. Celle-ci est déformée, cette autre a la tige tordue. Sour la tutelle de la Reine des Neiges, son coeur devient un bloc de glace. Mais les chaudes larmes de Gerda le font fondre, et lui aussi verse des larmes quand elle commence à chanter la chanson qu’ils avaient toujours chanté ensemble :

Là où les roses embaument dans la vallée fleurie,

Nous pouvons saluer l’enfant Jésus.

Maintenant, ouvrez le deuxième livre, celui du planning familial. Il y a le dessin d’une fille nue penchée au dessus de son épaule avec un miroir et s’introduisant un doigt dans l’anus. Il y a un dessin d’un garçon se tripotant, braguette ouverte, avec un air hébété. Ce sont les dessins les moins choquants du lot.

Un tel fatras est colporté dans toutes les écoles du pays. On peut trouver pis encore dans chaque librairie ou épicerie. Et le summum est accessible en un clic d’ordinateur.

Voilà comme nous sommes. Et nous ne connaissons pas la paix.


Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/blessed-be-the-peacemaker.html


Anthony Esolen est conférencier, traducteur et écrivain.

Illustration : Dawn Eden a écrit un livre…