Celle qui fait profession d’être une catholique « dévote », l’ancienne présidente du Parlement, Nancy Pelosi, a subi un interrogatoire assez serré de la presse la semaine dernière au sujet des avortements tardifs (c’est-à-dire à plus de 20, 22 semaines de grossesse) – que, deux jours plus tôt, le Parlement à majorité républicaine avait décidé d’interdire. Elle a refusé de répondre, ce qui est une bonne tactique de sa part. En effet il n’y a pas de réponse plausible à la question de savoir pourquoi des enfants viables pourraient être tués légalement dans le sein de leur mère.
On l’avait mise dans l’embarras en lui demandant pourquoi ce qui est fait légalement, dans le respect de la loi courante, est moralement différent de ce qui était fait illégalement par le docteur Kemit Gosnell, le boucher avorteur de Philadelphie. Toute la rhétorique du monde sur le droit pour la femme à disposer de son corps, sur la privauté qui existe entre la femme et son médecin, sur la « guerre contre les femmes », sur la déclaration absurde que Pelosi répète souvent, comme quoi sa foi catholique lui enseigne que les femmes ont reçu de Dieu le don de l’intelligence et de la volonté qui leur permet de faire leurs propres choix, etc… n’enlève rien aux faits scientifiques évidents.
Au 17° siècle, il est bien connu que Galilée, à la suite d’un procès complexe entaché de fautes dans les deux camps, a été obligé de réviser ses positions, mais on dit qu’il a murmuré eppur si muove (« et pourtant elle tourne »). Nancy Pelosi et tous ceux qui comme elles, ont parlé d’un ton moralisateur de réinstaurer une politique où le public serait informé des progrès de la science, ont atteint leur propre moment galiléen. Les politiciens du parti peuvent bien déclarer que l’on prétend que la science n’est pas indiscutable, mais nous attendons maintenant qu’une personne en vue, affiliée au parti D., murmure : « et pourtant il vit ».
En fait, six membres virtuellement inconnus du parti démocrate au parlement, ont voté avec la grande majorité des républicains la semaine dernière pour interdire les avortements tardifs. Mais ceci n’est pas ou en tous cas ne devrait pas faire partie des sujets traités par la politique de partis.
C’est comme ça, et pas autrement. Nier le fait qu’un enfant « in utero », à cinq mois de grossesse ou plus est un être humain, est aussi obtus que de nier que la terre tourne autour du soleil. Si on pique une colère, comme l’a fait Pelosi, à l’idée qu’on privait des familles pauvres avec enfants de leurs tickets d’alimentation, pourquoi ne pas manifester un peu d’indignation à l’idée de priver des enfants de leurs propres vies !
C’est bien ce que Flannery O’Connor, cette fille si maligne, exprime dans le titre d’une de ses histoires : « On ne peut pas être plus pauvre que mort ».
La semaine dernière, avant qu’advienne tout ce fiasco, j’ai pris la parole lors d’une conférence à Rome et participé à une procession aux flambeaux dédiée à « Evangelium Vitae », l’encyclique de Jean Paul II de 1995 sur la vie évangélique – le texte fameux dans lequel il a traité les nouvelles atteintes à la vie humaine dans le domaine biomédical, de « culture de mort ». Le Conseil Pontifical pour la nouvelle Evangélisation avait sponsorisé l’évènement et les autres intervenants étaient le Cardinal Burke et le représentant de la télévision chrétienne Francis Beckwith, de l’université de Baylor.
Contrairement à Pelosi-langue-de-bois qui invoque le 5° amendement pour éluder la question, nous avons exposé des arguments rationnels et consistants en faveur de la culture de vie. Arguments que nous sommes tous prêts à défendre publiquement car ils sont respectueux des découvertes de la science, mais aussi engagés à protéger le meilleur de notre tradition occidentale de respect de la personne humaine – Toute personne humaine, pas seulement celles qui ont la chance d’être favorisées par telle ou telle coalition politique.
En ce qui me concerne, je me suis concentré sur la nouvelle évangélisation qui a maintenant besoin de se produire même auprès de soi-disant catholiques comme Nancy Pelosi. C’est curieux, mais elle et une flopée de catholiques, dans la mesure où ils y réfléchissent – ce qui, admettons-le n’est ni souvent, ni profondément – pensent vraiment qu’ils sont la culture de vie, bien plus que les catholiques et d’autres, qui professent ouvertement leur profond respect pour la vie depuis la conception jusqu’à la mort naturelle.
Pour dire les choses grossièrement, ce qu’ils favorisent en fait, c’est le maintien d’un style de vie bourgeois immuable pour la classe aisée, et l’élimination de fardeaux gênants comme des enfants chez les pauvres. Ils se sont convaincus qu’ils avaient raison par des raisonnements variés, mais viendra le jour où la science ne le permettra plus.
Il faut bien réaliser qu’il ne s’agit pas non plus de relativisme moral. Leur point de vue est incohérent et absurde par rapport aux faits. Mais le relativisme, appliqué aux vieux principes de la morale n’est que la première phase d’un effort à deux niveaux, qui n’a pas pour seul but de nier l’existence des vérités morales, mais veut en outre imposer une éthique sexuelle nouvelle pour laquelle il n’y a pas à débattre. C’est du dogmatisme déguisé en pluralisme et liberté. C’est pour cela que Pelosi à la stupéfaction de beaucoup, a déclaré « domaine sacré » le droit des femmes à disposer de leur corps.
Après ma conférence, un vieux Croate est venu vers le petit groupe de personnes qui continuaient à parler avec moi et a commencé à nous expliquer que c’était tout à fait possible non seulement d’expliquer aux gens ce qu’il en était de la vie dans le sein maternel, mais encore de les convaincre de vivre de ces vérités. Sa femme et lui avaient été engagés dans un cours d’éducation en faveur de la vie pendant des années et affirment qu’après la chute du communisme dans l’ancienne Yougoslavie, les catholiques et d’autres ont aidé à réduire le nombre des avortements de 45.000 à 3.500 par an, moins d’un dixième de ce qu’il en avait été à l’époque.
Et puis il a sorti une pièce de monnaie et nous avons tous sursauté d’étonnement.
C’était une pièce normale de 25 kuna frappée en l’an 2000 spécialement pour le nouveau millénaire, mais que l’on peut utiliser comme n’importe quelle autre pièce pour payer quelque chose. Et comme on peut le voir sur le bord de la pièce, elle a pour but d’affirmer que non seulement l’enfant, mais toute l’humanité rayonne du sein maternel, qui est son origine.
Imagine-t-on qu’une chose pareille soit encore possible dans le monde moderne. Comme c’est triste que San Francisco la soi-disant sophistiquée, et Washington ivre de pouvoir aient perdu de vue les fondamentaux du respect de la vie humaine. Et que des pays en voie de développement comme la Croatie doivent préserver ces profondes valeurs humaines et les rappeler au reste du monde. Parce que, on aura beau dire : « Et pourtant, il est vivant ! »
http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/a-galileo-moment-for-nancy-pelosi.html
http://www.youtube.com/watch?v=wzZwFnZt30U&feature=player_embedded#t=0s
Pour aller plus loin :
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- LA « MODERNITÉ » : UN CENTENAIRE OUBLIÉ
- Sur le général de Castelnau et le Nord Aveyron.
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918