Ce que nous enseignent les petites âmes souffrantes - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Ce que nous enseignent les petites âmes souffrantes

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Dans des articles récents, je vous ai raconté l’histoire de petites âmes souffrantes : Audrey Stevenson, morte à 7 ans d’une leucémie, qui a apporté la foi à sa famille, Margaret Leo, atteinte de spina bifida, morte à 14 ans, après avoir gaiement vécu une vie imprégnée de charité chrétienne, Brendan Kelly, trisomique et leucémique, mort à 16 ans, et inspirant toujours ceux qu’il a rencontré.

Ce qui frappe d’abord dans leur histoire, c’est combien ils ont souffert. Nous parlons d’une souffrance physique et morale intense, de longue durée, une souffrance atroce, de celles qui poussent un marine à appeler sa mère dans ses derniers moments.

Audrey et Brendan ont tous deux subi une chimiothérapie intensive, des stéroïdes, des ponctions lombaires et finalement une greffe de moelle osseuse. Pendant de longue période de leur vie, ils n’avaient plus de défenses immunitaires, étaient à la merci de n’importe quel microbe.

Margaret Leo avait des broches de titane dans la colonne vertébrale pour l’empêcher de se voûter. En vain. Elles sont maintenant sur le bureau de son père, pour lui rappeler ce qu’est réellement un mauvais jour.

Les parents d’Audrey devaient lui ordonner de parler de ses souffrances afin qu’eux-mêmes et les médecins puissent la soulager. Elle parlait rarement de ses souffrances et la plupart du temps, souriait malgré elles. Au plus fort de la souffrance, Brendan essayait de faire rire ses parents afin qu’ils ne se tourmentent pas pour lui. La plupart des enfants ne sont pas comme eux. Nous, les adultes, nous ne sommes pas comme eux.

Comme êtres humains, nous ne pouvons pas nous représenter de telles souffrances. Nous évitons la souffrance. Nous la dissimulons sous des analgésiques. Nous nous réfugions dans nos lits. Nous gémissons, nous nous plaignons. Nous parlons de notre souffance, parfois tous les jours. La question « comment allez-vous » peut nous amener à déballer une liste de souffrances, même les plus petites. Oui, parfois nous pensons à les offrir, ainsi qu’un catholique doit le faire, mais la plupart du temps nous n’y songeons pas.

La souffrance est un des plus grands mystères. Elle a occupé les plus grands esprits des toutes les époques, mais elle occupe aussi vos esprits et le mien. Une des quatre nobles vérités du bouddhisme inclut la souffrance et comment faire usage de la noble octuple voie pour l’éviter. L’hindouisme considère la souffrance comme une sorte de punition pour une mauvaise conduite. L’islam dit que le croyant doit endurer la souffrance comme mise à l’épreuve de sa foi.

Seule la chrétienté voit la souffrance comme rédemptrice, comme un moyen de partager les souffrances du Christ en Croix et de les alléger. Les catholiques croient aussi que les souffrances peuvent être offertes pour alléger les souffrances des autres. Cette notion est tout à fait étrangère à la plupart des croyances.

Une lectrice s’est vigoureusement élevée contre les idées contenues dans l’article sur Audrey. Elle ne pouvait tout simplement pas croire que cette histoire soit vraie. Elle prévient que les adultes imposent parfois certaines idées aux jeunes et se demande si les parents d’Audrey lui ont imposé très tôt une forme de religiosité. Cette lectrice, qui est juive, se demande si les adultes ne voient pas parfois dans les enfants des choses qui n’y sont pas. Vous pouvez voir comme ça risque d’être le cas.

J’ai fait un interview radiophonique sur Audrey avec un réseau de radio catholique. Mon interlocuteur m’a exhorté à considérer le cas d’Audrey Santo, dont le culte a grandi quand, après un accident de natation, elle a souffert de mutisme akinétique, ne pouvant ni se mouvoir ni parler. Sa mère l’a emmenée à Medjugorje et a annoncé que sa fille, à la demande de la Vierge Marie, a accepté de devenir une victime d’expiation. On dit qu’elle a reçu les stigmates, que des statues pleurent et tout ça. Son évêque appelle à la prudence.

Les cas dont je parle n’ont rien à voir. Pas de statues qui pleurent. Pas de stigmates. Seulement des enfants normaux dans des circonstances sortant de l’ordinaire. Ils étaient d’abord et avant tout des enfants, pas des objets d’imaginations religieuses. Aucun d’entre eux ne voulait être malade ou souffrir.

Brendan était un boute-en-train. J’ai vu des photos de lui dansant à des
noces avec sa famille et ses amis l’applaudissant. Il aimait le sport. Audrey pouvait bien avoir un sens aigu des convenances, quittant des fêtes d’anniversaire pour y avoir entendu de mauvais propos, elle n’en restait pas moins une petite fille normale, qui jouait avec ses soeurs et leurs amies. Margaret aimait regarder les autres enfants jouer dans le parc. Ils étaient des enfants normaux qui ont appris à porter des lourdes croix -avec les grands dons qui en résultent.

Ils sont des saints du monde ordinaire. Plus que cela, ils sont des saints pour notre époque parce que l’autre chose qui me frappe à leur sujet, c’est qu’ils sont nés dans de vastes déserts spirituels. Bien que leurs familles soient composées en majeure partie de catholiques fervents, ces enfants ont grandi dans un milieu social de pouvoir, d’influence et de richesse qui a tendance à éviter la religion. Ce sont les vrais déserts de ces temps fortunés.

Brendan était lié avec James Pavitt, l’ancien chef du service clandestin de la CIA. Erik Prince, le fondateur controversé du service de sécurité Blackwater, a pleuré comme un enfant quand Brendan est mort et, avec toute sa grande famille, il a fait le trajet en avion depuis le Moyen-Orient pour assister aux obsèques. Audrey est née dans une famille socialement influente en France, avec des ramifications aux Etats-Unis et dans d’autres pays.

Margaret Leo est devenue amie avec le juge de la Cour Suprême Clarence Thomas. Son portrait trône sur le bureau dans un cadre qu’elle a elle-même grossièrement façonné avec des bâtonnets.

Quand vous pensez à des enfants ayant reçu de grands dons, vous les voyez habituellement comme des bergers ou quelque chose dans ce genre comme à Lourdes ou Fatima. Ces enfants ne sont pas ainsi. Ils ont reçu beaucoup de biens matériels, de grands opportunités pour leur éducation, des relations sociales. Dieu a placé ces petites âmes souffrantes dans ces places et à cette époque à dessein, et l’une des raisons est qu’ainsi leur histoire pourra toucher les âmes vivant dans les grandes maisons de Great Fall, Mc Lean, Paris et autres.

Audrey Stevenson, Margaret Leo, Brendan Kelly, priez pour nous.

Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/lessons-from-the-littlest-suffering-souls.html

Tableau : Le Christ bénissant les petits enfants, Lucas Cranach (c. 1640).

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Austin Ruse est le président de C-FAM Institut de la famille chrétienne et des droits humains, un institut de recherche qui se consacre exclusivement aux politique sociales internationales. Les opinions exprimées ici n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas obligatoirement les positions du C-FAM.