Pour qui a regardé sur KTO les images de la visite du Pape en Sardaigne, il était saisissant de constater la connivence de François avec le peuple considérable qui l’entourait. Il y avait là, face à la basilique de Notre-Dame de Bonaria (dont la ville de Buenos Aires tient son nom), sans doute plus de 100 000 personnes. Il paraissait évident que toutes les catégories de la population étaient présentes, et notamment les plus modestes. La Sardaigne est une des régions italiennes les plus touchées par la récession économique et le chômage y est un fléau pour trop de familles. Dès sa première rencontre à Cagliari avec le peuple sarde, François a vivement marqué sa solidarité avec les personnes privées de travail et qui ne pouvaient apporter à la maison le pain qu’elles devraient légitimement gagner. Il s’est identifié à cette souffrance en rappelant les souvenirs de sa propre famille exilée d’Italie en Argentine. Et il n’a pas mâché ses mots pour désigner la responsabilité de la spéculation financière dans la crise avec l’idolâtrie de l’argent. Le Saint-Père sait trouver les formules que l’on retient : « On ne peut vous dérober votre droit à l’espérance. »
Sur le moment, il a préféré délaisser son discours écrit, pour improviser ses propos. Il a aussi beaucoup écouté : les témoignages de ceux qui lui décrivaient la situation concrète de l’île, qu’il s’agisse du jeune maire de Cagliari, d’un sans-travail, d’un responsable de coopérative ou d’un jeune berger. Il n’a pas oublié non plus le monde de la culture auquel il avait réservé une rencontre. D’autres fortes images se sont imposées, notamment lorsque le Pape, entré dans la basilique, a embrassé les grands malades les uns après les autres, les recommandant à la sollicitude de la Vierge Marie. Ce pape est singulièrement marial et il ne cesse d’inciter les fidèles à prier la Mère de Dieu afin qu’ils participent de son regard sur leurs frères et sœurs. Ainsi manifeste-t-il un ministère de compassion qui n’est nullement confiné dans la tristesse et la résignation. En s’adressant aux milliers de jeunes rassemblés à la fin de son séjour, il a lancé : « Pas de lamentation, pas de découragement, pas de pessimisme, ne pas acheter de consolation de mort, rien, avancer avec Jésus, lui n’échoue jamais, lui ne déçoit pas… » Avec un tel successeur de Pierre, l’Église ne renonce pas au peuple, car la mission qu’elle a reçue concerne non pas une minorité, mais la totalité de l’humanité rachetée.