Étroitesse d'esprit chez les progressistes laïques - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Étroitesse d’esprit chez les progressistes laïques

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Les conflits culturels ont nombre de conséquences malencontreuses. Tout particulièrement, mais rarement remarquée, la méconnaissance chez les intellectuels laïques progressistes des tournures d’esprit, du mode de vie et du style de raisonnement répandus chez les conservateurs croyants. Voici deux exemples.

Sur le caractère sacré de la vie humaine les progressistes laïques accusent parfois les conservateurs croyants de ne s’inquiéter que de l’enfant à naître, et pas de la suite. Ils soutiennent souvent que si vous n’approuvez pas le droit à l’avortement, c’est que vous n’éprouvez aucune compassion envers les femmes enceintes en situation de détresse. Et donc, si vous ne voulez pas que vos impôts subventionnent les avortements, les services de contraception et les programmes d’aide sociale pour les enfants des femmes qui ont choisi de ne pas avorter, vous êtes égoïste et radin.

Ce qui échappe aux progressistes laïques, c’est comment les conservateurs croyants perçoivent leur point de vue. Voici le message reçu: une femme enceinte devrait payer davantage pour l’avortement, la contraception, l’aide sociale aux enfants que pour les soins qu’elle aura à donner à lenfant innocent et sans défense qu’elle porte en son sein. Pour les conservateurs croyants c’est un peu comme si les progressistes laïques disaient que ceux qui sont nos plus proches, envers qui il semble que nous ayions les plus grandes responsabilités — les membres de notre famille, ces enfants chair de notre chair — auraient moins de droits sur nous que ces gens tout-à-fait inconnus.

Ceci semble si étrange qux conservateurs croyants qu’ils ont peine à imaginer que des gens par ailleurs intelligents, qui se proclament champions de l’empathie, de la sympathie, de la compassion, du bien commun, suggèrent en fait que la charité ne doit pas commencer chez soi.

Bien sûr, je ne suggère nullement que les conservateurs croyants estiment que nous n’avons pas d’obligations envers les étrangers à notre cercle familial. Une telle idée ne serait pas cohérente avec ce que pratiquement tous les conservateurs croyants tiennent de leur foi en ce qui concerne l’importance de la communauté des hommes et du bien commun.

Ce n’est pas surprenant, l’Église catholique est le plus grand organisme caritatif sur terre, avec près de deux millénaires de pratique, créant et entretenant un large éventail d’établissements dans des domaines aussi divers que l’enseignement, la santé, et la lutte contre la pauvreté.

Mon propos — et ce que les conservateurs croyants pensent en fait — est que si on ne commence pas par pratiquer la charité à la maison, au foyer, il devient bien plus difficile pour tout le pays de comprendre ce qu’est l’amour pour l’étranger désespéré, le voisin esseulé, ou l’immigrant sans toit.

De la même manière, à propos du mariage, les laïques progressistes dépeignent souvent les vues des conservateurs croyants comme relevant directement d’une animosité envers les citoyens gays ou lesbiennes. En fait, cette description a tellement pénétré l’opinion que le Juge Anthony Kennedy [à la Cour Suprême] — pourtant un fin lettré — en a fait l’unique dogme de sa jurisprudence en matière d’orientation sexuelle, sans contradiction possible.

Mais pour les conservateurs croyants la distance est telle entre cette description et ce qu’ils pensent en réalité du mariage qu’ils ne se reconnaissent pas là-dedans. Cependant, la caricature est si profondément ancrée dans l’opinion générale que toute contre-réaction sonne aux oreilles des progressistes laïques comme une tentative désespérée de réécrire la réalité au secours d’une cause politique désespérée. Eh bien, essayons.

Pour les conservateurs croyants le mariage est une institution unique par laquelle deux membres des deux moitiés de la race humaine — un masculin et un féminin — sont unis pour constituer un lien permanent en vue (mais pas seulement) d’engendrer et d’élever des enfants.

Ce lien est bien davantage que la somme de ses composants, car l’union permanente de l’homme et de la femme dans le ménage procure aux enfants comme à tout le foyer protection, environnement, satisfaction des besoins et complémentarité des partenaires qui peuvent ainsi s’épanouir. Pour tout dire, le mariage est la fusion — l’alliage, si vous voulez — de la seule façon connue dans la nature humaine, de l’homme et de la femme.

Derrière la conception du mariage selon les conservateurs croyants réside une notion philosophico-anthropologique selon laquelle la complémentarité des genres est essentielle au mariage. Et donc, de ce point de vue, l’orientation sexuelle n’a rien à voir avec le mariage. Seul, le genre, avec les différences concrètes et objectives entre êtres hhumains, donne son sens au mariage.

Pour cette raison, tant que le mariage est consommé, formé exclusivement d’un homme et d’une femme, l’orientation sexuelle des partenaires n’a rien à voir avec sa légitimité. Ceci dépend de la convidtion que le mariage est une espèce de communanté où la différence fondamentale des genres entraine une union pour le bien commun, des participants et des enfants nés de cette union.

Selon les tenants de cette opinion, les fondements de la nature du mariage sont analogues, et même, dominent les fondements d’autres principes moraux auxquels les gens (et même certains philosophes) sont attachés, par exemple : les hommes ont une dignité intrinsèque, ils sont libres, ne doivent pas s’entretuer sans raison, doivent éviter l’ignorance et chercher connaissance et sagesse.

D’évidence cette anthropologie philosophique est essentialiste et teleologique, ce qui signifie qu’elle n’a rien de commun avec les idées philosophiques académiques dominantes sur la nature. Néanmoins elle est insérée dans de nombreuses opinions, et a sa place dans les principales religions dans le monde tout comme dans nombre d’écoles de pensée philosophique.

Dans le monde fermé du domaine académique laïque il n’y a guère de tentatives pour essayer de comprendre les convictions exprimées par les conservateurs croyants. Bien que les conservateurs croyants en souffrent, c’est certainement plus douloureux encore pour les progressistes laïques et leurs étudiants. Car on leur refuse ainsi l’appréciation globale des différences que les universités laïques prêchent sans cesse et pratiquent si rarement.

Source – The Closing of the Secular Progressive Mind : http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/the-closing-of-the-secular-progressive-mind.html

Photo : « Désolés, c’est fermé ».