Par ici la sortie : les Jésuites dans le New York primitif - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Par ici la sortie : les Jésuites dans le New York primitif

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À environ 200 miles au nord de la ville de New York dans la partie centre-est de « Empire State », se trouve le village de Auriesville. Les Mohawks appelaient la région Ossernenon, et c’était le centre de l’activité missionnaire catholique du dix septième siècle dans ce qui deviendra les États-Unis. Le père Isaac Jorgues y a été assassiné en 1646. Il n’a pas été le premier missionnaire tué en Amérique du Nord. Il ne sera pas le dernier. Sept autres jésuites français y furent aussi tués (entre 1642 et 1649) et sont aujourd’hui connus comme étant les Martyrs Nord-Américains. (L’Américaine de naissance sainte Kateri Tekakwitha naquit à Auriesville, dix ans après le martyr de Jorgues). Jorgues avait commencé son rôle de missionnaire au Québec (Nouvelle France) en 1636. Au cours d’un voyage vers le sud, il fut capturé avec ses compagnons (Français et Américains de naissance) par une bande de chasseurs Mohawks, et emmenés à Auriesville, où il fut torturé. Plusieurs des doigts de Jorgues furent sectionnés. En 1643, il fut délivré avec l’assistance de marchands hollandais et conduit à New Amsterdam (actuellement Manhattan), qui était sous le contrôle des Hollandais depuis les années 1620. (Incidemment, le premier Européen qui vécût dans la région sud de New York n’était pas l’explorateur anglo-Hollandais, et Protestant, Henry Hudson en 1609, mais le Franco-Italien, et catholique, Giovanni da Verrazzano en 1524). En arrivant à New Amsterdam, le père Jorgues fut accueilli par le Révérend (ou « Domine ») réformé hollandais Johannes Megapolensis, qui décrivit ainsi l’aspect de l’homme en noir : Une figure bronzée et sombre, ridée aux traits tirés par les souffrances, mais dans les yeux et dans son expression « cette paix que le monde ne connaît pas ». Des majeurs de ses mains et du pouce gauche ne restaient que des moignons rouges déchiquetés. Sur chaque doigt on voyait des blessures partiellement guéries et tous ses ongles étaient partis. Megapolensis conduisit tranquillement Jorgues le long des rues étroites et boueuses, le jésuite « s’appuyant sur son bras, la silhouette courbée et brisée, vêtue de haillons mi-indiens et mi-européens qui le couvraient à peine ». Dans cette ville, plutôt ce village (qui sera bientôt rebaptisé New York), Jorgues aurait pu remarquer une chose notable à propos de la population catholique de tout New Amsterdam/Manhattan, à savoir qu’elle comprenait seulement une Portugaise et un Irlandais. Ainsi, lorsque Jorgues est rentré en France en convalescence, il ne restait que deux catholiques résidant dans ce qui deviendra, dans les décennies et les siècles à venir, la plus grande et la plus catholique cité de l’Amérique. (Tout bien considéré, les habitants de la ville avaient, comme certains historiens l’ont écrit, « une revendication d’avoir le plus hétéroclite assortiment d’âmes de la chrétienté ». New Amsterdam était délabrée; moins une colonie qu’un poste avancé temporaire). Après une brève convalescence en France, Jorgues revint, et pas simplement en Amérique du Nord, mais à Auriesville/Ossernenon. Les Mohawks furent impressionnés par son courage et le surnommèrent Ondessonk, l’indomptable, ce qu’il resta jusqu’à ce que son cou fut tranché par un tomahawk le 18 octobre 1649. Écrivant au milieu du dix neuvième siècle, Fr. J. R. Ballet (secrétaire particulier du premier archevêque de New York, John Joseph Hughes, et lui-même futur archevêque de Baltimore), il se lamentait en ces termes :
La tête du Père Jogues fut accrochée à une des palissades, et son corps fut jeté dans la rivière Mohawk. C’est ainsi que périt le premier missionnaire qui visitât notre île. Sa mémoire fut longtemps chérie, même parmi les Iroquois… et , bien qu’il n’a jamais été formellement canonisé, ceux qui ont œuvré dans le même domaine, dans des circonstances plus favorables, ont pu à juste titre invoquer son intercession.
En résumé, on peut dire que ce n’était pas un début propice pour les catholiques de New York. le père Jogues fut canonisé par le Pape Pie XI en I930. Les Hollandais et leurs compatriotes du gouvernement à Manhattan étaient remarqués pour leur tolérance. Un autre jésuite prisonnier (lui aussi d’une tribu d’Iroquois) fut libéré par les Hollandais, c’était Francesco-Giuseppe Bressani, il fut lui aussi traité avec respect et déférence dans New Amsterdam, un an après le père Jogues. Le gouverneur Willem Kieft avait donné à Bressani un sauf-conduit. Cependant, contrairement au père Jogues, le père Bressani rentra en Italie, son pays. Renonçant à l’Amérique, il mourut paisiblement à Florence en 1672 . Durant sa retraite, Bressani écrivit un compte rendu (connu sous le nom de Breve Relatione) de ses mois passés en Amérique, dans lequel il inclut le texte d’une lettre écrite à son Supérieur tandis qu’il était encore en captivité :
Je ne sais pas si Votre Excellence reconnaîtra la lettre d’un pauvre infirme, qui, précédemment en pleine santé, était bien connu de vous. La lettre était mal écrite, et très tâchée, car, outre d’autres désagréments, celui qui l’écrivit n’avait qu’un seul doigt à la main droite; et il était difficile d’éviter de tâcher le papier avec le sang qui coulait de ses plaies encore non-cicatrisées; il avait utilisé de la poudre d’arquebuse (une sorte de mousquet) comme encre, et le sol pour table.
Il ne savait pas, écrivit il, qu’un homme puisse être aussi difficile à tuer. Les catholiques avaient une lourde dette envers les Hollandais, bien que leur tolérance était limitée. Même si Jorgues et Bressani furent conduits aimablement dans New Amsterdam, la règle dans toute la Nouvelle Hollande était qu’une seule religion pouvait être pratiquée ; le calvinisme. Aucune messe ne pouvait être célébrée dans la colonie, et le remous de la récente période de la Réforme en Hollande était reflété dans des lois qui essentiellement accordaient un statut de seconde classe à toutes les religions, sauf la religion officielle. Ceci était particulièrement vrai sous la juridiction du dernier Gouverneur (Directeur Général) Hollandais de New Netherland, Peter Stuyvesan, et cette tolérance vantée des Hollandais à l’égard des catholiques n’était due, dans une grande mesure, qu’à la rareté des catholiques. Accompagnés cordialement comme le furent ces missionnaires jésuites, ils furent néanmoins escortés vers la sortie. Mais nous le savons, cela changera.
Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/this-way-out-jesuits-in-early-new-york.html Photo : Le père Isaac Jogues par Joseph Sibbel (1922).
Brad Miner est le rédacteur en chef de The Catholic Thing, collaborateur principal de la « Faith & Reason Institute », et membre du Conseil de « Aid to the Church in Need USA ». Il est l’auteur de six livres et est un ancien rédacteur littéraire de « National Review « . The Compleat Gentleman », lu par Christopher Lane, est disponible en audio.