Impossible d’échapper, en ce retour de vacances, au climat de guerre, qui, depuis la Syrie et le Proche-Orient, envahi le monde et requiert de la part de notre pays des décisions, pour ne pas dire une décision particulièrement grave. Faut-il, oui ou non, exercer des représailles contre la Syrie de Bachar el-Assad à la suite d’un massacre qui aurait fait quelque 1429 morts dont 426 enfants, à cause, nous affirme Washington, de l’utilisation d’armes chimiques. Le débat fait rage entre les politiques. Hier, Hubert Védrine exprimait un avis favorable à la résolution de François Hollande de punir les coupables. Jean-Pierre Chevènement s’affirmait vigoureusement contre cette décision. Les arguments de l’un et de l’autre n’étaient nullement négligeables. La pire des solutions disait l’ancien ministre des Affaires étrangères, serait d’adresser un signe d’impunité aux responsables de pareils crimes. À quoi Chevènement répondait qu’en pareille matière l’intention morale est trompeuse, dès lors qu’elle aboutit à la catastrophe. On sait que l’enfer est pavé de bonnes intentions.
Même si les frappes punitives ont un caractère limité dans le temps et dans l’espace, leurs conséquences peuvent être sérieuses en entrainant des effets en chaine qui peuvent enflammer toute cette région du monde. D’autant que les grandes puissances internationales sont divisées et tiennent pour les camps opposés. Il est dangereux d’avoir contre soi la Russie et la Chine. D’où d’ailleurs les affres de conscience du camp occidental. La grande Bretagne a renoncé, suite à l’avis négatif de son Parlement. Le président Obama a reculé l’échéance en réclamant le soutien du Congrès. Et puis l’expérience récente des guerres d’ingérence au nom de la justice et du droit se solde par un bilan très négatif, excepté le cas du Mali dont l’avenir n’est pas pour autant assuré.
Les vieux principes de la guerre dite juste ne sont, en aucun cas, obsolètes. Notamment celui qui dispose que l’on ne doit se lancer dans un conflit que si l’on est sûr que l’on n’aggravera pas encore plus la situation initiale à laquelle on a voulu remédier. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut rien faire, mais attention à ne pas compromettre définitivement la cause de la paix, en embrasant tout le Proche-Orient.