Les responsabilités internationales de la France - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Les responsabilités internationales de la France

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Le président de la République s’est adressé dimanche soir aux Français en répondant aux questions de Claire Chazal sur TF1. Il devait au pays une explication circonstanciée des graves décisions qu’il avait eu à prendre, au nom de la France, à un moment crucial de la crise syrienne. C’est dans de telles conjonctures qu’on mesure la responsabilité qui repose sur les épaules du chef de l’État, notamment lorsque l’urgence exige qu’il décide en conscience et parfois en dehors du contrôle de son Parlement. Même en régime libéral, il y a une marge d’autonomie de l’exécutif, de nature monarchique, qui est irréductible. On s’en aperçoit aussi aux États-Unis, dont plusieurs présidents ont eu à s’engager dans des guerres dangereuses, entraînant la première puissance du monde dans des opérations risquées pour l’équilibre des régions concernées. Il en va de même pour la France, où le général de Gaulle a fondé des institutions aptes à servir de grands desseins internationaux, alors que la plupart de nos partenaires européens se résignaient à s’aligner sur la politique des États-Unis et à se laisser protéger par la défense américaine.

C’est une des faiblesses rédhibitoires de l’Europe, incapable d’envisager sa défense commune, les peuples et les gouvernements refusant obstinément de consentir les efforts budgétaires adéquats. L’Angleterre et la France ont seules maintenu leurs forces armées à un niveau opérationnel supérieur sans toutefois échapper à la tentation de la réduction de leurs budgets militaires. Il en va de même d’ailleurs de la Grèce sur laquelle s’exercent toutes les pressions afin qu’elle renonce à une armée dont on prétend qu’elle n’a plus les moyens. Il faut savoir choisir : ou renoncer, ou bien continuer à exister en prenant les moyens nécessaires. Si la France veut encore peser sur le destin du monde, elle devrait envisager des investissements proportionnels à ceux qui permettent aux États-Unis de demeurer la première puissance militaire mondiale. On en est très loin.

Il ne fait pas de doute que notre pays a des responsabilités internationales, singulièrement au Moyen-Orient, notamment à l’égard de la Syrie et du Liban. L’extrême difficulté de la situation intérieure d’un pays engagé dans une terrible guerre civile exclut les partis pris manichéens. Il serait paradoxal que nous soutenions contre le régime de Damas ceux-là même que nous avons combattus au Mali, pour sauvegarder ce pays d’une dictature islamiste. Aussi était-il dangereux de s’engager dans une opération punitive à laquelle le président Obama a renoncé non sans soulagement. La vive conscience que les Français ont repris des enjeux de la politique internationale serait salutaire si elle permettait de redéfinir une ligne claire de notre stratégie diplomatique et militaire.