L’abdication du roi Albert marque une transition pour l’histoire de la Belgique, qui s’inscrit dans la continuité monarchique de ce pays. La succession royale est de toute façon assurée par les règles de la continuité dynastique. Ce qui s’est passé récemment dans le royaume voisin des Pays-Bas, où le roi Guillaume a succédé à la reine Béatrix, se reproduit à Bruxelles avec le prochain avènement du prince Philippe. Il est vrai que la situation des deux pays est sensiblement différente, la Belgique étant en proie depuis longtemps à un conflit intérieur que les Pays-Bas ne connaissent pas du fait de leur unité linguistique. C’était d’ailleurs le motif de l’accession au trône du prince Albert, il y a vingt ans, après la mort de son frère, le roi Baudouin. Le gouvernement belge avait préféré cette solution à l’avènement immédiat du prince Philippe, considéré comme trop jeune et pas assez exercé à l’épreuve du pouvoir, pour assumer la continuité d’un pays à l’unité menacée.
Le roi Albert a su maîtriser une situation souvent périlleuse, notamment alors qu’il y avait impossibilité de trouver une majorité gouvernementale viable. Tout le monde affirme aujourd’hui sa reconnaissance pour la façon dont le successeur de Baudouin a su affronter l’épreuve, en surmontant les divisions. Il n’était pas évident de succéder à ce frère, dont la réputation de sainteté avait illuminé le règne et la mort. Il est vrai que l’idéal du prince chrétien, dont l’autorité est modifiée par la différence évangélique, n’est pas une pure hypothèse, dès lors que la monarchie doit assumer une identité chrétienne. Albert n’a pas trahi l’exemple de son prédécesseur, en dépit des rumeurs sur son éloignement de la pratique religieuse. Ceux qui connaissent la vie de la famille royale savent que les souverains, Albert et Paola, ont connu une authentique conversion, qui les a considérablement rapprochés de Baudouin et Fabiola. C’était d’ailleurs un signe du ciel que le couple princier ait appris, il y a vingt ans, la mort du roi, alors qu’il était en route pour Paray-le-Monial où il devait suivre une session de prières. Notre amitié pour la Belgique nous rend solidaires de l’avenir de ce peuple, dont nous espérons qu’il gardera son intégrité dans la fidélité à ses plus fortes traditions.