Il y a quelques mois encore, on ne pouvait prévoir que les Journées mondiales de la jeunesse, qui devaient se tenir en juillet dans la capitale brésilienne, seraient présidées par un pape d’origine sud-américaine. Nul doute que cette dimension va beaucoup compter pour conférer à l’événement une valeur ajoutée significative. On savait que le continent latino-américain était celui qui regroupait le plus de catholiques au monde et que le Brésil lui-même était la première des nations pour le nombre de fidèles en communion avec l’évêque de Rome. Le centre de gravité du catholicisme mondial, du point de vue démographique, doit se trouver du côté des Caraïbes. C’est dire l’enjeu de la vitalité religieuse de cette partie du monde. Comment les JMJ de Rio ne seraient-elles pas au diapason de cette réalité, de ces interrogations, de ces angoisses et de ces espoirs ?
Par ailleurs, le catholicisme latino-américain se trouve en proie au défi de l’emprise profonde des Églises évangéliques protestantes sur les populations. Dans son essai récent sur le protestantisme américain 1, Alain Besançon parle de la réussite brillante de cette mission qui pourrait même menacer dans quelques décennies l’identité catholique du Brésil. Et l’historien d’avancer plusieurs raisons : « Le brouet marxisant de “la théologie de la libération” a préparé le terrain. La mission américaine, elle, propose le salut par Jésus Christ et non par la lutte des classes, ce qui peut attirer les Brésiliens restés chrétiens. Elle bénéficie de l’immense prestige de la nation dominante. Devenir protestant est un premier pas pour devenir américain. »
N’est-ce pas justement pour l’Église catholique un puissant stimulant pour son propre réveil qu’une telle provocation ? Pour autant qu’elle s’était assoupie, qu’elle ait mal perçu les évolutions profondes du continent, elle se trouve dans l’obligation de puiser de nouvelles énergies afin de ne pas être inférieure en fait de ferveur, de renouvellement de son annonce de l’Évangile et de sa présence dans toutes les couches de la société. Il n’est pas jusqu’aux manifestations actuelles, avec leur remise en cause du système politique, qui ne soit propice à un aggiornamento, où la lumière de la foi pourra éclairer puissamment le catholicisme afin qu’il se déploie dans une civilisation en pleine transformation.
- Alain Besançon, Le protestantisme américain de Calvin à Billy Graham, Éditions de Fallois, 240 pages, 19 euros.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- La grande semaine de la jeunesse du monde
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- Sur le général de Castelnau et le Nord Aveyron.