Gribouille aux commandes - France Catholique
Edit Template
La justice de Dieu
Edit Template

Gribouille aux commandes

Copier le lien

Natacha m’a acheté ce matin le journal : je demeure stupéfait. Qu’a donc pu dire l’ancien Premier ministre pour qu’une telle tempête soit advenue et fasse fleurir les prédictions des plus réjouissantes pour certain – Borloo s’autorise enfin d’espérer – et pour d’autres des plus calamiteuses – Jean-François Copé pense que le ciel lui tombe sur la tête !

D’une petite phrase peut donc naître un cataclysme. Surtout en France. En Allemagne, ce fut, ces jours derniers, à cause d’un geste fort grossier que fit un politicien au doigt fort long. Chez nous, la cause n’est qu’un mot : sectarisme. Les socialistes, qui pourtant devraient faire le dos rond en cette matière, montent au créneau, outrés comme des grenouilles de fables. Marine Le Pen s’esclaffe et touche du bois. Bayrou suspend son vol…

J’éprouve une grande difficulté à comprendre ce qui se passe dans la tête des gens de l’UMP depuis le scandale de leurs polémiques et disputes : l’un de leurs responsables, François Fillon, avance une idée somme toute intéressante, qu’il faut creuser d’urgence, à propos du sectarisme, que manifestent avec plus ou moins de virulence les politiciens des partis de Marine Le Pen et de François Hollande… Sectarisme dont les effluves s’épancheraient même de leurs programmes et de leurs déclarations…

Des députés dépités se sont consolés de ce qu’ils prennent pour une évidence – malgré les 72% de leurs électeurs qui penchent vers l’autre conclusion – en pensant tout haut que « les plus sectaires » seraient en tout cas les frontistes dits d’extrême-droite : sans même avoir pris le temps nécessaire pour aligner « les faits de sectarisme » commis par les uns comme par les autres, voire par les « uèmepéistes » eux-mêmes ! Aussi, bien entendu, les communistes et les frontistes dits d’extrême gauche… Je n’oublie pas les socialistes…

Examens de conscience qui ne nuiraient à personne ! Les faits de sectarisme sévissent en réalité partout : ce qui compterait à être décompté ce serait le plus ou le moins de tels faits selon les obédiences… Leur gravité plus ou moins prononcée…

Cette année, justement, a été un fort grand cru en ce domaine : les militants de la Manif pour Tous sont là pour en témoigner, de même les Veilleurs assis et debout – bientôt les à genoux ? J’en serai ! –, sans omettre de citer les invités aux soient-disant débats organisés par le parti socialiste quand il s’est agit d’entendre ce qu’ils pensaient des projets de Madame Taubira : le sommet indépassable du sectarisme fut atteint quand on pria « les représentants des trois religions monothéistes » de s’exprimer. L’ironie distillée par le chargé de l’enquête de la part du P.S., (« je ne sais plus quel est son nom et ne désire point le savoir », ma mémoire n’est pas faite pour ça, trop faible), fut l’arme principale de ce sectaire omniprésent : ne pas oublier, par exemple, sa manière de prendre pour lui le temps de parole normalement prévu pour ces responsables religieux…

Je n’ai pas entendu parler d’un comportement de ce type de la part du FN : mais peut-être ai-je l’ouïe défaillante… Cependant, il serait temps de ne plus considérer ce parti comme s’il n’avait pas évolué depuis les années de Gaulle et de lui donner une représentativité qui n’est pas refusé aux communistes qui pourtant ont cautionné les crimes odieux commis par leurs confères d’Union soviétique : pas le FN que je sache. Je reconnais que celui-ci eut le tort de démarrer partisan de l’Algérie française : ça ne se pardonne pas, même si son fondateur est crédité de quelques violences dont les preuves n’ont pas été fournies (du moins à ma connaissance) ! Cela dit, la politique d’aujourd’hui ne doit plus se concevoir en fonction des haines d’il y a cinquante ans !

La République française a ce défaut navrant et stupide d’avoir trop de mémoire ou pas assez : réflexe vendéen… Quand les électeurs donnent 20% de leurs voix aux candidats du FN, de quel droit les considérer ad vitam aeternam comme des pestiférés, puisque ces candidats ne furent pas interdits d’élection ?

Cette seule réflexion devrait me pousser à ne plus jamais aller voter.
Je n’entends pas défendre ce parti pour lequel je n’ai jamais voté mais pour lequel je ne m’interdirai pas de voter si ses programmes devaient un jour me paraître plus pertinents que ceux des autres et si l’attitude des partis en conflits devait s’altérer au point que l’on ne reconnaisse plus personne.

Le problème majeur est que les programmes qui nous sont présentés sont en général anorexiques.

En vérité je demeure indéfiniment perplexe, dans l’attente d’un miracle : c’est-à-dire par exemple l’apparition musclé d’un parti qui ne chercherait à dire que la vérité, qui ne proposerait qu’un programme sociétal équilibré d’où la morale ne serait pas absente – non semblable évidemment à la morale tord boyaux que l’on cherche à nous fourguer aujourd’hui par l’intermédiaire de l’école – ; qu’un programme économique davantage porté par une dynamique constructive que sur la reculade permanente synonyme de restrictions sans fin tant du côté des investissement que de celui des dépenses, alors que sans investissements d’entraînement aucun emploi sérieux ne saurait être créé et que les seules dépenses à supprimer ne pourraient être que celles qui résulteraient d’une gestion à l’emporte-pièce et de dérives comptables suspectes.

Autre miracle possible : la disparition soudaine de la plupart des caciques qui traînent depuis des décennies leur fessier couvert des furoncles de leurs habitudes décrépites sur les bancs d’une assemblée nationale toujours accrochée aux basques d’un sauveur de droite puis de gauche – puis de droite puis de gauche etc.. ! L’idée même d’un engagement politique conçu comme une carrière donne envie de s’abstenir.

Les Français se plaignent – à juste titre ? – d’être gouvernés par des « incapables » : que ne les renvoient-ils alors à leurs études inachevées ! Je rêve d’un hémicycle où l’on ne pourrait siéger que pendant sept ans de suite ! Où des logiciels d’évaluation permettraient à des jurés indépendants de noter l’efficacité des uns et des autres, leur justesse de vues, leur facultés d’analyses comme de synthèses, leur liberté par rapport aux idéologies ambiantes, en somme en mesure de délivrer un diplôme d’excellence politique, ce que ne sont pas, et de loin, en mesure de concevoir l’ÉNA comme les divers et inutiles Science-Po de France…

Parfois, je le reconnais, une courte séance personnelle en Utopia fait du bien, défoule. Dommage que nos élus n’en fassent pas autant à leurs dépends : peut-être que notre peuple se mettrait à les « estimer » davantage…

Il y a lieu tout de même de s’interroger sur les disputes internes à l’UMP – mais on pourrait en dire autant des autres partis – alors que devrait nous alarmer l’absence d’une position métaphysique valable de ce parti – je ne parle évidemment pas du vide sidéral des divers verbiages entendus ailleurs – : en quoi croient-ils, ces élus ? En seulement eux-mêmes ? En l’homme ? Mais de quel être humain s’agit-il ? Sont-ils, et pour quels motifs avouables, partisans du « gendeure » ou au contraire ses ennemis ? Que pensent-ils de la vie, du respect qu’on lui doit, de l’enfant appelé à nous succéder ? Quelle politique décente envisagent-ils pour se mettre efficacement au service des familles, premier échelon de la société ? Puis, toujours en vrac, de quelle laïcité relèvent-ils ? Celle que porte sur les autels, telle une déesse à la Robespierre, Vincent Peillon l’idolâtre, ou celle issue légitimement de l’Évangile lui-même ? Ont-ils du peuple une conception claire ? De notre histoire, une vue d’ensemble qui tienne la route ? De notre culture, une perception qui ne commencerait qu’avec la guillotine ou au contraire avec Jérusalem, Athènes et Rome ? De notre société, une doctrine qui ne soit pas composée que de mots d’ordre, d’interdits, de justice rendue par des machines et de vœux pieux sortis de la réalité pratique ?

Inutile d’allonger la liste des questions, nous savons bien et depuis longtemps quels sont les choix qui ont fait vaciller nos humanités, remplacées par des discours qui tournent plus leur langue dans les plis de nos sous-vêtements que dans la pure lumière d’une Raison associée à la Philosophie d’Aristote, le Pari de Pascal, la Sagesse de Ben Sirac le Sage, l’Amour du Christ… On peut allonger la liste des parrainages en évitant les coupeurs de tête de 1793 et les Bourdieux d’aujourd’hui.

En fait nos politiciens font ce qu’ils peuvent mais ils manquent trop souvent d’une pensée structurée qui pourrait les guider dans le labyrinthe de nos sables mouvants.

Dominique Daguet