Jean Bastaire et l'écologie chrétienne - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Jean Bastaire et l’écologie chrétienne

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Jean Bastaire est mort le 24 août dernier à Meylan (Isère) à l’âge de 86 ans. Son nom n’est pas connu du grand public car il a vécu comme il est mort, dans la discrétion. Il fut pourtant un intellectuel profond qui laisse derrière lui une vingtaine d’ouvrages touchant aussi bien à la morale qu’à la politique, à la théologie qu’à la poésie. Mais il restera surtout comme l’un des fondateurs, si ce n’est le fondateur lui-même, de l’écologie chrétienne.

Rien, pourtant, ne le prédisposait particulièrement à emprunter cette voie. Né à Chamalières dans le Puy-de-Dôme comme Pierre Schœndœrffer, son cadet d’une année décédé l’an passé, il aurait pu, de la même manière, épouser une carrière cinématographique puisque c’est dans ce domaine qu’il commença, en 1946, son métier de journaliste.

De même, ce n’est pas le christianisme qui l’attira d’abord, mais l’hindouisme. C’est l’abbé Lucien Ducretet qui est à l’origine de sa conversion ainsi que la lecture des grands penseurs chrétiens, Emmanuel Mounier, Henri de Lubac dont il deviendra plus tard l’ami et Charles Péguy dont il était l’un des spécialistes reconnus. Ce n’est donc pas un hasard s’il est mort dans les bras de Michel Péguy, petit-fils de ce dernier.

Sa conversion doit aussi beaucoup à sa femme Hélène, médecin qui popularisa l’homéopathie en France, qu’il a épousé en 1950 et à qui revient également, dix ans plus tard, sa découverte de l’écologie. La vision qu’il va avoir alors de celle-ci est profondément marquée par la spiritualité franciscaine et même si, déjà affaibli, il ne s’est pas prononcé à ce sujet, nul doute que l’élection du Pape François aura été l’une des dernières grandes joies de sa vie.

Il cosigna son manifeste Pour une écologie chrétienne, en 2004, avec son épouse, bien que celle-ci fût décédée en 1992, comme il le fera pour tous ses ouvrages suivant, témoignant de la permanence du lien conjugal au-delà de la mort. Suivront notamment Approche franciscaine de l’écologie en 2006, Pour un Christ vert en 2009 et La terre de gloire, essai d’écologie parousiaque, en 2010.
Dans ses livres, il se fait un défenseur passionné et exigeant de la Création, au point d’envisager l’établissement d’une congrégation qui lui serait vouée et qui se serait appelée « Les Petits Frères et les Petites Sœurs de la Création ». Sa foi religieuse n’était pas exempte d’une vision politique, déjà élaborée du temps de sa collaboration à la revue Esprit, de telle sorte qu’on peut parler, à propos de sa pensée, d’une « théologie de l’engagement écologique » comme le rapporte le journaliste Patrice de Plunkett avec lequel il entretenait une correspondance suivie depuis quelques années.

Mais s’en tenir là serait insuffisant pour comprendre l’intuition profonde de Jean Bastaire qui, à l’instar de Blaise Pascal, lui faisait percevoir l’écologie de l’infiniment petit à l’infiniment grand, de la personne à l’univers dans son entier.
Son attachement à la personne, issue de son engagement personnaliste, lui aurait permis d’apporter beaucoup au nouveau courant de l’écologie humaine actuellement en gestation. Quant à l’univers, « Jean Bastaire a joué un très grand rôle dans la redécouverte de la dimension cosmique de la théologie. Pour lui, la promesse de salut n’est pas destinée à l’homme seul, mais à l’ensemble de la Création dont il est responsable », rappelle encore Patrice de Plunkett, ce qui n’est pas sans faire penser à cet autre grand Auvergnat que fut Pierre Teilhard de Chardin.

En quittant cette Terre qu’il chérissait tant pour rejoindre le Ciel vers lequel se tournait toute son espérance, Jean Bastaire a réalisé, dans sa mort, l’idéal de sa vie.

P.S. Jean Bastaire collabora à France Catholique à diverses périodes et il était ami avec plusieurs membres de notre équipe. Dans les années 70, il écrivait surtout sur des thèmes péguystes. Puis, dans les années 1985-1990, des billets, une anthologie de beaux textes poétiques français… Nos plus anciens abonnés se souviennent de la lettre ouverte au nouveau général des Franciscains : « Et s’il y avait une écologie chrétienne » (FC n°2009 du 21 juin 1985). Il offrait chaque année à plusieurs amis des abonnements à France Catholique mais, il y a quelque temps, il ne s’était pas réabonné pour lui-même, évoquant une différence de sensibilité — notamment sur la place de la femme dans l’Église — avec ce que notre journal représentait à ses yeux…

http://www.arfuyen.fr/html/actualites.asp#actu156

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Bastaire