Conversation avec mon défunt père - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Conversation avec mon défunt père

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Conversation imaginaire, bien sûr.

Moi : Comment vas-tu, Papa?

Papa : Ne t’inquiète pas pour moi ; raconte-moi ce qui se passe dans le monde.

Moi : Où dois-je commencer… ?

Papa : La dernière chose que je me rappelle, c’est Alan Shepard frappant une balle de golf sur la lune. J’ai adoré ça. Et après ?

Moi : Voyons… Bon. La technologie a fait des progrès fantastiques. Tu te souviens de la télé bi-directionnelle au poignet de Dick Tracy ? Nous avons cela maintenant. Ce qui me rappelle que ton ami Nixon a été réélu en 1972 mais a dû donner sa démission à cause d’un scandale deux ans plus tard.

Papa : Dick Tracy ! Malin Dicky !

Moi : Exactement.

Papa : Et puis…

Mo i: En 1973, l’avortement a été légalisé.

Papa : C’est horrible. Ta mère a dû être contente.

Moi : Je ne crois pas qu’elle s’en soit aperçue. De toute façon, le mantra des pro-avortements était : « Sûr, légal et rare. »

Papa : Et c’est ce qui est arrivé ?

Moi : Depuis il y a eu cinquante millions d’avortements en plus.

Papa : Alors… c’était faux. Raconte-moi quelque chose de bon.

Moi : Je suis devenu catholique en 1973… Papa ?

Papa : J’étais en train de penser : c’est normal. J’aurais dû le faire, mais cela ne m’est jamais venu à l’esprit. Qu’est-ce qui t’a convaincu ?

Moi : Jésus.

Papa : Parle-moi d’un autre bon événement.

Moi : Ronald Reagan est devenu président en 1980.

Papa : C’est déjà 1980 ? Hier seulement… laisse tomber. Reagan, hein ? Je l’aimais bien, mais je n’aurais jamais pensé qu’il arriverait jusque là. Attends, en quelle année sommes-nous maintenant ?

Moi : 2013… Papa ?

Papa : Tempus fugit. Pourtant… les choses sont à peu près pareilles – sauf pour l’avortement, n‘est-ce pas ?

Moi : Non. Prépare-toi ! : L’union Soviétique s’est écroulée, éclatant de l’intérieur. Maintenant, nous sommes en guerre, chaude et froide, contre les terroristes musulmans. Il y a différentes bases autour du globe, et des guerres en Afghanistan et en Irak. Tu n’as jamais vu les Tours Jumelles – deux énormes bâtiments dans le lower Manhattan. Les terroristes dans des jets piratés se sont jetés sur elles et les ont renversées. Ils ont frappé le Pentagone aussi. Ils ont essayé d’attaquer la Maison Blanche mais les passagers ont repris le contrôle du quatrième avion qui s’est tout de même écrasé – tout cela en quelques heures le 11 septembre 2001, qui correspond à notre 7 décembre 1941. Un Afro-Américain a été élu président en 2008 et il est presque arrivé à mettre en place un programme de santé social. Il y a quelques semaines, la Cour Suprême a déclaré que l’Etat ne peut pas empêcher les homosexuels de se marier.

Papa : eh bien !… La guerre au Viêt-Nam s’est-elle bien terminée au moins ?

Moi : Nous nous sommes retirés en 1975.

Papa : Afghanistan, tu as dit ? Depuis combien de temps se battent-ils là-bas ?

Moi : Depuis les attaques des terroristes. Maintenant, c’est la plus longue guerre de l’histoire américaine.

Papa : Pourquoi dure-t-elle si longtemps ?

Moi : Il nous aurait fallu un Grant et un Lincoln – ou même un Eisenhower et un Roosevelt. Nous ne les avons pas. Nous avons aussi des homosexuels et des femmes dans les Forces Armées, et les femmes sont sur le point d’être admises dans les unités de combat d’élite… Papa ?

Papa : Est-ce que je reconnaîtrais même l’Amérique ? Comment vont les choses à l’université de l’Ohio ?

Moi : Un peu moins mal qu’à d’autres universités. Les Radicaux des années soixante qui protestaient à cause du Viêt-Nam, des droits civils, et du sexe sont les professeurs dans la plupart des universités, et les professeurs gouvernent les écoles. Ils détruisent de nombreuses universités financièrement – faisant monter les frais de scolarité et les salaires (surtout pour les administrateurs qui gardent le contact avec le gouvernement) et ne fournissent pas ce que l’on considère comme une éducation « supérieure ».

Papa : Trop de spécialisation ?

Moi : Tu ne peux pas t’imaginer. Et, comme dans les Forces Armées, les meilleurs et les plus intelligents s’en vont chercher des situations réelles dans lesquelles ils pourront être vraiment productifs. Ceux qui restent représentent une chambre bureaucratique à écho avec une vue du monde essentiellement totalitaire : centralisée économiquement et répressive socialement.

Papa : 2013, hein ? Toi, mon benjamin, tu es plus vieux que … je n’étais. Combien de petits-enfants est-ce que j’ai ?

Moi : Seulement deux petits-fils, c’est triste à dire. Ce sont de superbes jeunes gens ; le plus âgé porte ton nom.

Papa : Merci… Mais pourquoi « triste » ?

Moi : Parce que ma femme et moi n’en avons eu que deux. Ma conversion au catholicisme conservateur n’a pas corrigé ma vieille conduite protestante libérale avant qu’il ne soit trop tard. Tout l’ouest traverse une crise démographique. Nous nous reproduisons à un rythme en-dessous du niveau de remplacement  (ou à peu près égal); c’est une crise dont il est dur de se remettre. La moitié de la population des Etats-Unis reçoit une aide gouvernementale de quelque sorte, et la moitié ne paie pas d’impôt sur le revenu. Vingt-deux millions de gens travaillent pour le gouvernement maintenant.

Papa : Vingt-deux… C’est quarante pour cent de la population adulte !

Moi : Pas tout-à-fait. Nous sommes trois cent millions maintenant, bien qu’une partie de l’augmentation vienne de l’immigration illégale !

Papa : Nom de… Ce n’est pas supportable ! Je suppose que ton Eglise combat pour la bonne cause dans tout ceci. Ou – tu m’inquiètes là – les catholiques ont-ils aussi changé de position sur la contraception et l’avortement ?

Moi : Pas officiellement. Deux de nos derniers papes étaient des hommes extraordinaires, mais l’Eglise elle-même est divisée depuis 1965. C’est très étrange, Papa. Rien d’officiel venant de Vatican II n’était radical, mais les prêtres, les évêques et les laïcs ont compris que l’« esprit » inquisiteur qui faisait partie du Concile voulait dire que la foi consistait seulement à poser des questions.

Papa : C’est la pire des choses que tu m’aies dites jusqu’à maintenant. Je ne savais pas que nous, les Méthodistes, croyions autre chose que le Credo des Apôtres, mais j’ai toujours admiré la complexité et la continuité de la foi catholique. Le Catholicisme n’a jamais été fantaisiste

Moi : Papa, tu m’as dit une fois que tu croirais au paradis s’il y avait un terrain de golfe là. Alors ?

Papa : Désolé, mon fils ; je ne peux pas en parler.

Moi : Que Dieu te bénisse, Papa…Papa ?…Papa ?

— –

Brad Miner est rédacteur en chef de The Catholic Thing, membre de l’Institut Foi et Raison, et du Conseil d’Administration de l’Aide à l’Eglise en Détresse Etats-Unis. Il a écrit six livres et est l’ancien directeur littéraire de la National Review.

Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/a-chat-with-my-dead-father.html

Photo : partie de golf sur la Lune.