LA BATAILLE DES NATIONS - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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LA BATAILLE DES NATIONS

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« La bataille de Leipzig est une sorte de jugement dernier où se venge le passé, où se mêlent les vivants et les morts, où apparaît ce qui était caché, la faiblesse du Grand Empire construit sur du prestige et des illusions. » (Jacques Bainville, Napoléon). Pour un historien aussi sceptique et agnostique que Bainville, cette description, en trois coups de pinceau, du jugement dernier est théologiquement bien informée. Ce qui nous intéresse en ce second centenaire de la « bataille des nations », Die Völkerschlacht en allemand, « la bataille des peuples », sur trois journées du 16 au 19 octobre, célébré Outre-Rhin le 18 octobre, est la place qu’elle conserve dans les imaginaires collectifs. Le monument commémoratif érigé à Leipzig, inauguré en grande pompe par le Kaiser Guillaume II lors du premier centenaire le 18 octobre 1913, est l’un des plus majestueux, représentatif de cette époque, massif, Kolossal, avec des bas-reliefs dignes de l’antiquité Mésopotamienne revisitée au Moyen-Age. C’est un monument au patriotisme allemand recréé ou réinventé par Napoléon et qui s’est retourné contre lui. C’est le reflux de la Révolution française enfin réappropriée par l’Europe entière et déferlant contre la France. C’est la fin de l’Empire.

Sa signification n’en a pas échappé aux historiens allemands. Si Napoléon s’est fait fort discret en France au long de son bicentenaire, et spécialement dans ses années de déclin et de chute de l’Empire, l’influent hebdomadaire allemand « Der Spiegel » lui avait consacré sa couverture du 5 août sous le titre : « La chute de Napoléon. La naissance de la dictature moderne ». L’auteur glorifie le peuple allemand à la bataille de Leipzig d’avoir mis un terme à la carrière de celui qui jusqu’à aujourd’hui représente le modèle de toutes les dictatures modernes : le petit caporal devenu Empereur. Le monument de Leipzig devient ici un symbole de la liberté des peuples, alors que Guillaume II l’avait à l’évidence conçu comme l’exaltation du militarisme prussien.

Bismarck était mort en 1898, fâché avec l’Empereur qui l’avait congédié. Dans ses « pensées et souvenirs », il s’était montré fort lucide sur le « patriotisme allemand » en partant de cet unanimisme de 1813. Privé du soutien de l’attachement à la dynastie, écrit-il, le patriotisme allemand ne se manifeste pratiquement que dans des cas fort rares. « In praxi, l’Allemand a besoin d’une dynastie à laquelle il soit attaché, ou d’une excitation capable d’éveiller en lui la colère qui le pousse à l’action. » Il ajoute : « ce dernier phénomène, par nature, n’est pas durable. »

Cette excitation n’a en effet eu lieu qu’une seule fois depuis : le 9 novembre 1918. Aujourd’hui, le peuple allemand n’a plus de dynastie auquel il soit attaché. Il n’est pas « un peuple en colère ». Donc, le patriotisme allemand ne se manifeste plus en pratique.

Les Français – dans la mémoire collective – se souviennent encore assez bien de l’invasion de 1940, un peu moins de celle de 1914, mais le centenaire de la Grande Guerre commence déjà à leur rafraîchir la mémoire ; ils ne se souviennent pratiquement plus de celle de 1870, et semble-t-il, plus du tout de celle de 1814, qui avait tant marqué les esprits de « trois générations » (Bainville) que la paix a régné en Europe pendant un siècle, tout le dix-neuvième siècle !

Au moment où précisément s’amorcent les commémorations de la guerre de 14/18, ne faudrait-il pas consacrer aussi du temps et de la réflexion aux trois autres même si ce furent pour la France des défaites, et spécialement à la chute de Napoléon ? Ne dit-on pas que l’on apprend plus de ses échecs que de ses réussites ? Clausewitz, Guillaume II et Hitler admiraient Napoléon. Il y a, c’est certain, un « modèle Napoléon ». L’Allemagne a réfléchi intensément sur son humiliation de 1806, et sur la catastrophe de 1945. Pouvons-nous expier 1814 tout en méditant 1914 ?


http://tempsreel.nouvelobs.com/galeries-photos/photo/20131021.OBS1943/photos-6-000-figurants-reconstituent-une-defaite-de-napoleon.html