La femme devait remplir une mission secrète, destination finale : une ville au Mexique.
L’appel était venu si rapidement qu’elle n’avait pas eu le temps de demander à l’État dont elle était originaire, très éloigné de son domicile, une copie de son acte de naissance.
Elle n’avait pas son passeport non plus, et elle n’était pas très sûre de pouvoir, en tant que citoyenne américaine, entrer et sortir du Mexique sans aucun de ces documents. Mais elle n’hésita pas à sortir les milliers de dollars nécessaires pour un billet d’avion pour elle-même et son enfant.
Elle arriva dans un État américain proche de la frontière et rencontra ses hôtes – qui allaient la faire passer au Mexique et la ramener. Elle avait son permis de conduire, son chapelet, et la foi que Dieu avait tout arrangé et veillerait à ce qu’elle s’en sorte.
Elle monta dans le minibus avec ses nouveaux amis et d’autres personnes qui partageaient la même mission. Le minibus approcha de la frontière et la passa sans encombre. Elle se demanda comment elle allait pouvoir ressortir.
Quelques heures plus tard, sa mission accomplie, le minibus se dirigea à nouveau vers la frontière. Elle sortit son chapelet et se mit à prier, les autres se joignant à elle. Quand les douaniers s’approchèrent, elle retint sa respiration.
L’un d’eux regarda dans le minibus et demanda simplement : « Vous êtes tous citoyens américains ? ». Ils répondirent tous par l’affirmative et il leur fit signe de passer sans autre formalité. La femme poussa un soupir de soulagement. Elle se mit rapidement à dire un chapelet en action de grâces.
Quelle était donc sa mission ? Tout simplement pour obtenir que son enfant, à qui on l’avait refusé pour raison d’âge dans son diocèse américain, puisse recevoir le sacrement de Confirmation ?
La diversité des pastorales américaines sur l’âge de la confirmation a donné naissance à une situation dans laquelle les personnes qui désirent profiter des normes canoniques universelles sur l’âge de la confirmation (l’âge de raison) doivent être particulièrement ingénieux. Les octrois de dispenses d’âge pour la confirmation sont presque aussi rares que les dents des poules, en dépit d’une recommandation romaine.
Comment en sommes-nous arrivés à cette situation ?
Certains ont incriminé la décision de St Pie X d’abaisser l’âge de réception de la confession et de la communion sans s’occuper de l’âge de réception de la confirmation. Auparavant, l’ordre traditionnel de réception était Baptême, Confirmation, Pénitence et finalement Eucharistie. Dans cet ordre, la Sainte communion était vue comme l’achèvement du processus d’initiation.
Le Droit canon indique les choses suivantes en ce qui concerne ceux qui sont susceptibles de recevoir le sacrement :
Can. 889 §2. En dehors du danger de mort, pour qu’une personne reçoive licitement la confirmation, il est requis, si elle a l’usage de la raison, qu’elle soit convenablement instruite, dûment disposée et en état de renouveler les promesses baptismales.
Can. 891. Le sacrement de confirmation sera conféré aux fidèles aux alentours de l’âge de raison, à moins que la conférence de Evêques n’ait fixé un autre âge, ou qu’il n’y ait danger de mort ou bien que, au jugement du ministre, une cause grave ne conseille autre chose.
Le point qui gratte est le canon 891, qui permet à une conférence épiscopale de choisir un âge plus élevé que l’âge de raison. C’est ce qui a été fait aux États-Unis. Ainsi, les normes complémentaires de la conférence épiscopale américaine indiquent-elles, pour le canon 891 :
La conférence nationale des évêques catholiques, en accord avec les prescriptions du canon 891, décrète que le sacrement de confirmation dans le rite latin sera conféré entre l’âge de discrétion et 16 ans, dans les limites déterminées par l’évêque diocésain et en tenant compte des exceptions légitimes données au canon 91.
Pourquoi certaines personnes pensent-elles que cela pose un problème ? Parce que, dans de trop nombreux lieux, il en est résulté une profonde incompréhension de la nature du sacrement de confirmation, qui est presque devenu un sacrement en recherche d’une théologie.
En certains lieux, il est présenté comme un « altar call »1 catholique, pendant lequel les personnes confirment leur foi devant la communauté. Dans d’autres endroits, il est simplement vu comme un rite de passage à l’état d’ « adulte dans la foi ». Dans d’autres encore, il est simplement un moyen commode de garder les étudiants en cours de catéchèse pendant les années de lycée. Aucune de ces visions n’est digne du grand sacrement par lequel nous sommes confirmés dans la foi, non par notre propre action, mais par la grâce de l’Esprit Saint.
Quand j’étais catéchiste, j’illustrais la puissance de ce sacrement par l’image des apôtres peureusement blottis au Cénacle avant la Pentecôte. Après la venue du Saint-Esprit, ces mêmes hommes sortent sans crainte et proclament l’Évangile, aboutissant à la conversion en masse de 3000 personnes. La différence ? La confirmation.
Ainsi que nous l’enseigne le catéchisme :
« La confirmation nous accorde une force spéciale de l’Esprit Saint pour répandre et défendre la foi par la parole et par l’action en vrais témoins du Christ, pour confesser vaillamment le nom du Christ et pour ne jamais éprouver de la honte à l’égard de la Croix » [1303]
Quand Benoît XVI était pape, j’ai eu quelque espoir qu’il publie un décret pour la Confirmation semblable à celui publié par St Pie X pour la Sainte Communion. Il semblait montrer son intérêt pour le problème dans son exhortation apostolique Sacramentum Caritatis
« On doit montrer une grande attention à l’ordre des sacrements de l’initiation…Concrètement, il faut étudier quelle pratique permet aux fidèles de recentrer le sacrement de l’Eucharistie comme but de tout le processus d’initiation » [18]
Peut-être ces pastorales parcimonieuses retiendront-elles l’attention du pape actuel. Qui ne voudrait ce don pour ses enfants dès qu’ils deviennent responsables de leurs actions, ayant ainsi besoin de cet accroissement de force, particulièrement à notre époque ?
Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/urgent-the-power-of-confirmation.html
Illustration : Codes de droit canon.
Kristina Johannes est infirmière diplômée et enseignante certifiée de régulation naturelle des naissances. Elle a été porte-parole de la Coalition familiale de l’Alaska, qui a œuvré avec succès pour l’amendement à la constitution de l’Alaska concernant le mariage.