Vous avez dit Munich ? - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Vous avez dit Munich ?

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À propos de la Syrie et de la stratégie offensive et punitive des présidents Obama et Hollande, on est bien obligé de constater – quels que soit ses sentiments et son analyse du conflit – que l’initiative de la diplomatie russe a complètement changé la donne. Certes, Laurent Fabius a formulé des conditions précises pour que l’acceptation par le régime syrien du contrôle et de la destruction de ses armes chimiques soient solidement encadrée, notamment par des dispositions contraignantes du Conseil de sécurité. Il n’empêche qu’on n’en est plus du tout à la perspective de frappes sur la Syrie. Et aussi bien à Paris qu’à Washington, on en paraît soulagé, alors que dans les jours précédents les deux diplomaties s’engageaient dans une surenchère d’arguments pour tenter d’entrainer des opinions publiques hostiles à l’interventionnisme.

C’est tout de même le signe que la tragédie syrienne n’est pas soluble en formules simples et définitives et que sa complexité donne lieu à des analyses contrastées, qui ne débouchent sûrement pas sur des règlements rapides. Il ne suffit pas de dénoncer l’esprit de Munich et le lâche soulagement pour mettre fin au conflit. D’ailleurs, Washington et Paris ont toujours parlé d’opération militaire limitée dans le temps et signifiaient qu’il n’était pas question d’éliminer le président Bachar el-Assad.

À Munich en 1938, l’adversaire était parfaitement identifiable, ainsi que les conséquences d’une capitulation diplomatique. Aujourd’hui on a affaire à une guerre civile et l’on redoute à juste titre que le camp de la rébellion ne soit dominé par les extrémistes islamistes. L’extrême confusion des données ne permet pas les jugements catégoriques. Et comme on est bien obligé de distinguer plusieurs paramètres d’analyse, on n’est pas à l’abri de voir l’invective se retourner contre ses auteurs. Dans Le Figaro d’hier, l’excellent observateur qu’est Renaud Girard affirmait : « Le vrai Munich, c’est l’abandon des chrétiens d’Orient. » Et je ne lui donne pas tort !