Il y a au moins une chose qu’on ne saurait reprocher à notre ministre de l’Éducation nationale, c’est son manque de passion à l’égard de ce dont il est en charge. Il me paraît évident qu’il s’est préparé de longue date au ministère de la rue de Grenelle et qu’il exerce sa mission avec détermination. D’ailleurs, je ne suis pas opposé à toutes les réformes qu’il entreprend. La question des horaires et rythmes scolaires n’est pas médiocre. C’est pour l’intérêt exclusif des élèves que le ministre a mis toute son énergie à rétablir la classe le mercredi matin, en dépit des obstacles sérieux venus des syndicats et des communes. Je n’étais pas du tout fanatique du système de formation des maîtres auquel l’équipe précédente a mis fin, mais il me paraît risqué de lancer de jeunes enseignants dans la fournaise sans les avoir préalablement préparé à leur rude tâche. Il faudra juger sur pièce les nouveaux organismes qui se substitueront aux anciens. J’espère que les écoles du professorat et de l’éducation mises en place rendront les meilleurs services sans tomber dans les travers que l’on reprochait à juste titre aux Instituts universitaires pour la formation des maîtres.
Car il y a un problème idéologique qui ne date pas d’hier. Inutile de revenir à la sempiternelle querelle entre les partisans de la vieille tradition républicaine issue de Jules Ferry et ceux que l’on appelle les pédagogistes. Je ne crois pas d’ailleurs que Vincent Peillon soit dans le camp pédagogiste. Au contraire, son attachement aux pères fondateurs de la IIIe République, et même plus en amont à l’héritage de la Révolution lui fait préférer les apprentissages fondamentaux, à l’instar de Jean-Pierre Chevènement qui avait voulu les rétablir. Mais il y a une difficulté de fond que j’avais mis en évidence lorsqu’il y a quelques années Vincent Peillon avait été l’invité de Louis Daufresnes sur notre antenne. La laïcité selon notre ministre philosophe a précisément des ambitions philosophiques contraire à la neutralité d’une laïcité prudentielle. Là-dessus, nous risquons des désaccords et des conflits graves s’il s’agit d’inculquer aux jeunes Français une idéologie du style gender, contraire à nos convictions. Rendez-vous au prochaines échéances qui pourraient être rudes.
Chronique lue sur radio Notre-Dame le 4 septembre 2013.
P.S. : Anne Coffinier, dont on sait le rôle essentiel dans le développement des écoles hors-contrat, était ce matin l’invitée des « matinales » de Radio Notre-Dame. Elle a trouvé que j’étais plutôt bienveillant à l’égard de Vincent Peillon. Il est vrai que les satisfecit que j’ai concédés au ministre étaient de nature hypothétique. Il ne suffit pas d’aménager les horaires, il faut revoir soigneusement la question des apprentissages fondamentaux, ce qui n’est pas fait. Quant à la formation des maîtres, il est à craindre que l’on renoue avec les pratiques anciennes, donc, prudence…