En suivant l’itinéraire de la vie publique du Christ, qui a déjà commencé la semaine dernière, l’Eglise nous montre, dans la page de l’Evangile de ce jour, une réalité ayant un caractère d’urgence : l’institution missionnaire, que Jésus assume afin d’annoncer la bonne nouvelle à tous les peuples.
Les textes liturgiques présentent ce sujet sous tous ses aspects : les missions comme engagement de l’Eglise, comme responsabilité de ceux auxquels est confié ce mandat, comme responsabilité de la part des destinataires de cette annonce.
En d’autres termes, nous pouvons affirmer que l’Eglise tout entière est appelée par le Christ à être missionnaire.
Jésus avait choisi les douze Apôtres car, étant proches de Lui, ils pouvaient devenir ses collaborateurs les plus directs dans la prédication de l’Evangile. Il semble que par la suite le Seigneur ait voulu organiser encore mieux le ministère de la Parole. C’est pour cela, en effet, qu’Il a choisi et réuni soixante-douze autres disciples qui, deux par deux, devaient être envoyés dans chaque ville, village et lieu où Il allait se rendre.
Nous nous trouvons ainsi devant un groupe considérable d’hommes devant annoncer la Parole, presque une petite armée, du moins pour l’époque, qui aurait dû conquérir pacifiquement les peuples au Règne de Dieu.
Mais il semble que Jésus veuille souligner, au moment où Il commence son œuvre d’évangélisation, que ce déploiement d’hommes était plutôt réduit pour pouvoir atteindre tous les peuples. Il l’affirme par ces paroles : « la moisson est abondante, mais il y a peu d’ouvriers ».
En effet la moisson ce sont tous les hommes, toute l’humanité, et Dieu veut que son don soit sans réserve, qu’il soit destiné à tous et que tous aient la possibilité
du salut, et, parvenant ainsi à la connaissance de la vérité, d’accueillir la miséricorde et l’amour de Dieu.
Pour atteindre ce but, Jésus se sert des hommes, il appelle des collaborateurs, il envoie les annonciateurs du message, les ministres de sa Parole qui donne le salut.
Dans sa sagesse et sa puissance infinie, le Seigneur aurait pu utiliser d’autres moyens, mais il a préféré offrir le don du salut à chaque homme en engageant l’homme lui-même dans ce mouvement de diffusion et d’expansion de l’Evangile.
Le problème de l’évangélisation et de la nouvelle réévangélisation est absolument prioritaire pour l’Eglise. Le temps passe et il est de plus en plus urgent et actuel parce que les valeurs chrétiennes se sont affaiblies et dans certains cas elles se sont éteintes dans la conscience des hommes. Le sentiment religieux naturel et spontané, cultivé et devenu adulte dans le contexte de la foi chrétienne, est en train de se perdre et tend à s’évaporer dans le contexte d’une atmosphère générale répandue par les médias.
Il faudrait recommencer à annoncer l’Evangile et le redécouvrir pour lancer une évangélisation dans laquelle tous les chrétiens doivent se sentir impliqués, non seulement ceux qui partent pour des pays lointaines, mais également ceux qui, tout en restant dans leurs villes, devraient sentir l’urgence d’une profession cohérente de leur identité et celle de donner la raison de leur foi.
Il est donc important que l’annonce du Règne soit crédible et que le témoignage soit convainquant parce qu’il ne se bornera pas à des mots, mais parce qu’il sera soutenu par des actions. Et pour être crédible il faut être croyant !
C’est ici un engagement qui requiert du courage parce que nous devons être libres, libres afin d’affronter les difficultés que comporte aller à contre-courant. Il faut le courage de ceux qui comptent sur Jésus comme ces premiers envoyés qui, malgré leur inexpérience et leur manque de préparation ont cru et sont partis.
C’était Lui leur pensée dominante tandis qu’ils allaient en murmurant son nom dans leurs cœurs, à chaque rencontre. Et leur surprise fut grande quand, au lieu de la férocité des loups, ils firent l’expérience de la soumission des démons.
La puissance du Christ faisait des miracles à travers ceux qui s’en croyaient incapables. Ainsi, le disciple du Seigneur peut annoncer l’Evangile à condition de posséder une foi solide en Celui qui l’a envoyé. Seule une foi authentique conduit l’œuvre des missions à la victoire.
C’est ce qu’affirme Saint Paul dans la seconde lecture en remettant dans la croix du Christ toute sa confiance. Le monde a été vaincu par la Croix du Christ et la mort et la résurrection de Jésus prouvent que la logique que suit le monde et sur laquelle il fonde son espoir de succès est désormais dépassée. Ce qui compte c’est d’être rejoint et renouvelé par le Christ pour devenir une créature nouvelle.
En effet, ce n’est qu’en nous liant étroitement au Christ que nous trouverons la paix de Dieu et sa miséricorde.
Dans la première lecture, Isaïe se fait promoteur de cette annonce joyeuse en décrivant la liesse qui inondera la nouvelle Jérusalem lorsque Dieu, comme une tendre mère, prendra soin de ses habitants après les dures expériences de l’exil. Dans le passage d’Isaïe, il est évident que la paix, aspiration suprême de l’humanité, est un don de Dieu avant d’être une conquête difficile de l’homme. On ne peut y arriver de façon stable si Dieu même n’en constitue pas le fondement. Celui qui annonce l’Evangile est certainement un messager de cette paix.
Citations :
Is 66,10-14c : www.clerus.org/bibliaclerusonline/fr/9apphccb.htm
Gal 6,14-18 : www.clerus.org/bibliaclerusonline/fr/9a0iyqf.htm
Lc 10,1-12.17-20 : www.clerus.org/bibliaclerusonline/fr/9abttmj.htm