Ce que disent les voyants - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Ce que disent les voyants

François Dabezies, ancien libraire, père de cinq enfants, possède une maîtrise de théologie et a déjà publié sur l'oraison. Son nouveau livre est un recueil d'entretiens avec des croyants qui ont reçu des grâces de la part du Seigneur.
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■ D’où vous est venue l’idée d’écrire ce livre ?

François Dabezies : La question m’est apparue alors que je n’avais que vingt-trois ans. J’avais lu le livre d’André Frossard, Dieu existe, je l’ai rencontré. Je savais qu’il était le fils d’un des fondateurs du parti communiste français. Je lui ai écrit pour lui demander un rendez-vous, car je ne comprenais pas qu’on puisse rencontrer Jésus aujourd’hui. Il m’a reçu dans l’appartement qu’il oc­cupait alors à Neuilly, un appartement qui respirait la noblesse, un cadre beau sans éclat.

Dès que je fus assis, j’attaquais dans l’impétuosité de ma jeunesse : « Votre conversion, je n’y crois pas. » Il me répondit : « Je peux vous le signer devant notaire. Je suis allé chercher un copain, rue d’Ulm. J’ai monté les escaliers, ai ouvert la porte de la chapelle d’adoration, vu le lustre qui brillait d’une lumière particulière. Mon copain est sorti, j’ai refermé la porte et lui ai dit : « Je suis catholique » et pour faire bon poids, j’ai ajouté : « Je suis catholique romain. » »

■ Et le motif immédiat ?

J’ai commis un livre sur l’oraison et j’ai donné plusieurs conférences sur le sujet. À la fin des conférences, je discutais avec certains et le plus souvent, une personne me confiait qu’elle avait reçu des monitions ou tel message sensible de la part du Seigneur. Comme les témoignages informels se multipliaient, je décidais de les recueillir.

■ Vous parlez d’une enquête ?

Comme je l’ai dit, au début, je ne croyais pas que ce fût possible de rencontrer Dieu aujourd’hui. L’enquête débutée avec André Frossard se poursuivit. Pendant dix-huit mois, j’ai parcouru la France en posant beaucoup de questions à tout ce monde. Peu à peu mes questions se précisèrent et j’ai finalement pu mieux circonscrire le témoin choisi par Dieu.

■ Comment avez-vous procédé ?

J’ai trouvé ces témoins à la faveur de rencontres, déjà autour de moi. J’ai enregistré les témoignages de certains de mes amis. Mon éditeur m’a également donné des adresses. J’ai trouvé facilement une majorité de femmes. J’ai cherché les hommes. J’ai repoussé bien des témoignages qui ne me semblaient pas dans le droit fil de l’Église, ou qui pouvaient susciter des questions, car nous traitons d’un domaine qui dépasse la raison.

En parallèle, je me suis documenté sur les mystiques de l’histoire pour les connaître et répondre aux questions qui viendraient avec les récits de maintenant. Par exemple, un témoin a senti une piqûre dans le cœur, pendant plusieurs nuits. Saint Jean de la Croix traite de cette question et l’explique, ce qui valide cette expérience comme authentiquement chrétienne.

■ Beaucoup de gens ont rencontré Jésus ?

Il ne faut pas gratter beaucoup pour voir des croyants qui ont bénéficié de cette rencontre. Maintenant que les temps paraissent difficiles, Dieu choisit peut-être cette nouvelle forme de liens avec sa terre pour évangéliser.

En fait, les témoins se cachent. D’abord parce qu’ils se demandent s’ils ne sont pas fous. Ensuite, comment parler de l’indicible ? Enfin, ils savent que l’entourage ne comprendrait pas. Mais si les témoignages sont publiés dans ce livre, c’est pour que le lecteur se dise : « Pourquoi pas moi ? »

■ Justement, comment rencontrer Jésus ?

La rencontre s’effectue au temps choisi par Dieu. Les qualités que je voyais a priori sur ces témoins s’articulent autour de trois points : l’être passe sous le rouleau compresseur de l’humilité ; il reste inféodé à son directeur spirituel ; et il est persécuté par l’entourage et mystérieusement par les membres de l’Église. à la réflexion, il se passe d’abord un tremblement de terre dans la vie du chrétien, qui brise les misérables sécurités qu’il avait installées dans sa vie. Il attend parfois plusieurs années et quand le Seigneur se manifeste, il l’accueille avec un flot de larmes.

Je parle de ce qui se déroule le plus souvent. Il se manifeste toujours de manière différente, mais toujours de manière sensible. Certains le voient, d’autres l’entendent, d’autres encore sentent des parfums, une chaleur dans le dos ou tant d’autres manifestations.

■ Comment sont-ils sûrs qu’il s’agit de Jésus ?

La rencontre commence parfois par le Père. La création célèbre le Créateur. Glisser du Père au Fils Implique le passage par la croix, ces persécutions dont je viens de parler, puis le détachement matériel. Mais, pour répondre à l’autre partie de la question, nous avons quitté le domaine rationnel et je ne vous donnerai aucune preuve. Jésus s’impose en accordant la paix et la joie. Une manifestation maléfique ne singerait pas d’aussi près. Le père spirituel reste un garant précieux en ce domaine. Aucun doute en tout cas pour celui qui reçoit.

■ Que garder de ce moment ?

Un moment d’éternité ! Chacun a goûté un instant de paradis en un lieu et un temps précis. André Frossard m’a parlé de sa rencontre comme si elle avait eu lieu la veille, alors qu’elle datait d’un demi-siècle. Personne ne peut oublier ce moment privilégié entre tous. La rencontre devient un moteur qui permet de continuer à vivre, alors que Jésus s’est tu, avec la certitude que rien ne pourrait être vécu désormais comme avant.

Le témoin n’est pas devenu meilleur, mais il a peut-être reçu l’intelligence des écritures qui lui permet de parler. J’ai rencontré par exemple un témoin qui n’avait pas lu la Bible, mais qui, après la rencontre, pouvait m’expliquer le livre des Chroniques. Il a peut-être aussi été guéri mentalement, physiquement, psychiquement ou spirituellement.

■ Pouvez-vous nous parler d’une rencontre ?

Pas si le lecteur vise le voyeurisme. C’est la vraie intimité qui se révèle, sans défense. Le respect est de rigueur. Voici Marie qui attend son mari et les enfants qui préparent des examens, crient car il arrive tard pour se mettre à table. Une crise éclate autour de la table. Pour calmer la famille, Marie prend une Bible et la donne à son mari pour qu’il lise la Parole. Encore toute survoltée, elle vit apparaître à travers le mur, comme des « bulles d’ADN » transparentes, placées en spirale, qui avançaient dans un bruit de froissement de soie.

Brusquement surgit le visage du Christ, qui vint trouver place dans un coin du mur. Elle se trouvait avec sa famille sans y être présente. Le Seigneur la regardait et lui souriait. Puis il partit avec son cortège de bulles. Puis plus rien. Elle s’assit. Ses enfants lui demandèrent ce qu’elle avait. Elle répondit : « Voir Dieu et mourir. » Mais elle reste bien vivante.