Les membres des Tea Party sont malmenés depuis quelques mois sur la scène publique. Ils souffraient d’une mauvaise réputation du fait de leur soutien au « shutdown », la fermeture temporaire du gouvernement fédéral des États Unis, au début du mois d’octobre. Cette affaire a même détourné l’attention du lancement désastreux et complexe de “l’Obamacare”, le nouveau système d’assurance maladie américain.
Fermer le gouvernement fédéral n’était pas seulement une mauvaise tactique. Cela a également donné à l’extrême gauche (en particulier aux porte-paroles du MSNBC) une autre opportunité pour définir les “tea partiers” comme des illettrés désordonnés et racistes qui détestent les pauvres et les opprimés.
Salir la réputation des gens des Tea Party est malavisé. J’ai été invité plusieurs fois à donner des conférences dans leurs rassemblements new-yorkais, et j’y ai trouvé des citoyens de classe moyenne plutôt travailleurs et bien éduqués.
A Long Island, où je vis, une grande majorité des membres de ce parti sont des contribuables juifs et catholiques, fatigués de payer la taxe la plus élevée du pays, qui cumule les taxes nationales, régionales et locales, et indignés de l’ampleur qu’a pris ce gouvernement Léviathan.
Cependant, je me suis rendu compte qu’ils foncent souvent, tête baissée, dans des directions diverses car ils n’ont pas une philosophie sociale cohérente qui sert de fondement à leur activisme civique.
Le nouveau livre de Samuel Gregg, intitulé : «Le Tea Party Catholique: le cas catholique pour un gouvernement limité, une économie libre et un épanouissement humain («Tea Party Catholic: The Catholic Case for Limited Government, a Free Economy, andHuman Flourishing»), peut aider à combler cette lacune.
M. Gregg, directeur de recherche à l’institut Acton, est un jeune homme remarquable. Né en Australie, il a obtenu une maîtrise en philosophie politique à l’université de Melbourne et un doctorat à l’université d’Oxford en philosophie morale. A Oxford, il a étudié sous la tutelle d’un expert de renom en matière de droit naturel, John Finnis.
Depuis 2000, sa production littéraire a été remarquable. Il a publié huit ouvrages, de nombreuses monographies et co-édité trois volumes. Ses articles sont parus dans une vingtaine de journaux, parmi lesquels « Affaires Etrangères » (Foreign Affairs), « Le journal de droit et de politique publique d’Harvard » (Harvard Journal of Law and Public Policy), ou encore « Le journal de droit éthique et de politique publique de Notre Dame » (Notre Dame Journal of Law, Ethics and Public Policy).
Plus tôt cette année, j’ai lu l’excellent travail de Gregg “ Devenir l’Europe : déclin économique, culture, et comment l’Amérique peut éviter un tel futur européen » (Becoming Europe: Economic Decline, Culture, and How America Can Avoid a European Future). Dans ce livre, il décrit comment les États-Unis, en particulier depuis la crise économique de 2008, ont abandonné leur “ engagement à la liberté économique, l’Etat de droit, le gouvernement limité, et la responsabilité personnelle,” et ont dérivé vers un “ léger despotisme, qui détermine les fondations culturelles du pays et impose un état protecteur dans un style plus européen.
Gregg, un héritier du courant de pensée Michael Novak sur le capitalisme démocratique, estime que la pensée économique et sociale de l’Église catholique a apporté une contribution importante à la « conception et l’enrichissement de la culture et de la vie américaine”. Il affirme en outre que « l’engagement solide de l’Église à la liberté religieuse . . . est tout à fait applicable au développement d’une théorie moralement étouffante pour une économie libre et limitant le rôle économique de l’État. »
Les catholiques des Tea Party énonce la vision catholique de la liberté économique et personnelle et comment “l’application prudente des principes de l’enseignement social catholique peut aider à nous alléger des besoins matériels, pour ceux d’entre nous qui en ont moins”, et aider les gens à s’épanouir en société.
L’auteur écrit sur son héros, Charles Carroll, le seul catholique à avoir signé la Déclaration d’Indépendance des États-Unis. Très cultivé dans les domaines de la philosophie catholique et des grands classiques des jésuites de l’université de St Omar dans les Flandres et du collège Louis-le-grand à Paris, Carroll a compris que le credo américain est ancré dans la tradition du droit naturel et du bien commun.
En tant qu’étudiant des penseurs comme Thomas d’Aquin, Nicolas de Cues, ou Montesquieu, Caroll a inclus dans la constitution du Maryland, qu’il a élaboré, trois branches du gouvernement (exécutif, législatif, et judiciaire) « toujours séparées et distinctes l’une de l’autre ». La Constitution américaine de 1787 a adopté son approche mixte de gouvernement. Nous devons également à l’influence de Charles Carroll la création du Sénat américain et de la sélection présidentielle par le collège électoral.
Gregg souligne que Carroll était également un entrepreneur qui travaillait dur et qui n’a pas seulement construit une fortune familiale, mais est aussi devenu un célèbre philanthrope. Il était un exemple de réussite dans un système valorisant et promouvant « la liberté, les usages, et les institutions de la liberté économique. »
Pour rétablir cette liberté économique qui existait aux premières années de la République, Gregg a fourni quelques dossiers philosophiques pour les besoins des membres des Tea Party. Dans une prose lisible, il définit les concepts de subsidiarité et de bien commun. Il explique comment ils s’appliquent à un gouvernement limité, et une économie libre, ainsi qu’aux questions de politique publique et relatives à la liberté.
Gregg souligne que la liberté économique et la liberté religieuse sont indivisibles dans de nombreux aspects ». Il était évident que lorsque le département américain de sécurité et des services sociaux habilités par l’Obamacare (la plus importante intervention économique du gouvernement fédéral de l’histoire des États-Unis), a informé l’Eglise, en janvier 2011, qu’elle devait fournir une couverture pour les services et produits médicaux, l’Eglise a considéré cela comme intrinsèquement mauvais: « la diminution inévitable de la liberté économique associée aux mouvements sociaux actuels, était en train de réduire la liberté de l’Eglise pour vivre en accord avec certains de ses enseignements moraux fondamentaux… Tout comme la liberté dans un domaine est bénéfique au bien-être des autres, l’atteinte à la liberté d’une personne diminue de la même façon celle d’une autre.»
Le livre «Tea Party Catholique» explique également que la condition sine qua non, pour une intégration réussie «entre les dimensions sociales et économiques des sociétés libres», est la reconnaissance de la dignité inhérente de la personne humaine, pour rejeter la vérité de l’homme crée à l’image de Dieu, et la possibilité qu’Il autorise les droits à la liberté économique, la propriété privée et la liberté d’association à être diminués dans l’intérêt de promouvoir de grands projets économiques dirigés par les gouvernements qui prétendent posséder la capacité de connaître ce que Dieu possède».
Les catholiques qui souhaitent contribuer à l’appel des Tea Party et pour regagner leur liberté devraient suivre l’ouvrage de Samuel Gregg comme une feuille de route fiable et instructive.
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Photo : Samuel Gregg
George J. Marlin, président du conseil d’administration d’«Aid to the Church in Need USA», est un éditeur de « The Quotable Fulton Sheen » et l’auteur de « The American Catholic Voter » . Son livre le plus récent est « Narcissist Nation: Reflections of a Blue-State Conservative ».
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Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/tea-party-catholics.html